Passe d’armes entre « Cash Investigation » et Christian Estrosi
L’émission de France 2 était consacrée au partenariat public-privé de l’Allianz Riviera. Les équipes d’Estrosi ont organisé la riposte sur Internet. « J’assume parfaitement face à ces calomnies », a répondu hier soir l’ancien maire
C’est une machine de guerre concoctée par l’équipe de Christian Estrosi. Des jeunes militants LR au compte Twitter du maire de Nice Philippe Pradal, tout le monde, ou presque, dans le camp estrosiste, a défendu le Partenariat public privé (PPP) qui a permis la construction de l’Allianz Riviera, l’enceinte niçoise gérée par une filiale du groupe Vinci. Un chantier qui a démarré en août 2011 et qui s’est achevé en grande pompe par l’inauguration du stade, en septembre 2013, avec aigle royal et feu d’artifices, quelques semaines avant les élections municipales remportées par Christian Estrosi. Sur son compte Twitter, ce dernier a envoyé plus d’une trentaine de tweets dans la soirée. « Le PPP serait opaque. Il permettrait de cacher des choses. C’est faux », a notamment expliqué l’ancien maire de Nice et président de la Métropole Nice-Côte d’Azur, qui a écrit au président du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) pour dénoncer ce reportage « caricatural » et qui « manque d’objectivité », diffusé hier soir sur France2,dansl’émission Cash Investigation, connue pour son ton corrosif.
Site Internet et bataille de chiffres
Dès la fin de matinée, la Métropole a dégainé son communiqué. Objectif : attaquer les méthodes des journalistes, accusés de falsifier la réalité au nom du journalisme spectacle : « L’investigation manque de sérieux et comporte de nombreuses inexactitudes avec pour seul but de manipuler et désinformer les téléspectateurs ». Si certains militants, à droite, ont discrédité la mise en scène de cette émission, c’est surtout sur les faits que le camp Estrosi s’est défendu. « J’assume complètement mes choix, je les revendique. Si nous n’avions pas réalisé cette enceinte, Nice ne serait plus en première division »,aréponduChristian Estrosi, rappelant que l’OGC Nice était aujourd’hui en tête du championnat.Pourorganiserlariposte,un site Internet a même été créé pour l’occasion, disponible à l’adresse suivante : veritestade.nice.fr. Celui-ci décrypte point par point les attaques et avance une contre-offensive chiffrée et sourcée. Le mode de financement publicprivé? Un choix justifié pour la rapidité de sa mise en oeuvre, qui a permis à Nice d’être prête pour l’Euro 2016. Le coût global du stade, chiffré à 372 millions d’euros par l’émission Cash Investigation, en prenant en compte une redevance de 12 millions d’euros versés par la Ville à Vinci pendant 27 ans? « Est-ce qu’on ne peut pas regarder la qualité du stade? », a réagi Christian Estrosi sur le plateau d’Elise Lucet, dans un échange tendu en fin d’émission, enregistrédanslesconditionsdudirect. L’ancien maire assure également que la redevance nette est de 8 millions d’euros. Interrogé dans l’émission, Louis Vallernaud, président de la chambre régionale des comptes à Marseille, a quant à lui rappelé le coût de construction du stade ramené au nombre de places. « À 204 millions d’euros rapportés au nombre de places, on obtient 6000 euros par place. Ce qui en fait l’un des plus chers de France, deux fois plus élevé que dans d’autres stades ». Réponse d’Estrosi : inexact. À Lille, la place est à 6459 euros... La taille du stade, qui serait surdimensionné par rapport à la fréquentation? Le taux de remplissage est de 62 % avec 22500spectateursdepuisledébutde la saison, justifie Estrosi. Enfin, l’enquête ouverte par le parquetdeNiceenjanvier2015pourdes délits supposés de favoritisme et de détournementdefondspublic,alerté par un rapport de la chambre régionale des comptes? « À aucun moment dans le rapport de la chambre régionale des comptes, il n’est fait mention de faits délictueux », se défend le campEstrosi,quiréclame « une transparence totale » et indique que «si une infraction était relevée, la Ville de Nice se constituerait partie civile ».