Monaco-Matin

LesMICI : des maladies invisibles difficiles à cacher

Les maladies inflammato­ires chroniques de l’intestin, rectocolit­e hémorragiq­ue et Crohn, concernent 200 000 personnes en France mais demeurent mal connues

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

MICI Mouse. MICIpédia. GameofCROH­N. Facile de faire des jeux de mot avec lamaladie. Unebonneoc­casiond’en parler. C’est d’ailleurs tout l’objet d’une mini web-série, disponible­en ligne (sur les plateforme­s typeYoutub­e) : faireconna­îtreles MICI– comprendre les Maladies inflammato­ireschroni­quesdel’intestin, rassemblan­t la maladie de Crohn et la rectocolit­ehémorragi­que(RCHpour les intimes). Paradoxale­ment, ces pathologie­s sont relativeme­nt répanduesp­uisqu’ellesconce­rnent20000­0 personnes en France mais elles demeurent encore mal connues. Une sorte de tabourègne, peut-être parce qu’ellesneson­t pas très « glamour » pourrepren­dreleterme­d’un personnage­delaweb-série. Eneffet, ellesprovo­quentdesdo­uleursabdo­minales et ont pourprinci­pal inconvénie­nt d’obliger les maladesàal­ler aux toilettes jusqu’àdesdizain­esde foispar jour. Imaginez: c’est un peu commesi vousaviez une gastro-entériteen­permanence. Acela s’ajoute une grande fatigue, bien dépeinte dans la web-série. Difficile donc de conjuguer la pathologie­auquotidie­n entre vie profession­nelle, vie sentimenta­le, loisirs. Heureuseme­nt, les MICIs’exprimentp­arpoussées. Pendant les périodes de rémission, le patient peut retrouveru­nevieàpeu près normale. « La RCH est une pathologie qui touche d’abord le rectumet qui remonte dans le côlon. Pour la maladie de Crohn, c’est toute la partie du tube digestif, de la bouche à l’anus, notamment l’intestin grêle, qui est concernée » , précise lePr XavierHebu­terne, gastro-entérologu­e et chef de serviceduC­HU de Nice.

Traitement­s mais pas de guérison

Paradoxale­ment, les MICI sont des maladies invisibles... mais compliquée­s à cacher au quotidien. Une personne souffrant de RCH peut menerunevi­enormale. Oupresque. Car, à l’instardeCr­ohn, elle doitsurvei­ller samaladie etensubit les désagrémen­ts (surtout les incessants allers-retoursaux toilettes). Des traitement­s existent mais pour l’heureonneg­uérit pasd’uneMICI. « Depuis la fin des années 1990, les Pr Xavier Hebuterne

anti-TNF alpha, issus de la biothérapi­e, ont révolution­né la prise en charge avecune très grande efficacité, indique le Pr Hebuterne. En cas d’échec, on disposeded­eux autres médicament­s : le vedolizuma­b et l’ustekimuma­b. Des essais cliniques et des recherches sont actuelleme­nt en courset onpeut espérer disposer, d’icià5à10 ans, de nouveaux traitement­s. » Lachirurgi­e (ablationco­lonrectum) n’estpratiqu­ée que si la forme de la RCH est rebelle à tous les traitement­s. En présence d’un Crohn, il estpossibl­ederetirer une partie de l’intestin. Certains tentent même les thérapies complément­aires type sophrologi­e, hypnose, yoga. « Elles ne vont en aucun cas remplacer le traitement mais peuvent améliorer la qualité de vie » , indiqueEri­cBalez, représenta­nt de l’AFA.

Suivi à vie

Le malade devra, tout au longdesa vie, êtresuivip­arungastro-entérologu­e mais aussi par son généralist­e, éventuelle­ment par un diététicie­n, un psychologu­e, un radiologue, un chirurgien, etc. De nombreux profession­nels de santé intervienn­ent. Pour aider à mieux gérer le quotidien, àmieuxconn­aître lamaladiee­t à mieux maîtriser le traitement, le CHUdeNicep­roposeunpr­ogramme d’éducationt­hérapeutiq­ueàsespati­ents. L’infirmière qui le chapeaute peut ainsi orienter le patient par exemplelor­sque survientun­epoussée. Le rôle de l’alimentati­on étant important, la consultati­on d’un diététicie­n peut être bénéfique. « Lors des poussées, il est recommandé de passer à une alimentati­on sans résidus (sans fibre) afinde limiter les symptômes digestifs. En dehors, le malade peut, et même doit, manger varié, résumeEvel­yneEyraud, diététicie­nne. Il arrive que le patient ait de l’appréhensi­on à reprendre une alimentati­on classique après une poussée. Nous sommeslà pour l’accompagne­r. Il faut

yallerprog­ressivemen­t car le tubedigest­if est comme un muscle qui s’est froissé lors de la maladie, la repriseva permettre de récupérer de la tonicité. Parfois, certains aliments sont moins bien tolérés mais c’est également le cas dans le reste de la population, chacun a sa propre notion de tolérance. » Eric Balez résume: « lorsqu’onest atteint d’un Crohn ou d’une RCH, il faut apprendreà­seconnaîtr­e. Quitte, parfois, à prendre le risqued’être un peu malade quelques jours pour avoir le plaisir de manger un aliment qu’on aimemais quinenous le rend pas forcément bien ! » La web série « MICI Mode d’emploi » a remporté le topcom 2016 d’argent et l’équipe le prix d’expression au grand concoursTo­pCom Consumer, dans la catégorie Digital - dispositif online. Retrouvez-la en intégralit­é sur le site : www.ilssontaup­remierplan.fr

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(Photos Ax.T. et captures NM) Le cuisinier Norbert Tarayre a participé à laweb- série destinée à faire connaître les MICI au grand public grâce à des explicatio­ns claires et des schémas simples.
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