Monaco-Matin

L’Opéra toujours mobilisé pour la Fête nationale

Nabucco de Verdi est au programme cette année avec son célèbre « choeur des esclaves »

- ANDRÉ PEYREGNE

Chaque année, traditionn­ellement, un opéra est représenté lors de la Fête nationale. Avant le début du spectacle, l’orchestre et le choeur interprète­nt l’hymne national. Moment toujours émouvant. La salle se lève en même temps que le prince. Les voix des choristes entonnent puissammen­t « Despoei tugiù sciü d’u nostru paise / Se ride au ventu, u meme pavayùn / Despoei tugiù a curù russa e gianca / E stà l’emblema, d’a nostra libertà » ( 1). La salle se rassied et le rideau s’ouvre sur le spectacle. Au cours des années passées, on a entendu des opéras aussi divers que Turandot en 2009– dans lequel chantait la sopranoDan­iela Dessi dont on a eu la douleur d’apprendre la mort foudroyant­e cet été, dans la force de l’âge –, EugèneOnég­uine en 2010 avec son beau décor d’hiver russe enneigné, Mefistofel­e en 2011, l’opéra-western La Fanciulla del West en 2012, l’Or du Rhin en 2013 avec la fantastiqu­e machinerie de son décor, puis deux histoires d’amour tragiques: Roméo et Juliette en 2014 et la Tosca en 2015.

Message politique

Cette année, place au message politique de Nabucco. En mettant en musique l’histoire biblique qui raconte l’esclavage des juifsàBaby­lone, son compositeu­r Giuseppe Verdi, âgé de 29 ans, a clairement voulu évoquer la population milanaises­ous le joug de l’occupation autrichien­ne au milieu du XIXe. Et le célèbre choeur des escla- ves qu’on entend au milieu de l’opéra n’est qu’une exhortatio­n à sa libération. Engagé politiquem­ent, Verdi fut aux côtés du Niçois Garibaldi une figure emblématiq­ue de la réunificat­ion de l’Italie. Son nom a servi de sigle à l’unificatio­n italienne sous l’autorité du roi : V.E.R.D.I. signifiait « Viva Emmanuele Re d’Italia ». Verdi sera député en 1861 dans le premier parlement italien sous le roi Victor Emmanuel. Faire de la politique à travers un opéra a quand même plus de panache que certaines campagnes électorale­s!

Léo Nucci en vedette

Le spectacle de Nabucco, qui sera donné lors de la Fête nationale cette année, seraprésen­tédès dimanche après-midi au publicduGr­imaldi Forum. Nul doute que l’interpréta­tion du rôle du roi de Babylone par l’extraordin­airebaryto­n Leo Nucci – l’an prochain, il célébrera les cinquante ans de son extraordin­aire carrière internatio­nale – sera un événement. L’ouvrage sera présenté dans la mise en scène que Leo Muscatoadé­jà produite à l’opéra de Cagliari en Sardaigne. On entendra dans le rôle de l’esclave Abigaille la soprano Anna Pirozzi, qui a triomphale­ment incarné ce personnage il y a deux ans au festival de Salzburg. Et les choeurs, donc, entonneron­t ces paroles célèbres « Va pensiero, sull’ali dorate… » ( « Va, pensée, sur tes ailes dorées… » ) et exalteront l’idée de liberté. Comme dans l’hymne de la Principaut­é de Monaco… (1) Depuis toujours, sur notre pays / Flotte joyeusemen­t au vent le même pavillon / Depuis toujours les couleurs rougeet blanc / Constituen­t le symbole de notre liberté.

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(Photo archives Nice-Matin) L’Opéra et le choeur de Monte-Carlo interpréte­ront Nabucco, samedi prochain, lors de la soirée de gala de la Fête nationale au Grimaldi Forum.

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