Monaco-Matin

L’homme qui monte

Arrivé cet été en provenance de Lille, le latéral droit Djibril Sidibé a gagné la confiance de son coach Leonardo Jardim et du sélectionn­eur Didier Deschamps. Monaco en profite...

- FABIEN PIGALLE

Vendredi à Toulouse, Djibril Sidibé a débuté sur le banc. Le score était de 1-1 et l’AS Monaco n’avait pas encore totalement sombré. A vingt minutes de la fin du match, l’internatio­nal français a remplacé Raggi sans grande réussite. Le latéral droit de 23 ans a ensuite été de tous les mauvais coups. Vraiment pas son soir. 3-1 score final. Demain contre le CSKA Moscou en Ligue des champions, il débutera dans son couloir et voudra se racheter. « Il faudrait vérifier, mais Djibril n’a pas pour habitude d’entrer en cours de match. C’est quelque chose de très particulie­r de rentrer dans une rencontre. Je l’ai toujours connu titulaire », plaide l’entraîneur de Brest, Jean-Marc Furlan, qui l’a fait débuter en pro à Troyes. A Lille la saison passée, Sidibé avait été titularisé à 36 reprises en 37 matches disputés. Preuve de la confiance qui lui était attribuée, et de la qualité athlétique du bonhomme (1,82m). L’ex-coach troyen a contribué à l’éveil de ce talent pur. « A l’époque je jouais défenseur central et il m’a décalé au poste de latéral droit par rapport à mes capacités physiques, racontait le numéro 19 de l’ASM dans une interview accordée au journal Le Parisien. Avec sa culture du foot très enrichissa­nte, il m’a beaucoup appris », insistait-il. Furlan se souvient : « Quand je reviens à Troyes en 2010, le directeur sportif de l’Estac, Frédéric Adam, me parle d’un joueur de 1617 ans, très fort, le meilleur : Djibril Sidibé ». Mais le natif de Troyes, qui grandit dans le quartier JulesGuesd­e, loin des dorures, ne faisait pas encore partie du groupe pro. Furlan décide alors d’intégrer au groupe senior ce jeune prometteur, pieux et travailleu­r, qui a pour lui une solide éducation. « Mes parents nous mettaient la pression, ils avaient pour objectif de faire de nous des enfants bien éduqués avec un bon bagage scolaire », déclarait-il dans Le Parisien. « Dès les premiers tests, j’ai décidé de le décaler sur le côté droit alors qu’il évoluait en défense centrale, reprend Furlan. Il avait une capacité à courir et répéter les efforts. C’était dommage de ne pas utiliser ces qualités. Et puis des défenseurs centraux, il y en a à foison. Je lui ai dit : “Ecoute, tu aimes galoper, je vais te faire jouer dans le couloir”. C’était une révélation pour lui, il touchait beaucoup plus de ballons et pouvait se porter vers l’avant. Djibril a tout de suite adhéré. Un jeune qui arrive avec les pros est prêt à jouer à n’importe quel poste », rappelle en rigolant Furlan. C’était il y a six ans déjà. Début d’une belle histoire. Depuis son arrivée à Monaco en provenance de Lille pour un peu moins de 15 millions d’euros, Sidibé a déjà fait l’unanimité. Un coup de fusil sur coup franc contre le Losc, de folles envolées dans les couloirs (gauche et droit) et un nouveau statut internatio­nal... Bref, en l’espace de quelques mois, Sidibé n’a pas seulement changé de région, il a littéralem­ent changé de dimension. A Lille, pour le bien de l’équipe, il s’était exilé sur le côté gauche. Là où il est toujours très compliqué d’évoluer pour un défenseur droitier... D’où les questions autour de sa convocatio­n dans le groupe élargi de l’Equipe de France avant l’Euro 2016. Au final, Sidibé fera partie des réserviste­s de Deschamps, avant de fêter sa première titularisa­tion contre l’Italie début septembre. « Je lui avais envoyé un SMS pour le féliciter, se souvient Furlan. C’était quand même extraordin­aire. Il était devenu internatio­nal en n’évoluant pas à son poste de prédilecti­on durant toute une saison ! C’est très fort ! ». Au passage, l’ancien coach de l’Estac insiste sur le fait qu’il doit trouver un club qui lui permettrai­t de se fixer à droite. Un conseil que Sidibé avait déjà bien intégré. Courtisé par plusieurs clubs anglais et notamment Arsenal cet été, il a eu l’intelligen­ce de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre en choisissan­t Monaco. « Une très bonne chose », assure Furlan. Un palier intermédia­ire qui lui assure du temps de jeu en championna­t et en Ligue des champions. Ce qui ne l’empêche pas de faire des piges côté gauche quand il le faut. « Je l’ai félicité pour ses prestation­s, soulignait Benjamin Mendy, l’habituel titulaire à ce poste. Ce n’est jamais simple de défendre sur son mauvais pied, les repères changent, le placement, les sensations ne sont pas les mêmes. » Au final, rien ne semble ralentir sa progressio­n. « Djibril, c’est une Ferrari. Il a une capacité à enchaîner les matches assez impression­nante », renchérit Furlan.Et ça tombe bien, Monaco rejouera dès vendredi, contre Montpellie­r.

Djibril, c’est une Ferrari ”

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(Photo C. D.) Après avoir arraché un match nul à domicile contre Leverkusen (-), Sidibé et Monaco espèrent l’emporter à Moscou.

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