L’Opéra toujours mobilisé pour la Fête nationale
Nabucco de Verdi est au programme cette année avec son célèbre « choeur des esclaves »
Chaque année, traditionnellement, un opéra est représenté lors de la Fête nationale. Avant le début du spectacle, l’orchestre et le choeur interprètent l’hymne national. Moment toujours émouvant. La salle se lève en même temps que le prince. Les voix des choristes entonnent puissamment « Despoei tugiù sciü d’u nostru paise / Se ride au ventu, u meme pavayùn / Despoei tugiù a curù russa e gianca / E stà l’emblema, d’a nostra libertà » ( 1). La salle se rassied et le rideau s’ouvre sur le spectacle. Au cours des années passées, on a entendu des opéras aussi divers que Turandot en 2009– dans lequel chantait la sopranoDaniela Dessi dont on a eu la douleur d’apprendre la mort foudroyante cet été, dans la force de l’âge –, EugèneOnéguine en 2010 avec son beau décor d’hiver russe enneigné, Mefistofele en 2011, l’opéra-western La Fanciulla del West en 2012, l’Or du Rhin en 2013 avec la fantastique machinerie de son décor, puis deux histoires d’amour tragiques: Roméo et Juliette en 2014 et la Tosca en 2015.
Message politique
Cette année, place au message politique de Nabucco. En mettant en musique l’histoire biblique qui raconte l’esclavage des juifsàBabylone, son compositeur Giuseppe Verdi, âgé de 29 ans, a clairement voulu évoquer la population milanaisesous le joug de l’occupation autrichienne au milieu du XIXe. Et le célèbre choeur des escla- ves qu’on entend au milieu de l’opéra n’est qu’une exhortation à sa libération. Engagé politiquement, Verdi fut aux côtés du Niçois Garibaldi une figure emblématique de la réunification de l’Italie. Son nom a servi de sigle à l’unification italienne sous l’autorité du roi : V.E.R.D.I. signifiait « Viva Emmanuele Re d’Italia ». Verdi sera député en 1861 dans le premier parlement italien sous le roi Victor Emmanuel. Faire de la politique à travers un opéra a quand même plus de panache que certaines campagnes électorales!
Léo Nucci en vedette
Le spectacle de Nabucco, qui sera donné lors de la Fête nationale cette année, seraprésentédès dimanche après-midi au publicduGrimaldi Forum. Nul doute que l’interprétation du rôle du roi de Babylone par l’extraordinairebaryton Leo Nucci – l’an prochain, il célébrera les cinquante ans de son extraordinaire carrière internationale – sera un événement. L’ouvrage sera présenté dans la mise en scène que Leo Muscatoadéjà produite à l’opéra de Cagliari en Sardaigne. On entendra dans le rôle de l’esclave Abigaille la soprano Anna Pirozzi, qui a triomphalement incarné ce personnage il y a deux ans au festival de Salzburg. Et les choeurs, donc, entonneront ces paroles célèbres « Va pensiero, sull’ali dorate… » ( « Va, pensée, sur tes ailes dorées… » ) et exalteront l’idée de liberté. Comme dans l’hymne de la Principauté de Monaco… (1) Depuis toujours, sur notre pays / Flotte joyeusement au vent le même pavillon / Depuis toujours les couleurs rougeet blanc / Constituent le symbole de notre liberté.