Monaco-Matin

La France made in Langasque: « Jesens que ça va être “ouf” »

Pour cette compétitio­n unique et richement dotée, le Cannois Victor Dubuisson, 26 ans, et le Cabrienc Romain Langasque, 21 ans, représente­ront la France. Un duo azuréen inédit

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

Romain Langasque,  ans, a vécu une première saison proultrari­che qui s’achève avec la Coupe du Monde en Australie. Le joueur de Saint-Donat a accepté de revenir sur ses moments forts qui lui ont permis d’accéder au Tour Européen.

Le choix de Victor Dubuisson de jouer avec vous la Coupe du monde ? J’étais chezmoi et Victor m’envoie un sms : « man, il y a laCoupe du monde bientôt » . Je lui réponds : « c’est cool, tu vas jouer avec qui ? » . Ilmedit qu’il ne sait pas trop encore. Et le jour de la sélection finale, il m’annonce lanouvelle : « On joue ensemble » . Je n’en revenais pas ! Même là, en le racontant, je ne réalise pas trop. Victor, ça a toujours été mon idole golfique, et là, on va disputer le plus gros tournoi en double du monde, ensemble ! C’est magique pourmoi. Je suis commeun gosse. J’espère que je serai à lahauteur. Je sens que ça va être “ouf” et qu’onpeut fairequelq­ue chose.

GrégoryBou­rdy, le n° français non retenu, l’amal pris. Comment l’avez-vous vécu ? J’ai pris les devants et je l’ai appelé. Onenaparlé longuement, il n’était pas content, mais il ne m’en veut pas. Après, je trouve ça nul l’ampleur que ça apris. Parceque Victor a respecté le règlement de la compétitio­n. Il avait le droit de choisir un français classé dans les  premiers mondiaux. Point. Que Grégory Bourdy ne soit pas content, je le comprends.

Avez-vous été vexé ? Disons que je n’ai pas l’impression d’avoir volé ma place. Cen’est pas commesi Victor avait choisi un joueur loin au classement mondial. Je suis  et  joueur français… Ma saisonest bonne quand même. J’ai entendudir­eque certains auraient aimé que je refuse la sélection. Vous pensez sérieuseme­nt que j’aurais pudirenon à ça ? J’ai  ans, c’est une occasionun­ique de jouer avec mon idole (sourire). Ça ne m’amême pas effleuré l’esprit. Pour ma première saison pro, représente­r monpays, c’est la cerise sur le gâteau. Du coup, çanous donne encore plus envie avec Victor de faireungra­nd truc.

Quel regardport­ez-vous sur votre saison ? Ça a été long… Je l’ai débutée en tant qu’amateur. J’ai très vitebien joué. J’ai fait le Masters d’Augusta où je passe le cut, puis jepasse pro. J’avais déjà obtenu mon droit de jeu sur leChalleng­e Tour après avoir terminé deuxième auKenya. Ça a été un déclic. Ce résultatm’a permis d’être toute l’année sur le Challenge Tour. Avant ça, je vivais au jour le jour. Jene pouvais compter que sur des invitation­s.

Comment passe-t-on duMasters d’Augusta au Challenge Tour ? C’est un monde totalement différent. Déjàque ce n’est pas comparable avec un tournoi duTour Européen, alors avec le Challenge Tour… Mais, jedevais passer par là. C’était normal de débuter par la  division. Au fond de moi, je n’étais pas prêt pour le Tour Européen. Le plus compliqué pour vous ? Je dirais les derniersmo­is. Mes résultats s’en ressentent. Disons que j’ai sécurisé ma montée sur le Tour européen rapidement, mais j’ai dépensé beaucoup d’énergie pour y arriver. Forcément après, on relâche la pression. Sur les gros tournois où j’ai été invité, je me suis retrouvé enposition de faire de très bons résultats, et mine de rien, week-end après week-end, ça pompe de l’énergie. Onn’imagine pas à quel point. Jen’étais plus lucide en fin de saison. Heureuseme­nt que j’avais fait le “taf” avant.

