Adolescent tuéàMarseille: l’accusation requiert unverdict « sans concession »
Un « verdict sans concession pour condamner la bêtise et la terreur homicide » : c’est ce qu’a demandé hier, devant les assises des Bouches-du-Rhône, l’avocat général Olivier Couvignou. Il a requis 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers contreEddy Tir, 25 ans, accusé d’avoir abattu à lakalachnikov Kamel El Mehli, 17 ans, enbas de son immeuble de la cité de la Castellane, le 22 décembre 2011 à l’aube. Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis contreson complice Seyni Demba, 23 ans. Dans son réquisitoire, le magistrat a évoqué un « drame comme il y en a tous les jours » , des drames qui dessinent dans la cité phocéenne « une nécropole des gamins perdus » . Il a rappelé que 1286 personnes, pour beaucoup des jeunes, ont été tuées dans les Bouches-duRhône entre 1996 et 2015, et a estimé que Kamel « est mort pour rien » ou pour donner à Eddy Tir « un diplôme en plus sur [son] CV de criminel » . Le petit-fils de Saïd Tir, « parrain » de lacité Font-Vert assassiné en 2010, aété condamné à 32 reprises depuis ses 12 ans. Son éloquence, ses larmes aussi, ont éclipsé l’autre accusé présent dans le box, le discret Seyni Demba. Mais l’avocat général a tenu à les présenter commeun « tandem criminel » , ayant tous les deux eu un différend avec Kamel. L’accusation soutient que Seyni Demba, « rabatteur » , a attiré son ami de toujours dans un piège, pour le laisser ensuite exécuter par Eddy. Devant la cour, ce dernier a tenté de se faire plaindre, lui l’enfant abandonné, victime de sa lourde hérédité, qui devait « voler à 11 ans pour remplir le frigo » . Il s’est dit « victime d’un complot » ourdi par les habitants de La Castellane, lui qui n’est pasdu quartier : « Tout le monde me veut dumal: les médias, la justice, les gens. » Verdict aujourd’hui. 1. Trois mois plus tôt, Eddy avait été blessé par Kamel d’un coup de couteauàlacuisse, devant d’autres jeunes. Seyni Demba s’était lui battu avec son ami d’enfance deux jours avant le meurtre, etenavaitgardéunebalafreauvisage. DeuxhumiliationspourlesquellesEddyetSeyni devaient «laver leur honneur» , selon l’accusation.