Fort princier
La Principauté a racheté à l’opérateur Orange le fort Masséna, situé à La Turbie, pour millions d’euros. Pour en faire quoi ? La réflexion est en cours.
C’était une petite phrase d’information à l’issue d’un conseil municipal de prérentrée… «Le fort de la Tête de Chien a été vendu le 20 juillet à la Société immobilière domaniale », a annoncé Jean-Jacques Raffaele vendredi dernier. Le maire de La Turbie a ainsi annoncé officiellement que le domaine de quelque trois hectares, où travaillent encore des salariés d’Orange, a été cédé à la Principauté. Coût de la transaction : 13 millions d’euros. C’est donc la fin d’une histoire de plus de quarante ans. Près d’un demi-siècle au cours duquel l’opérateur français a réalisé des recherches scientifiques sur les antennes de transmission. Que va maintenant devenir l’édifice construit en 1870, cédé par l’armée française après la Seconde Guerre mondiale aux PTT devenus France Télécom puis Orange ?
« Emplacement stratégique »
André-François Pellegrin, comme le maire du reste, voit d’un bon oeil le rachat du fort par la Principauté. En novembre 2015, le conseiller municipal de l’opposition et président de l’association « La Turbie, Mon Village » écrivait ceci au prince Albert II : « L’emplacement particulièrement stratégique de ce site, les différentes activités économiques qui pourraient y être développées, l’importance pour la commune de La Turbie de la préservation de cet environnement, les investissements déjà consentis par la Principauté depuis des années pour la sauvegarde et la valorisation de ce lieu, les incertitudes concernant les motivations d’un repreneur, sont autant de raisons qui nous ont conduits à vous proposer une réflexion sur le devenir du fort Masséna. » Les élus de l’opposition lancent quelques idées. « J’aimerais que Monaco protège le patrimoine et préserve l’environnement du lieu, insiste Jean-Philippe Gispalou. Le fort pourrait être exploité en musée, salle de conférence ou centre d’art… » André-François Pellegrin, quant à lui, y verrait volontiers « un centre de recherches dans des domaines porteurs d’avenir : le développement durable, les télécommunications, les énergies nouvelles ou la permaculture, entre autres… » Mais l’élu ne veut « rien d’immobilier ou de touristique ; et rien de public ». Aujourd’hui, ce ne sont pas uniquement les associations et les élus locaux qui échafaudent des projets. « Des artistes de l’école de Nice nous ont sollicités », lance Jean-Philippe Gispalou.
« Des réflexions sont en cours »
Si les idées ne manquent pas dans ce cadre enchanteur, que peut-on y faire réellement ? « Aujourd’hui, rien », rappelle le maire. Mais Jean-Jacques Raffaele ne cache pas que des perspectives favorisant «l’intérêt général » pourraient l’encourager à demander une modification du PLU (Plan local d’urbanisme). Il a « rendez-vous en septembre avec Monaco » pour commencer à envisager l’avenir du fort Masséna… De son côté, l’État monégasque explique s’être porté acquéreur du site « en raison de son emplacement s’inscrivant dans l’environnement immédiat de la Principauté dont la préservation est importante. Des réflexions sont en cours sur son utilisation future et seront étudiées en concertation avec la mairie de La Turbie ».