Queretenez-vousdevos tournoissu­rl’Europeanto­ur? Je n’ai pas pris depoints, mais beaucoup d’expérience. Et surtout, j’ai pu me jauger. Je sais que pour l’année prochaine, je serai capable de faire de bons résultats.

Avez-vous connudes moments dedoutes ? Non. Je n’ai pas connu de creux, du coup, je n’ai pas eu le temps dedouter ou d’être sous pression.

Vous avez toujours parlé de “patience”, mais on a l’impression que pour vous, tout va très vite… On ne va pas réécrire l’histoire, mais j’ai eu la chanced’êtrebien conseillé par Victor (Dubuisson), Alex (Levy), Benoît (Ducoulombi­er, son coach), mon agent, mes parents etc. On avançait tous dans le même sens. J’ai  ans et je vais jouer sur l’European Tour donc l’objectif est rempli. Oui, je suis patient, oui, ça va très vite. Et c’est peut-être parceque je suis patient que ça va très vite… Pour moi, tout se déroule naturellem­ent. Je n’ai pas grillé les étapes ou pété plus haut que mon cul.

Le conseil que vous n’oubliez jamais ? Sur leplangolf­ique : “coup après coup”, “tour après tour”, “tournoi après tournoi”. En pensant commeça, j’espère arriver un jour ou l’autre sur le PGATour.

Le moment le plus fort de votre saison ? Le chip rentré avec un coup de wedge sur le trou n° au Masters. J’aurais payé très cher pour le vivre un jour, et je l’ai fait.

Un rêve réalisé très tôt… Aller à ce tournoi en tant que spectateur, c’est déjà presque impossible (rires). Peudemonde le joue. Peudemonde­passe le cut. Et moins de monde encore arrive à y faire un coup exceptionn­el acclamé par le public. Le bruit que ça aprovoqué avec le monde autour, c’était vraiment dingue ! Des émotions que je n’avais jamais ressenties. Le moment phare de ma carrière. (Il se reprend) Enfindema carrière, dema saison pardon. Mais ça risqued’être lemoment pharedema carrièrequ­and même (rires). Le tout, c’est de le vivre. C’est magique.

Qu’est-cequi a leplus changé dans votre vie ? Je me rends compte que c’estmon métier. J’ai un Team autour de moi, un coach, un préparateu­r, un caddie. Je fais de ma passion mon métier. Cela me surmotive. Sur les quatredern­iers jours, je me suis entraînéde h à h le soir. C’est passé àune vitesse incroyable. Je kiffe. Après, la notoriété aussi, c’est nouveau. Qu’on me demandedes photos dans la rue, çame fait plaisir, mais je n’aime pas trop… Je suis plutôt quelqu’un dediscret. J’ai du mal à admettre que pour les gens, ce que je fais est incroyable. Pour moi, il n’y a pas demiracle. Et en plus, je n’ai encore rien fait…

Allez-vous changer des choses à l’avenir ? Monprépara­teur physique va m’accompagne­r sur les tournois, une dizaine j’espère. On travailler­a encore mieux en cequi concerne la récupérati­on. C’est très important. Je ne ferai plus des breaks d’une semaine, c’est trop juste. On ne se repose pas vraiment et on ne s’entraîne pas vraiment biennon plus. Deux, c’est bien.

Votrebut ultime ? Gagner la Ryder Cup. L’émulationd­e cette compétitio­n, l’ambiance etc. J’adore. UnMajeur, c’est différent. Le Masters bien sûr. Mais le plus important, c’est de durer. Il y aurades hauts et des bas. Gagner un tournoi, c’est bien. Mais si c’est pour ne plus être là l’année d’après, non merci. J’aimerais être constant.

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(Photos Gilles Traverso) Ce n’est pas frustrant de le vivreaussi tôt ?
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