Monaco-Matin

Roland Magdane: « Je ne triche pas, je ne racole pas »

Il ouvrira ce mercredi l’édition 2016 des Sérénissim­es de l’humour, à Monaco. Avec ses plus grands sketches, où il s’amuse à débusquer de l’absurde dans la banalité de notre quotidien

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Saint-Paul de Vence, le retour. Roland Magdane y réside en permanence depuis 2013. Ce qu’il avait déjà fait, quinze ans auparavant, en s’installant tout près de la place du village. Trop près. La promiscuit­é et les curieux l’avaient alors éloigné de la Côte. Après une longue escale du côté d’Ajaccio, il s’est donc choisi une nouvelle maison, perdue dans la campagne saintpaulo­ise. Avec tout ce qu’il lui faut de verdure et de tranquilli­té. C’est là qu’il a composé le one-man-show dont les Sérénissim­es de l’humour font leur soirée d’ouverture, ce mercredi 23 mars. Le meilleur de Magdane.

Paré pour les Sérénissim­es? Le spectacle que je présente est certaineme­nt le plus beau de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Et ce n’est pas de l’autosatisf­action. Plutôt qu’un best-of, j’ai choisi de réunir mes plus grands sketches. Je veux dire, ceux d’entre eux qui n’ont pas vieilli. Certains ont trente-cinq ans, tels que L’Épicier ou Les Organes. D’autres en ont vingt, comme Le Dentiste. D’autres encore n’en ont que dix, je pense à La Cure de thalasso. L’idée de départ, c’était d’écarter ce qu’il ne m’amuse plus de jouer. Heureuseme­nt, d’ailleurs. Car il m’en reste deux heures! Eh bien, à l’arrivée, j’ai l’impression que ce spectacle a été écrit hier.

Un sketch qui vieillit, c’est quoi? Je ne l’aurais jamais cru, mais c’est, par exemple, Le Chariot dans la grande surface. Ce sketch reste drôle, mais j’en ai fait le tour. Parce qu’il n’y a rien qui tire vers l’absurde. Ce qui me plaît, moi, c’est de partir d’une situation de la vie quotidienn­e et de tirer le fil de la pelote. Au bout du compte, dans un délire total, je peux aller jusqu’à parler aux carottes. Et je peux vous dire que, même vingt ans après, et même si les gens connaissen­t l’histoire par coeur, ils se pissent toujours dessus!

Les textes sont retravaill­és? En permanence. Dans le sketch où l’épicier a tellement tout en stock que ça finit par être énervant, j’ajoute constammen­t de nouveaux éléments. Le Perrier, par exemple. Avant, c’était bouteille en verre ou bouteille en plastique. Aujourd’hui, il y a Perrier rouge, bleu ou vert en fonction du goût ou de la grosseur des bulles. A un moment donné, je me demande si ce n’est pas too much. A-t-on vraiment besoin de tout ça? Les jeunes vous suivent. Une explicatio­n? D’abord, je ne triche pas. Je n’essaie pas de racoler ni les jeunes, ni les vieux. Je parle de la vie de tous les jours et de la bêtise humaine. Quand je parle d’un ado qui est mou comme une chique, les parents se marrent car ils en ont tous eu un à la maison. Les mômes aussi, parce qu’ils se reconnaiss­ent ou parce qu’ils voient un de leurs potes. Un vrai bon sketch est un sketch intergénér­ationnel. Un sketch qui traverse le temps.

Ça vous épate, qu’on vous aime? Je préfère ça, plutôt que l’inverse! La chose la plus terrible serait que l’on ne se souvienne pas de moi. Or, c’est plein et ce spectacle est parti pour un an et demi. Et j’en ai déjà deux autres dans la tête. Quand je vois que la salle est bondée et que l’on me demande de faire une deuxième représenta­tion dans la journée, je me dis: merci, Seigneur! Franchemen­t, je ne boude pas mon plaisir. Je suis même à Monaco, vous vous rendez compte? Et puis, dans quel autre métier dit-on, en allant travailler, que l’on va jouer?

« Dans mes sketches, je parle de la vie de tous les jours et de la bêtise humaine. »

 ?? (Photo Laurent Carré) ?? « J’ai choisi les sketches qui n’ont pas vieilli et que j’ai encore plaisir à jouer. Où les gens, même vingt ans après, et même s’ils connaissen­t l’histoire par coeur, se pissent toujours dessus. »
(Photo Laurent Carré) « J’ai choisi les sketches qui n’ont pas vieilli et que j’ai encore plaisir à jouer. Où les gens, même vingt ans après, et même s’ils connaissen­t l’histoire par coeur, se pissent toujours dessus. »

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