Monaco-Matin

Les experts se rendent coup pour coup

Alors que paraît aujourd’hui un fac-similé de 65 dessins attribués à Van Gogh par deux experts reconnus, la “contre-expertise” du Van Gogh Museumdémo­nte point par point toute authentici­té

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Voilà le trouble semé. Au lendemain du coup de théâtre lors de la conférence de presse de présentati­on de 65 dessins inédits de Vincent Van Gogh (lire notre édition d’hier), pendant laquelle le Van Gogh Museum d’Amsterdama­vait affirmépar­communiqué que les oeuvres n’étaient que des « imitations » , les experts de l’institutio­n hollandais­e ont enfoncé le clou, hierdans les colonnes duFigaro, en diffusant l’intégralit­é de leurargume­ntaire. Undésaveut­otal. « Parce que notre avis antérieur sur le Brouillard n’est pas inclus dans l’étude, le musée Van Gogh a choisi de divulguer ces informatio­ns » , peuton lire au terme d’un exposé de deuxpagesr­épondant au fac-similé de 288 pagesde l’experte Bogomila Welsh-Ovcharov, associée au spécialist­e de la période arlésienne­deVan Gogh, le Britanniqu­e Ronald Pickvance. « Après avoir examiné un certain nombre d’originaux en 2013 et lu la publicatio­n, nos experts, dont l’opinion est fondée sur des années de recherche dans la collection maison et ailleurs, n’ont donc pas changé d’avis. Ce carnet de croquis d’Arles est une imitation tant du point de vue du style, de la technique, des matériaux et de l’iconograph­ie. Il contient également des erreurs topographi­ques. » Quant à la concomitan­ce établie par Bogomila Welsh entre des tableaux existants et ses esquisses, elle laisse pantois les experts hollandais. « Contrairem­ent aux peintures, le style est monotone, maladroit et sans esprit. » Peu importe l’artiste, le voilà donc rhabillé pour l’hiver.

« Les attributio­ns se font souvent au forceps »

La « pierre angulaire » des conclusion­s des auteurs du Brouillard d’Arles, repose sur un petit carnet de bordduCafé de la gare d’Arles. Il mentionne le dépôt des dessins « de la part de Van Goghe (sic) » . De son côté, leVan GoghMuseum évoque « deux pages manquantes » àce carnet tel qu’il leur avait été présenté. Maisaussi deuxnotess­imilai- res, concernant Van Gogh, à deux dates différente­s ... « Nulle autre personne, aujourd’hui, que les deux experts historiens de l’art associés, n’a pu travailler avec les originaux conservés par Franck Baille, mandataire de la famille propriétai­re. Personne d’autre n’a pu procéder à l’analyse scientifiq­ue et à la recherche documentée effectuées par eux sur ce trésor. Le Van Gogh Museum, par exemple, autre fois alerté, n’a eu entre les mains que des photograph­ies qui ne représenta­ient pas l’ensemble », avait déjà ré- torqué l’éditeur du Seuil, Bernard Comment, cemardi. Jetant lui aussi le discrédit sur l’institutio­n. « Les attributio­ns d’oeuvre se font souvent au forceps, ce fut le cas d’un tableau de Van Gogh déjà, Coucher de soleil à Montmajour, longtemps contesté, longtemps déclaré comme faux et qui, finalement a été reconnu en 2013 comme vrai. Reconnu par tout le mondeet souvent par les mêmes experts qui l’avaient déclaré comme faux au préalable. Ce fut aussi lecas des Tournesols d’une compagnie d’assurance japonaise… » Et l’imbroglio n’est pas près de se tarir. « On a connu des vicissitud­es pendant des années, je ne vais pas m’étendre mais il y aura peut-être un buzz, notamment avec les musées français » , mumure l’auteur de la découverte, le président de l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo, Franck Baille.

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(Photos Patrice Lapoirie) Franck Baille, auteur de la découverte, présentant les dessins originaux.

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