Les compétencespsychosociales moteurs du bien-être
Savoir s’adapter, gérer des situations conflictuelles, communiquer avec autrui... autant d’aptitudes qui facilitent la vie en communauté et surtout qui s’acquièrent
Au cours de ces dernières années, on a de plus en plus entendu parler des compétences psychosociales qui nous permettraient de mieux vivre. Mais de quoi s’agit-il précisément? Le Dr Corinne Roehrig( 1), médecin de santé publique et thérapeute familiale, est revenue sur cette notion à l’occasiondu colloque « Bien-être et santé mentale positive » organisé à Nice par le CODES (Comité départemental d’éducationpour la santé). « Cette notion a été introduite par l’OMS (Organisation mondiale de la santé, Ndlr) en 1993. Il s’agit de la capacité à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie. » Les compétences psychosociales signifient, entre autre, avoir conscience de soi, avoir une pensée critique, être capable de résoudre des problèmes et de prendre des décisions, savoir communiquer et développer des relations harmonieuses ou encore gérer son stress. Leur champ est donc très vaste. On peut ainsi les décliner en plusieurs types: les compétences sociales (ou dites interpersonnelles ou de communication), les compétences cognitives (par exemple la pensée critique, la prise de décisions) et les compétences émotionnelles (typiquement la gestion du stress). « D’expérience, on remarque que les dif- férentes compétences psychosociales se tissent entre elles. Lorsque l’on travaille sur l’une, on constate qu’elle est liée aux autres » , souligne le Dr Roehrig. Elles sont d’autant plus primordiales que lorsqu’elles pêchent, cela peut engendrerdes conséquences négatives en termes de santé. Cela peut aller de la dépression et anxiété à l’absentéisme scolaire jusqu’à la consommation de substances psycho-actives voire à la délinquance.
Valoriser les individus
L’éducation, les programmes de valorisation des compétencespsycho-sociales sont donc autant d’outils au bénéfice de l’intérêt général. « Ces programmes, vali-
« Unaxe majeur de la promotion de la santé mentale » Dr Corinne Roehrig Médecindesantépublique
dés scientifiquement, existent aujourd’hui en France. Et il est indispensable qu’ils soient dispensés par des éducateurs formés: la relation éducative y est plus importante que la théorie » , note le Dr Roehrig qui citevolontairement le psychiatre et éthologue Boris Cyrulnik: « Les mots sont des morceaux d’affection qui transportent parfois un peu d’informations ». Ainsi valoriser les individus, dès la petite enfance pour leur permettre d’acquérir desqualités bénéfiques dans leurs relations avec autrui mais aussi positives pour leur quotidien est un moyen d’améliorer le bien-être général. Le Dr Roehrig se félicite des avancées récentes. « Désormais, on se préoccupe de la bonne santé mentale. La réalisation de soi est revendiquée comme but éducatif et se confond avec la définition de la santé en tant qu’état complet de bien-être. Le développement des compétences psycho-sociales est un axe majeur de la promotion de la santé mentale. » Mais dans ce domaine, la patience est de mise. Ces compétences s’acquièrent par la réflexion, l’expérience, l’expérimentation. Elles ne s’enseignent pas au sens strict
puisqu’elles ont besoin de se roder avec le temps et la pratique. Pas facile dans un monde qui tourne à mille à l’heure mais que de perspectives enrichissantes!