La purge menéepar Erdogan continue à s’intensifier en Turquie
Les chefs du principal parti prokurdedeTurquieont été placés hier en détention préventive, quelques heures après leurarrestationpar les autorités, qui semblent franchir une nouvelle étape dans les purges menées tous azimuts depuis le putsch avorté de juillet. L’arrestation des coprésidents du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, et d’une dizaine d’autres députés de cette formation, a suscité des réactions indignées en Occident ( 1), dont les relations avec la Turquie sont déjà tendues enraisondes atteintes aux libertés reprochées au pouvoir duprésident Recep Tayyip Erdogan. Peu après leur arrestation dans la nuit de jeudiàhier, un attentat à lavoiturepiégée a frappé un bâtiment de la police à Diyarbakir, « capitale » du sud-est turc à majorité kurde, faisant neuf morts, dont deux policiers et plus de centblessés, selon ledernier bilan.
« La fin de la démocratie »
Il a été attribué par le PremierministreBinali Yildirim au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par Ankara, Washington et Bruxelles. LeHDP, deuxièmeparti d’opposition en Turquie, a estimé dans un communiqué que les arrestations marquaient « la fin de la démocratie » dans le pays. « C’est un coup d’État contre le HDP, c’est un coup d’État contre le pluralisme, contre la diversité, contre l’égalité » , a déclaré un député. A Ankara, des dizaines de manifestants solidaires du HDP ont été dispersés par les forces de l’ordre à l’aide des gaz lacrymogènes. Dans le même temps, l’accès aux réseaux sociaux et à des applications de messagerie était fortement perturbé dans tout le pays, et la livreturque, déjà fragilisée par des turbulences politiquesmajeures, aatteint un nouveau plancher historique face au dollar. 1. Les États-Unis sont «profondément troublés» , aécritsurTwitterTomMalinowski, chargédesdroitsdel’Hommeaudépartement d’État; la chef de la diplomatie européenne, FedericaMogherini, s’estdite «extrêmement inquiète» ; Berlinaannoncé avoir convoqué le chargé d’affaires turc, et le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a jugé ces arrestations «hautementalarmantes» , tandis qu’àParis, leministèredesAffairesétrangères a appeléAnkara «àrespecterl’Étatdedroit etleslibertésfondamentales» .