Monaco-Matin

Une copie à revoir

- Le billet de Philippe Bouvard

La lettre d’excuse constitue un genre littéraire d’autant plus délicat qu’elle exige une parfaite connaissan­ce de la syntaxe. Pas question, en effet, de s’excuser soi-même puisqu’on ne peut que présenter ses excuses à ceux dont on a de bonnes raisons de penser qu’on les a blessés. Sans doute convient-il, pour se faire pardonner, de forcer un peu sur l’amabilité. Or, la missive de François Hollande adressée au premier président de la Cour de cassation et au procureur général manquait de chaleur humaine. Et, pour commencer, d’un vocatif affectueux. Pas « mes petits cocos » trop connoté idéologiqu­ement mais « mes chers collègues » car bien que, ne dirigeant plus les débats du Conseil supérieur de la magistratu­re, le président de la République est toujours le magistrat suprême. Pendant qu’il y était, pourquoi le chef de l’État n’aurait-il pas remarqué que les juges avec leurs toques, leurs capes d’hermine et leurs belles robes rouges étaient plus élégamment vêtus que lui avec ses pantalons trop courts et ses manches trop longues ? Une phrase comme « je ne dors plus depuis qu’on m’a dit que je vous avais fait de la peine » aurait été d’un meilleur effet. Mais c’est dans la formule finale de politesse que l’ancien et nouveau maire de Tulle aurait emporté le morceau : « Ma Juju qui lit par-dessus mon épaule me charge de vous envoyer un gros poutou ainsi que deux billets

gratuits pour voir son dernier film ».

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