Procès Mandel: tir mortel endirect
La cour d’assises a visionné, hier, la vidéo glaçante du drame qui a coûté la vie à Pierre Torregrossa, abattu à Roquebrune. Le seul tort de la victime était de vouloir récupérer son fils
La plupart des membres de la famille Torregrossa préfèrent quitter la salle ce mercredi matin, au troisième jour du procès. Patrick Veron, le président de la cour d’assisesadécidé de diffuser les enregistrements vidéo du drame. MarcMandel, un Monégasque de 44 ans, l’auteur du coup de feu mortel, expert automobile passionné de domotique et d’informatique, avait équipé sa résidence secondaire de deux caméras de surveillance, au 2230 route de la TurbieàRoquebrune-Cap-Martin. Un expert de la police scientifique est invité à commenter le film. Une caméra fixe la terrasse du chalet en surplomb. L’autrebalaie l’entrée en contrebas de la propriété. Nous sommes le 7 octobre 2011 vers 19 h, il fait jour.
« Je vais te plomber »
À l’époque, Pierre Torregrossa, en guerre avec son ex-compagne, Sophie Mandel, cherchepartout son fils de 7 ans dont il est privé depuis plusieurs mois. Il devait le récupéreràMonaco, mais la mère et l’enfant n’étaient pas, une fois de plus, au rendez-vous. Pierre Torregrossa, en colère, décide alors de se rendre dans la résidence secondaire du couple. « On voit Pierre Torregrossa sortir de sa voiture, commente l’expert. On suppose qu’il monte à pied vers la maison. Le bruit de fond incessant peut faire penser à un arrosage automatique. » Sur l’écran de droite, on aperçoit Marc Mandel sortir sur sa terrasse. D’après la reconstitution, les deux hommes se sont retrouvés à six mètres de distance. Pierre Torregrossa repart vers son véhicule (un monospace Opel). Les jurés sont attentifs. L’accusé, lui, préfère se détourner des images. L’enregistrement sonore est médiocre mais l’expert décrypte les paroles échangées. « Il n’est pas là, il n’est pas là je te dis. ( ndlr: sousentendu l’enfant) T’es chez moi, tire-toi » , crie MarcMandel. Pierre Torregrossa repart à son véhicule. La caméra change d’angle. Zoom sur PierreTorregrossa, qui rentre dans sa voiture, manipule des papiers. Il ressort, s’appuie sur sa voiture, et téléphone. Marc Mandel: Dépêche-toi, barretoi d’ici connard. Je vais te plomber.
Pierre Torregrossa : T’as des couilles avec une arme. Qu’est-ce que tu me fais? - Viens, je vais te plomber. - Vas-y vise sur moi, vas-y. La détonation– glaçante – fige l’assistance. Pierre Torregrossa disparaît subitement du champ de la caméra, foudroyé. « Allez barre-toi maintenant. Le prochain il est pour toi. Je t’avais dit de ne pas rester là », hurle le tireur qui, manifestement, n’a pas conscience d’avoir mortellement at-
teint Pierre Torregrossa. Armé d’un Flash-Ball et de son fusil à pompe, il descend le chemin d’accès à son chalet. À l’écran, il arrive près de l’Opel, ferme la portière, téléphone aux secours affolé tout en essayant de stopper l’hémorragie de la victime. Le débat sur l’intention meurtrière de l’accusé promet d’être intense ces jours prochains.