SOS chrétiens d’Orient grandit vite en Irak
Troisième et dernier volet de notre reportage en Irak, où l’association humanitaire déploie des moyens considérables pour que la minorité chrétienne puisse rester au Proche-Orient
Déjà présente en Syrie, l’association humanitaire SOS chrétiens d’Orient, qui a pour objectif avoué le maintien de la communauté chrétienne au Proche-Orient, s’est imposée très rapidement dans le paysage irakien. D’abord sollicitée pour creuser un puits à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne du pays, l’association a dû monter une mission de secours en urgence le 10 août 2014, soit quatre jours à peine après la prise de Qaraqosh par Daesh. « Du coup l’argent du puits a été utilisé pour installer une cabine médicale dans un camp de réfugiés à Erbil », raconte François-Xavier Gicquel, le chef de mission en Irak. De deux personnes en août 2014, la mission irakienne de SOS chrétiens d’Orient tourne aujourd’hui avec une vingtaine d’effectifs en moyenne sur l’année, soixante en été. Pour l’essentiel de jeunes bénévoles venus de France, auxquels il faut ajouter quelques chauffeurs-traducteurs locaux.
Les bénévoles – presque desmissionnaires au sens religieux du terme, même si l’association ne fait pas de prosélytisme – c’est la grande force de SOS chrétiens
d’Orient, par rapport aux organisations non-gouvernementales plus classiques. Outre une forte présence sur le terrain, qui lui permet de distribuer, selon leurs
besoins personnalisés, de la nourriture, des kits d’hygiène, du chauffage à sept mille familles de déplacés dans les camps et sept mille autres installées dans des maisons individuelles, SOS chrétiens d’Orient assure que plus de 90 % de l’argent récolté auprès des donateurs sont réellement dépensés pour ceux qui en ont besoin.
Projets structurants
Mais l’association voit plus loin que la simple distribution de produits de première nécessité. Si elle veut que les chrétiens restent en Irak, il lui faut réaliser des projets structurants. Avec un budget annuel de 1,2 M€, elle a déjà construit une école dans la commune de Mangesh, une deuxième à Erbil. Elle a également financé cinq cliniques (quatre au Kurdistan, une à Bassorah). Et vient de se lancer dans la construction d’une église à Sarsing, pas très loin de la frontière turque. Mais le plus gros projet – 1,2 M€ – reste la construction, en collaboration avec l’Aide de l’église en détresse, d’une école à côté de la cathédrale de Bagdad. Si son aide s’adresse essentiellement aux chrétiens, l’association s’occupe également de mille cinq cents familles équitablement réparties entre Yézidis, Turkmènes (à Kerbala) et Peshmergas.