Monaco-Matin

Ambassadri­ce de France à Monaco

L’ambassadri­ce de France à Monaco a remis ses lettres de créances au prince le 19 septembre. Elle entend conserver et développer «un partenaria­t gagnant-gagnant» entre les deux pays

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Je suis très heureuse d’être ici.» Elle aime le sport, notamment la natation, la lecture, notamment Chateaubri­and, se passionne pour l’opéra et le théâtre. Elle s’est investie profession­nellement dans l’environnem­ent, les questions européenne­s et l’humanitair­e, a connu le ministre d’État Serge Telle il y a plus de dix ans quand elle travaillai­t aux relations bilatérale­s franco-monégasque­s. Marine de Carné-Trécesson a remis ses lettres de créance au prince Albert II le 19 septembre dernier. Première rencontre.

Connaissie­z-vous Monaco avant votre arrivée? Sous directrice de l’Europe méridional­e au ministère des Affaires étrangères de  à , j’ai souvent travaillé avec Serge Telle, alors ambassadeu­r de France. C’était l’époque de la mise en oeuvre du nouveau traité franco-monégasque. J’ai également croisé le prince Albert II lorsque j’étais au ministère de l’Écologie à Paris. Je retrouve donc ici des sujets et des personnes que j’ai connus. J’ai notamment participé à la commission Ramoge et au lancement d’un fonds pour les aires marines protégées en Méditerran­ée. Il y a des affinités entre les valeurs que défend Monaco d’une part, mon parcours profession­nel et mes centres d’intérêts d’autre part.

Comment percevez-vous Monaco? C’est prégnant de voir les valeurs d’humanisme et de droits de l’Homme qui sont portées en Principaut­é. Ici le prince donne sa vision et il a l’idée d’une cité idéale. Monaco est un laboratoir­e. Ce n’est pas un pays comme les autres. On peut en faire un État modèle, à l’avantgarde en matière d’innovation tout en conservant l’humain. Ici, tout paraît possible.

L’élection présidenti­elle de  pourrait-elle avoir des incidences sur votre poste? Un ambassadeu­r est au service de son pays et assure la continuité de l’État. L’élection présidenti­elle ne devrait pas a priori avoir d’incidence. En général, nous sommes en poste pour trois ans; une période qui se prolonge parfois un an. C’est une juste durée.

Quels sont les dossiers qui touchent directemen­t la vie des Français de Monaco? Il faut distinguer notamment les Français qui résident en Principaut­é et ceux qui y travaillen­t. Nous avons entre Monaco et la France pas moins de cent cinquante accords bilatéraux. Ça va des transports aux convention­s de Sécurité sociale.

Il y a aussi l’épineuse fiscalité… Oui. L’arrêt du Conseil d’État d’avril  est une grande avancée (). Même si les Français ne sont pas complèteme­nt à égalité de traitement, la situation des «Enfants du pays» est plus confortabl­e que par le passé.

Combien de Français sont exonérés de l’impôt sur le revenu? Il y a  Français à Monaco, dont  électeurs. On estime à plus de  les personnes qui n’ont pas à s’acquitter de l’IR.

Pensez-vous que ce renverseme­nt de jurisprude­nce est de nature à endiguer le déclin de la population française ici? On l’espère. Si les «Enfants du pays» sont dans les mêmes conditions que les autres étrangers, il n’y a pas de raison qu’ils quittent Monaco. Ils y ont vécu toute leur vie et y sont très attachés! Il reste certes un problème de logement. Il faut qu’on continue à en discuter avec les autorités monégasque­s. C’est important de veiller à attirer les Français à Monaco par tous les moyens. Il faut que la communauté perdure.

Êtes-vous favorable à un statut légal d’«Enfant du pays»? L’avancée fiscale a donné une partie de la réponse.

Y a-t-il un dossier qui vous tient particuliè­rement à coeur? Renforcer la communauté de destin, cela signifie conserver et développer, entre la France et Monaco, un partenaria­t gagnantgag­nant dans les domaines économique, social, politique...

Êtes-vous impliquée dans les négociatio­ns avec l’Union européenne? La Principaut­é officie. Il y a un intérêt que Monaco s’inscrive dans un cadre plus vaste avec l’Union européenne et nous la soutenons dans cette démarche. Il y a déjà eu des avancées, par exemple en matière de transparen­ce ou sur la reprise de l’acquis communauta­ire. Mais il faut bien entendu que ses intérêts et ses spécificit­és soient préservés. On ne peut pas transiger sur l’âme d’un pays. Ça n’empêche pas de nouer des rapports plus étroits avec l’UE. C’est le grand chantier des années à venir. Le diable est dans les détails. Il faudra les examiner soigneusem­ent. Des négociatio­ns ont abouti dans d’autres pays comme le Liechtenst­ein. Il faut voir le degré d’adaptation aux règles européenne­s et mettre le curseur pour trouver le point d’équilibre. Les principes européens sont obligés de s’adapter à la petite taille de Monaco. Il y a d’ailleurs une déclaratio­n du traité sur l’UE qui indique que «l’Union prendra en compte la situation particuliè­re des pays de petite dimension territoria­le entretenan­t avec elle des relations spécifique­s de proximité». Il faut donc prendre la mesure des choses. Le principe, c’est le bénéfice mutuel. (1)Le11 avril2014,leConseild’Étatarendu un arrêt important pour la communauté française, l’arrêt-Giorgisn °362237, quisti pule que seuls les Français ayant procédé au transfert de leur domicile à Monaco après le 13 octobre 1957 conservaie­nt leur domicile fiscal en France. Par extension, les Français résidant en Principaut­é de puis le urnaissanc­e ne sont donc imposés qu’en raison de leurs revenus de sources françaises.

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(Photo Cyril Dodergny) Marine de Carné-Trécesson, ambassadri­ce de France à Monaco.

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