Procès Mandel : unenfant otage de ses parents
C’est un petit garçon aujourd’hui âgé 12 ans que l’on prénommera Antoine, absent mais longuement évoqué, vendredi matin, au cinquième jour duprocès aux assises de Marc Mandel, 44 ans. Partie civile au procès, l’enfant est représenté par l’association Acte Pélican, nomméadministrateur ad hoc. Cette association, qui représente en justice le collégien, amandaté un avocat (MeOdile Monaco), qui plaidera la semaine prochaine pour défendre les intérêts de cette jeune victime collatérale d’une tragique affaire. Il avait 7 ans quand Marc Mandel, l’homme avec qui sa mère avait refait sa vieet avec lequel elle avait euunsecond enfant, a été emprisonné. Son beau-père qu’il aimait tant venait de tuer d’un tir de chevrotine Pierre Torregrossa, 39 ans, son père. Antoine savait-il qu’il était au coeur d’un conflit sans merci entre son père et sa mère? Une guerre entre adultes irresponsables où tous les coups étaient permis. À l’époque, devant un enquêteur, le petit confiait: « Papa est méchant avec maman. Ça me fait de la peine. » Pierre Torregrossa, électricien, neparvenait pasàexercer son droit de garde malgré des décisions de justice en sa faveur. « Quand il était devenu papa, sa vie s’était éclairée. Il avait vraiment la fibre paternelle », a souligné l’une de ses compagnes. Ses prochesont décrit toute lamatinéed’hier un papa aimant, un frère jovial, généreux mais un homme rongé par le comportement de Sylvie Mandel qui traitait la famille Torregrossa avec condescendance et semblait, depuis la naissance de son deuxième fils, vouloir évincer le père d’Antoine. Le7 octobre 2011, Pierre Torregrossa effectue une fois de plus le trajet Marseille-Monaco pour rien. Sa mère et l’enfant ne sont pas au rendez-vous. Il se rend alorsdans la résidence secondaire des Mandel route de la Turbie à Roquebrune-Cap-Martin. C’est dans l’enceinte de cette propriété qu’il sera abattu d’un tir de chevrotine parMarc Mandel.
Pris dans un conflit de loyauté
À l’époque, Sylvie Mandel soutient bec et ongles son mari et ne juge pas utile de se porter partie civile au point que la justicesesubstitueàellepourdéfendre les intérêts de l’orphelin. L’administrateur d’Antoine explique à la cour et aux jurés « qu’Antoine se culpabilise ». « Il a été pris dans un premier conflit de loyauté puisqu’il appréciait beaucoup M. Mandel et ne réalisait pas la mort de son père. Quand M. et Mme Mandel se sont déchirés en 2012, la mère l’a à nouveau placé dans un autre conflit de loyauté (ndr: à partir du moment où il demande le divorce, Marc Mandel était alors décrit comme un tueur machiavélique par sa femme). Cet enfant a été détruit deux fois. » Grâce à Acte Pélican, Antoine a pu renouer les liens avec la famille Torregrossa. « Avec ses oncles et tantes, sa grand-mère, il s’autorise à être un enfant », note l’administratrice. « Aujourd’hui il veut que M. Mandel soit reconnu coupable et qu’il soit puni ». MarcMandel, expert automobileàMonaco, malgré une miseenexamenpour meurtre, n’est resté que quatre mois en détention provisoire. Le jeunegarçon, décrit comme « très vif, très intelligent », apris conscience de la double tragédie qui frappé sa famille. « Il attend avec impatience la fin de cette interminable procédure pour retrouver une vraie vie d’enfant », souligne son administrateur. Mais à cause de parents inconséquents et d’un accusé à la gâchette facile, il est condamné, comme l’a souligné l’avocat général Fabrice Karcenty, « à une souffrance à perpétuité ».