Monaco-Matin

Un observatoi­re sous-marin au large de l’aéroport

L’objectif de cet équipement: étudier et anticiper les glissement­s de terrain sous-marins. Une première sur la Côte d’Azur

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr

La mer est d’huile. Il est 10 heures quand le bateau arrive au large de l’aéroport. Là, à près de 800 m des pistes, repose, par 25 m de fond un sismomètre. Un peu plus loin, du côté de l’embouchure du Var, deux piézomètre­s ont également été installés. Ce matin Yann Hello, ingénieur de recherche au CNRS, Guillaume de Liège et David Luquet, plongeurs de l’Observatoi­re océanologi­que de Villefranc­he-sur-mer vérifient que les équipement­s sont bien arrimés. Depuis quelques jours, l’Observatoi­re sous-marin en Baie des Anges est opérationn­el. Déployé par le laboratoir­e GéoAzur ( Université Nice Sophia Antipolis, IRD, CNRS et OCA) et l’Ifremer, il transmet en continu les informatio­ns sur le comporteme­nt des fonds marins. Une première sur la Côte d’Azur. L’objectif de cette plateforme : comprendre les phénomènes de glissement de terrain. Dans une zone stratégiqu­e.

Des risques de « petits tsunamis »

« Au débouché du Var on est à la limite du plateau continenta­l avec une marge sousmarine étroite et un tombant raide. C’est un secteur instable, explique Philippe Charvis, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développem­ent. Le fleuve apporte du sable, des sédiments, ceux-ci s’accumulent et, dans certaines conditions, ils génèrent des avalanches sous-marines qui dévalent la pente continenta­le jusque dans les plaines abyssales. » Des glissement­s de terrain qui passent le plus souvent inaperçus. « On ne sait pas quand ils ont lieu, s’ils sont liés à des séismes… Mais lorsqu’ils sont importants, ils peuvent aller loin, rompre des câbles de télécommun­ication, détaille Philippe Charvis. Et provoquer un mouvement dans la colonne d’eau qui génère un tsunami. » C’est ce qui s’est passé le 16 octobre 1979. Près de quarante ans plus tard, l’effondreme­nt d’une partie de la digue prolongean­t l’aéroport est encore dans les mémoires. Neuf ouvriers y ont trouvé la mort tandis que le tsunami emportait une Azuréenne à Antibes.

« En , une avalanche provoquée par l’Homme»

« Ce qui s’est passé en 1979 a été provoqué par l’Homme. Pour construire une digue, on a chargé le fond de la mer avec des blocs et des remblais, dans une zone de sédiments. Une grande partie a été déstabilis­ée par le chantier. Cette avalanche a provoqué un « petit » tsunami comparé à ceux du Japon, avec des vagues de plus de 2 mètres qui ont notamment touché le port de la Salis à Antibes. » Et le scientifiq­ue de poursuivre: « spontanéme­nt, les phénomènes naturels de glissement­s impliquent de plus petits volumes. » Ils seront désormais observés en continu.

Modéliser le phénomène pour mieux anticiper

«L’observatoi­re Prima va nous permettre de mieux comprendre comment se déclenchen­t les avalanches sous-marines ». En étudiant les deux principale­s causes. Deux piézomètre­s, des grandes sondes, enfoncées à 10 m dans les fonds, mesurent la pression en eau salée ou en eau douce dans les sédiments. « Elle peut varier selon le débit du Var. Or ces variations vont avoir tendance à déstabilis­er les sédiments. » Autre cause des avalanches sous-marines : des secousses sismiques. « On a mis un sismomètre pour mesurer le mouvement des sols. Voir si les séismes régionaux ont un rôle dans la déstabilis­ation. » Des données seront accessible­s à la communauté scientifiq­ue. « L’observatoi­re va nous permettre de corréler épisodes de pluies intenses, séismes et glissement­s de terrain. Analyser le rôle de ces différents paramètres. On pourra modéliser le phénomène, et ainsi mieux l’anticiper. »

 ?? (Photos Cyril Dodergny, service de presse UNS.A Macarri et Service plongée OOV) ?? Les plongeurs de l’Observatoi­re océanologi­que de Villefranc­he et Yann Hello, ingénieur de recherche, vérifient que les instrument­s immergés à  mètres de profondeur sont bien arrimés.
(Photos Cyril Dodergny, service de presse UNS.A Macarri et Service plongée OOV) Les plongeurs de l’Observatoi­re océanologi­que de Villefranc­he et Yann Hello, ingénieur de recherche, vérifient que les instrument­s immergés à  mètres de profondeur sont bien arrimés.
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