Le faussaire de César condamné à Monaco
Il avait tenté de dormir à l’oeil à l’hôtel Hermitage. Connu de la justice française notamment pour avoir contrefait 68 oeuvres de César, Eric Piedoie a été envoyé en prison pour neuf mois
UnGrassoisacomparumenotté, hier devant le tribunal correctionnel de Monaco, pour avoir usurpé l’identité de son frèreafin de réserver, en juillet dernier, une chambre auprès d’un établissement hôtelier de la SBM pour plusieurs jours. Muni d’unecarte d’identité, d’unecarte bancaire et d’un téléphone portable toujours au nom de son frangin, il est parti sans payer la note d’un montant de 1411€. Il a été condamné à neuf mois de prison ferme et au versement de 2500 pour la partie civile. Eric Piedoie est un drôle de personnage. Pour gagner la confianceduconcierge de l’hôtel Hermitage, cet artiste peintre se présente avec un tableau de grande valeur qu’il propose de laisser en gage de sa bonne foi. Mais comme il est impossible de débiter sa carte bancaire, l’employéaquelque inquiétude. Il fait des recherches sur Google et s’aperçoit que patronyme et visage correspondent à une personne condamnée en France. Il en fait part à sa direction et la SBM dépose plainte auprès de la Sûreté publique.
« Il faut tout vérifier chez vous… »
Le sexagénaireest interpellé le 14 juillet. Fouillé et interrogé, il relie sa venue en Principauté à une rencontre avec les opérateurs du bureau de Sotheby’s Monaco dans l’optiquedevendrece fameux tableau. Présenté à l’expert, il s’avère que c’est une copie, un faux! « Il faut tout vérifier chez vous, remarque le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. Commençons par les papiers en votrepossession. » Réponseduprévenu: « J’ai ces documents car je gère l’héritage familial… » La carte de crédit désactivée? « Elle appartientàmon frère, mais si l’hôtel me l’avait demandé, j’aurais réglé en espèces… » Le magistrat ne lâche rien: « Votre frère adéposé plainte en France pour usurpation d’identité… » Là, ça sent l’embrouille: « Parce que j’avais mal libellé un chèque et sa démarche avait pour but,
à l’époque, de me sortir de mes ennuis parisiens… » Et le téléphone? « Il a été achetéàNice avec un paiement partagé sur deux cartes bancaires et l’abonnementaété souscrit au nom de mon frère. »
faux César à son palmarès
Côtépersonnalité, d’après le président, Eric Piedoie est qualifié par ses proches de voleur, mégalo, qui a des problèmes avec l’alcool et la drogue et vit au-dessus de ses moyens! « Votre passé judiciaire français est jalonné de vingtcinq mentions depuis 1983 pour vols avec effraction, contrefaçon, stupéfiants, ivresse, faux, violences sur conjoint, escroquerie… » Me Thomas Giaccardi, aux intérêts de la SBM, réclamera 1411€ plus 5000€ pour frais et dommages. « À ce jour, malgré les promesses, aucun paiement n’est parvenu. Ce délinquant est un escroc, il ne réglera jamais cette somme! » Après avoir rappelé le panel d’infrac- tions reprochées et le faux tableau estimé à soi-disant3millions d’euros, le procureur Cyrielle Colle évoque l’efficacité des registres d’hôtels en Principauté, « même si la ressemblance avec son frère rendait les pièces crédibles. Cet homme avait l’intention de rester à l’Hermitage jusqu’au 19 juillet. Il est surtout connu dans la région pour avoir contrefait 68 oeuvres de l’artiste César. Ses explications ne sont pas crédibles et les pièces retrouvées ont été volées afin d’obtenir des crédits à la consommation. Avec un pareil passé délinquant, je requiers neuf mois de prison ferme ». Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public. C’est donc le retour à la case prison pour Eric Piedoie. Condamnéàquatreans de prison fermeen janvier 2010 pour la contrefaçon des oeuvres de César et incarcéréàGrasse, il avait sollicité quelques mois plus tard sa remise en liberté pour raisons de santé, arguant d’un pronostic vital engagé à court terme.