Monaco-Matin

Circulatio­n : les pouvoirs de police du maire

-

Une commune peut parfois prendre des décisions pouvant apparaître surprenant­es : un beau jour, vous découvrez un panneau de limitation de vitesse sur la voie qui dessert votre habitation principale ou, plus grave encore, une signalisat­ion limitant le poids des véhicules autorisés à circuler, ne vous permettant plus d’y accéder, sauf en étant hors la loi. Que faire alors face à cette d écision de la puissance publique qui vous semble injuste ? Telle est la question de M. J.P., habitant Carcès : « J’habite la commune depuis plus de trente ans. Le chemin qui me permet d’accéder à ma maison siège de mon entreprise de terrasseme­nt a été limité à la circulatio­n aux véhicules de moins 5,5 tonnes. Je n’ai jamais été informé de cet arrêté qui empêche désormais mes camions de circuler. Voilà un mois que j’ai saisi le maire, sans succès. Que puisje faire ? » Selon l’article L. 2212-2 et suivants du Code général des collectivi­tés territoria­les (CGCT), le maire détient des pouvoirs de police l’autorisant à restreindr­e et à réglemente­r la circulatio­n sur le territoire de sa commune lorsque la configurat­ion des lieux peut exposer les personnes ou les biens (difficulté d’interventi­on des secours, endroits très fréquentés par les piétons, les enfants, etc.), lorsque la sécurité routière est engagée (manque de visibilité, voie étroite, trafic important, etc.) et lorsqu’il y a un besoin évident de conserver le patrimoine (structures de chaussée ne permettant pas la circulatio­n de charges importante­s, caractéris­tiques ou état d’ouvrages d’art, etc.). Un pouvoir prévu également par l’article R 141-3 du Code de la voirie routière : « Le maire peut interdire d’une manière temporaire ou permanente l’usage de tout ou partie du réseau des voies communales aux catégories de véhicules dont les caractéris­tiques sont incompatib­les avec la constituti­on de ces voies, et notamment avec la résistance et la largeur de la chaussée ou des ouvrages d’art. » Cependant, avant toute réglementa­tion, il doit tenir tenir compte des perturbati­ons de circulatio­n engendrées par cette limitation – notamment par un report de trafic sur d’autres voies – et des impacts sur l’économie locale. Sachez que les arrêtés pris par un maire dans le cadre de ses pouvoirs de police de la circulatio­n ne sont pas assujettis à l’obligation de contrôle de légalité (article 2131-2-2 du CGCT). C’est-à-dire que l’avis du préfet ne se fera que si celui-ci décide de s’y intéresser. Il pourra, le cas échéant, déférer l’arrêté au tribunal administra­tif s’il estime que la décision prise par le maire est contraire à la légalité et demander le sursis à exécution. Vous devez donc consulter rapidement l’arrêté municipal litigieux afin de connaître les motivation­s qui ont conduit la commune à prendre cette limitation de tonnage. Ensuite, prenez rendez-vous avec le maire pour lui exposer calmement votre désaccord en développan­t un argumentai­re solide. Notamment, comme vous nous l’avez précisé dans votre courrier, en lui indiquant qu’une personne ayant une entreprise implantée sur un chemin similaire n’a, elle, aucune limitation de tonnage. S’il partage votre comparaiso­n, il pourra reconnaîtr­e le bien-fondé de votre requête et annuler cet arrêté. En effet, selon la Direction de l’informatio­n légale et administra­tive, « pour les actes non créateurs de droits, l’administra­tion est libre de les abroger à tout moment, sans aucune condition de légalité et pour simple opportunit­é. » En cas de refus, vous devrez saisir le juge administra­tif, seul compétent dans l’appréciati­on de la légalité et la proportion­nalité des mesures prises par le maire dans le cadre de ses pouvoirs de police. Il pourrait ainsi retenir la responsabi­lité de la commune, si le maire a été négligent ou a commis une faute. Une telle obligation porterait effectivem­ent atteinte au principe de respect de la vie privée et ne peut donc faire l’objet d’une dispositio­n du règlement de copropriét­é, ou d’une décision d’assemblée générale. Les occupants sont en droit de refuser que leur nom figure sur les sonnettes, ou boites aux lettres ; il est possible de les identifier par un numéro renvoyant sur une liste où figurent les noms des personnes qui le souhaitent.

 ?? (Photo La Voix-du-Nord) ?? Tout maire peut prendre un arrêté pour limiter la circulatio­n des véhicules dans toute sa commune comme ici aux plus de , t. Mais bien souvent, beaucoup le contrevien­nent...
(Photo La Voix-du-Nord) Tout maire peut prendre un arrêté pour limiter la circulatio­n des véhicules dans toute sa commune comme ici aux plus de , t. Mais bien souvent, beaucoup le contrevien­nent...

Newspapers in French

Newspapers from Monaco