Magnétiseur charlatan àNice : « Désolé, c’estmamain qui a déraillé... »
Deux ans de prison ferme et une arrestation à labarre. Ainsi s’achève l’éphémère carrière demagnétiseur de Domenico Romeo, 71 ans. « Dominique magnétiseur », tel qu’il se présentait sur son siteweb, s’est plutôt révélé être un agresseur sexuel. S’il a échappé à un procès d’assises pour viol, l’audience correctionnelle à Nice, mardi soir, lui a été fatale. Il se présentait sur Internet comme « magnétiseuràNice depuis 1998 » . Mais DomenicoRomeo, Italien résidant à Levens, officiait au mieux depuis un an, et peine à justifier de ses dons réels. En juillet dernier, il voit arriver à son petit cabinet, rue Raimbaldi à Nice, une femme de 41 ans en souffrance, marquéepar l’attentat du 14-Juillet. Confiante, elle ne s’offusque pas outre mesure de cette main qu’il pose sur son ventre en cours de consultation. S’ensuivra un autre rendez-vous, le 30 septembre. C’est là que tout dérape. Cette fois-ci, la consultation dure trois heures. Dans le huis clos du cabinet fermé à double tour, lemagnétiseur prodigue des massages des pieds jusqu’à l’aine de sa patiente, lui ôte pantalon et culotte, et se hasarde jusqu’à sonsexe. La quadragénaire se rebiffe alors, dénonce une pénétrationdigitale. Mais le magnétiseur s’enhardit, l’enjoint à se retourner et retire son soutien-gorge. Trop c’est trop: la victime dit « stop » .
Enregistré à son insu
Elle a alors la présenced’esprit d’activer l’enregistreur de son téléphone portable. « Pourquoi avez-vous fait ça ? » Réponse: « Je suis désolé... Je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est mamain qui a déraillé... » Une discussion accablante pour le septuagénaire, remise par la plaignante entre les mains de la sûreté départementale. Convoqué le 14 novembre par la brigade criminelle, Domenico Romeo est placé en garde à vue. Il concède les attouchements. Mais conteste toute pénétration. À l’audience, Me David Saïd souligne le courage de la victime, venue surmonter le choc psychique pour se confronter à son « magnétiseur ». Un ex-maçon devenu masseur, défendu par Me Manon Bracco, dont le procès révèle de nouvelles facettes. Notamment ses activités de « love coach ». Le procureur Julie Rouillard requiert trente mois de prison ; le tribunal ramène la peineàdeux ans. Et l’assortit de l’interdiction définitive d’exercer le métier de magnétiseur ou toute autre activité liée aux soins alternatifs. Si Domenico Romeo dort désormais en prison, la crim’ continue d’enquêter, afin d’établir s’il a dérapé auprès d’autres patientes.