Monaco-Matin

Se laisser porter

Et si le portage salarial était la solution pour ceux qui souhaitent agir en entreprene­ur tout en bénéfician­t du statut et de la sécurité du salarié ?

- CLAUDINE FRANCINI/ SOPRESS

Sophie Vigier est déléguée régionale d’ITG, le leader français du portage salarial. Son champ d’action et d’observatio­n couvre le Var et les Bouches-du-Rhône. Elle explique : « Même si le statut existe depuis vingt ans, la réforme de 20131 a permis de le définir plus clairement et d’harmoniser les pratiques entre les sociétés de portage. Son principe est désormais mieux connu, l’APEC2 et Pôle emploi relaient l’informatio­n. L’explosion du chômage chez les cadres, la difficulté à trouver un emploi bien rémunéré au-delà de 50 ans les incitent à créer leur activité. Or, le portage permet d’être indépendan­t sans devoir être une entreprise. Il permet aussi de saisir des opportunit­és de missions et de tester de nouvelles voies profession­nelles ». Le mécanisme repose sur le principe suivant : l’indépendan­t facture ses honoraires grâce au numéro de Siret de la société de portage à laquelle il est lié en tant que salarié par un contrat de travail. Il reverse ensuite son chiffre d’affaires à ladite société, laquelle calcule et retranche ses cotisation­s sociales pour lui établir un bulletin de salaire classique.

La société de portage est commission­née

« La commission de la société de portage varie entre 6 % et 12 %, toutefois le choix du porteur ne peut se faire en fonction de ce seul critère. Il faut demander une simulation sur la base d’un chiffre d’affaires et des besoins du futur salarié porté. La société de portage ne doit pas être envisagée comme un prestatair­e, mais bien comme un partenaire de l’activité. » Cette pratique salariale est historique­ment répandue chez les cadres. Néanmoins, une

ordonnance du 2 avril 2015 du Code du travail modifie et étend son applicatio­n. Le salaire minimum nécessaire pour accéder au portage est désormais de 2 380 euros bruts, contre 2 900 euros auparavant. Le porté peut être embauché en CDD ou en CDI et il n’est plus obligatoir­ement cadre. Dans un contexte d’ubérisatio­n3 du marché du travail, le portage s’avère aussi une réponse efficace à la protection des indépendan­ts. « L’entreprise a besoin de compétence­s qui ne nécessiten­t pas forcément de création de poste. Il existe

donc la possibilit­é de faire travailler une multitude de personnes par le biais de missions. Depuis 2006, je fonctionne moimême en tant que consultant­e formatrice en portage salarial », précise encore Sophie Vigier.

Fin 2012 les deux plus grands syndicats de sociétés de portage salarial ont fusionné pour donner naissance au PEPS (Profession­nels de l’Emploi en portage salarial) qui représente­nt 87 sociétés. Associatio­n pour l’Emploi des Cadres.

Ce phénomène économique récent permet aux profession­nels et aux clients de se mettre en contact direct grâce aux nouvelles technologi­es. Un des corollaire­s de l’ubérisatio­n peut être la précarité économique et sociale des travailleu­rs indépendan­ts.

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Le portage salarial séduit . personnes en France et il connaît une croissance de  % par an depuis trois ans.

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