Robert Charlebois: « On a les politiques qu’onmérite »
Il a passé une mauvaise nuit. Dans l’avion. Tout juste arrivé en France pour fêter ses 50 ans de carrière, le Québécois Robert Charlebois, qui se produira le 3 décembre à Monaco, a pris connaissance du résultat de l’élection. « Les ÉtatsUnis, c’est à quarante kilomètres de chez nous. Et moi, curieusement, je m’y attendais. Les temps changent. À l’ère de la téléréalité, voilà ce que l’on obtient. On a les politiques qu’on mérite. » Élevé aux westerns, le chanteur se souvient de Ronald Reagan, élu sur « des idées qui n’avaient aucun sens » , présenté comme « un vieux bandit, un facho » et qui, estime-t-il, « s’est révélé un assez bon président ».
Il reste prudent
Ce qui l’inciteàune certaine prudence, même si « Reagan avait fait tomber le mur alors que l’autre veut en ériger un ». « Ces gars-là, quand ils arrivent au pouvoir, ils s’adaptent » , poursuit Charlebois. « Trump, je me dis que c’est un peu le sourire au bas de l’échelle dont parlait Henry Miller. Là, il est en haut. Il fait froid, il est tout seul. Il va se rendre compte que c’est beaucoup plus compliqué qu’on ne le croit. Alors je garde mon indignation pour la semaine prochaine, quand il va nous sortir son programme. » « C’est sans doute un excessif et un écervelé » , admet l’artiste. Mais il ne l’imagine pas « suffisamment fou » pour « pousser sur le bouton » en matière de défense nucléaire. Sur le plan écologique, Charlebois sait que Trump est à l’opposé de Justin Trudeau, le Premier mi- nistreduCanada. Sur leplan économique, il s’inquiète du possible coup d’arrêt à l’accord Aléna sur le libreéchange entre États-Unis, Canada et Mexique. Le chanteur n’envisage pas que Trump puisse ainsi paupériser la population d’un pays mitoyen: « Quand t’as une belle maison, tu as intérêt à ce que tes voisins ne soient pas trop pauvres. » Robert Charlebois évoque par ailleurs des « fulgurances » de Donald Trump, et même « une idée de génie » lorsque ce dernier projette de taxer des produits délocalisés en Chine, à leur entrée sur le continent américain. À voir, donc. Pas de drameen tout cas, selon lui: « Au pire, ce n’est jamais que pour quatre ans. »