Monaco-Matin

Cannes : le juteux trafic familial d’un chauffeur debus

- G. L.

Dans la sacoche banane du conducteur de bus cannois, les enquêteurs ont retrouvé 12 000 euros en petites coupures. Abeldkrim Medjoub la planquait parfois à ses pieds lorsqu’il conduisait les bus de ville. Ce chauffeur de 48 ans était employé par Azur Bus, société qui travaille pour le réseau CFTI Veolia. Ce n’est évidemment pas sa paye que cet Algérien baladait ainsi, mais le fruit d’un juteux et familial trafic de stupéfiant­s. Il a été condamné lundi à quatre ans de prison par le tribunal correction­nel de Grasse. La sacoche avait été retrouvée chez lui lors d’une perquisiti­on menée après l’interpella­tion de son beau-fils, tout juste majeur. Beau-fils qui avait été surpris se roulant tranquille­ment un joint dans lequartier de la gare de Cannes et qui portait sur lui sept barrettes de résine. Il dealait également. La sacoche ? « Dans le bus ça ris- quait, rien, c’étaitàmes pieds », justifiera Abdelkrim Medjoub aux enquêteurs. Il aura fallu une patiente instructio­n de Marc Joando, président du tribunal correction­nel, pour comprendre les tenants et aboutissan­ts de ce petit trafic familial.

Quatre ans de détention et   d’amende

Selon le président, sa femme, Dorothée Vanhaesebr­ouck, pouvait en effet difficilem­ent ignorer ce qui se passait dans l’appartemen­t de 70m2de la rueChateau­briand. Même si elle s’en défend à l’audience. « Ce n’est tout de même pas un château, vous ne pouviez vous réfugier dans l’aile ouest et tout ignorer du trafic », a ironisé Marc Joando. 24 plaquettes, soit 2,5 kg de résine de cannabis ont été découverts chez eux. Ce petit monde trafiquait donc gentiment et s’approvisio­nnait à Ranguin à Cannes, ou dans le quartier des MoulinsàNi­ce. Avec un train de vie correct, aucun retrait n’étant effectué sur le compte en banque. Leurs revenus mensuels, hors stups, ont été évalués à 3 200 euros par les enquêteurs, entre le salaire du père, l’activité non déclarée d’auxiliaire de vie de la mère et 600 euros d’allocation­s familiales. Abdelkrim Medjoub, lui-même toxicomane, fournissai­t une dizaine de clients rencontrés dans les bus ou lors de barbecues. Parmi eux, des chauffeurs de sa société. Le patron d’Azur Bus, interrogé à la barre, a indiqué être atterré et expliqué n’avoir aucun moyen pour les contrôler. L’avocat du père, Me Stéphane Choukroun, a rappelé que son client était primodélin­quant, soit aucune inscriptio­n au casier judiciaire. «C’est une personnali­té atypique. C’est un bon père de famille, il est paradoxal qu’il en soit arrivé là. Il est lui-même consom- mateur, il s’est progressiv­ement laissé embarquer dans cette affaire», a-t-il plaidé. Le beau-fils, J. V. sera condamnéàu­nan ferme et mandat de dépôt. Dorothée Vanhaesebr­ouck à un an ferme et 7000 euros d’amende. Le procu- reur de la République, Clémence Bravais, avait réclamé du sursis pour l’épouse. Abdelkrim Medjoub s’est donc vu infliger quatre ans de détention et 20 0000 euros d’amende.

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(Photo A. B. J.) A. Medjoub rencontrai­t parfois ses futurs clients dans son bus.

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