Roland Magdane: « Je ne triche pas, je ne racole pas »
Il ouvrira ce mercredi l’édition 2016 des Sérénissimes de l’humour, à Monaco. Avec ses plus grands sketches, où il s’amuse à débusquer de l’absurde dans la banalité de notre quotidien
Saint-Paul de Vence, le retour. Roland Magdane y réside en permanence depuis 2013. Ce qu’il avait déjà fait, quinze ans auparavant, en s’installant tout près de la place du village. Trop près. La promiscuité et les curieux l’avaient alors éloigné de la Côte. Après une longue escale du côté d’Ajaccio, il s’est donc choisi une nouvelle maison, perdue dans la campagne saintpauloise. Avec tout ce qu’il lui faut de verdure et de tranquillité. C’est là qu’il a composé le one-man-show dont les Sérénissimes de l’humour font leur soirée d’ouverture, ce mercredi 23 mars. Le meilleur de Magdane.
Paré pour les Sérénissimes? Le spectacle que je présente est certainement le plus beau de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Et ce n’est pas de l’autosatisfaction. Plutôt qu’un best-of, j’ai choisi de réunir mes plus grands sketches. Je veux dire, ceux d’entre eux qui n’ont pas vieilli. Certains ont trente-cinq ans, tels que L’Épicier ou Les Organes. D’autres en ont vingt, comme Le Dentiste. D’autres encore n’en ont que dix, je pense à La Cure de thalasso. L’idée de départ, c’était d’écarter ce qu’il ne m’amuse plus de jouer. Heureusement, d’ailleurs. Car il m’en reste deux heures! Eh bien, à l’arrivée, j’ai l’impression que ce spectacle a été écrit hier.
Un sketch qui vieillit, c’est quoi? Je ne l’aurais jamais cru, mais c’est, par exemple, Le Chariot dans la grande surface. Ce sketch reste drôle, mais j’en ai fait le tour. Parce qu’il n’y a rien qui tire vers l’absurde. Ce qui me plaît, moi, c’est de partir d’une situation de la vie quotidienne et de tirer le fil de la pelote. Au bout du compte, dans un délire total, je peux aller jusqu’à parler aux carottes. Et je peux vous dire que, même vingt ans après, et même si les gens connaissent l’histoire par coeur, ils se pissent toujours dessus!
Les textes sont retravaillés? En permanence. Dans le sketch où l’épicier a tellement tout en stock que ça finit par être énervant, j’ajoute constamment de nouveaux éléments. Le Perrier, par exemple. Avant, c’était bouteille en verre ou bouteille en plastique. Aujourd’hui, il y a Perrier rouge, bleu ou vert en fonction du goût ou de la grosseur des bulles. A un moment donné, je me demande si ce n’est pas too much. A-t-on vraiment besoin de tout ça? Les jeunes vous suivent. Une explication? D’abord, je ne triche pas. Je n’essaie pas de racoler ni les jeunes, ni les vieux. Je parle de la vie de tous les jours et de la bêtise humaine. Quand je parle d’un ado qui est mou comme une chique, les parents se marrent car ils en ont tous eu un à la maison. Les mômes aussi, parce qu’ils se reconnaissent ou parce qu’ils voient un de leurs potes. Un vrai bon sketch est un sketch intergénérationnel. Un sketch qui traverse le temps.
Ça vous épate, qu’on vous aime? Je préfère ça, plutôt que l’inverse! La chose la plus terrible serait que l’on ne se souvienne pas de moi. Or, c’est plein et ce spectacle est parti pour un an et demi. Et j’en ai déjà deux autres dans la tête. Quand je vois que la salle est bondée et que l’on me demande de faire une deuxième représentation dans la journée, je me dis: merci, Seigneur! Franchement, je ne boude pas mon plaisir. Je suis même à Monaco, vous vous rendez compte? Et puis, dans quel autre métier dit-on, en allant travailler, que l’on va jouer?
« Dans mes sketches, je parle de la vie de tous les jours et de la bêtise humaine. »