Make-up forever
Installée à Roquebrune, la maquilleuse belge Christelle Lays entend bien faire connaître son coup de crayon dans la région
Elle est pétillante, coquette, indépendante et déterminée. Bref, passionnée. Àtout juste 30 ans, Christelle Lays est une femmedeson temps. Une maquilleuse professionnelle à la page des réseaux sociaux et autres tutos chéris de la nouvelle génération. Experte dans la mise en beauté, voire du morphing, elle réunit jusqu’à 100000 personnes par vidéo sur sa chaîne Youtube où elle compile les conseils make-up. Des courts métrages pédagogiques que l’artiste réalise elle-même. Portrait d’une perfectionniste jusqu’au bout des ongles, aujourd’hui installée à Roquebrune-Cap-Martin… « J’ai travaillépour Chanel en Belgique et je suis venue un week-end ici. Je suis revenue pour le plaisir et suis tombée amoureuse de l’endroit. Je me suis dit “la Belgique c’est bien beau mais le soleil d’ici”...( sourire) » Jusqu’à éliredemeure sur la Côte d’Azur. « J’ai toujours mon pied-à-terreenBelgique, avec mon studio, mais l’annéedernière j’ai vécu huitmois àRoquebrune. Je remonte plus pour ma famille, pour me ressourcer. » Aînéed’une fratrie de cinq soeurs, Christelle est aussi le fruit d’une famille sans aucune prédisposition artistique d’où émerge pourtant – et précocement – une fibre créative. « Petite, ma maman m’emmenait à la fête foraine et, à la pêche au canard, je prenais souvent le coffret de maquillage en cadeau… » Les drapsdelachambre s’en souviennent… Mais rapidement, les gronderies maternelles deviennent encouragements. «À 14 ans, j’ai voulu rentrer dans une école de maquillage mais je ne pouvais pas avant 18 ans. Ma mèreapris la décision de me mettre en esthétique parce qu’on y allie aussi le monde de la beauté. Sauf qu’en fait, la beauté et l’esthétique, c’est complètement différent parce que tu parles de main, de pied, de soins du visage etc. Mais j’avais quandmêmeune fois par semaine du maquillage donc j’étais contente. »
Paillettes, plumes et travestis
La majorité obtenue, elle intègre l’école tant espérée près de Namur. Le déclic aura le visage d’un futur pair. « J’ai reçu une formation du maquilleur attitré de chez Lancôme et j’ai senti que c’était vraiment ça que je voulais faire. » S’ensuit l’obtention d’un diplôme avec une option gestion pour, pourquoi pas, ouvrir uncommerce. Mais hors de question de se sédentariser, Christelle veut voir du pays. Briser lesapriori. « Avant d’arriver à l’école, pour moi le maquillage c’était les strass, les paillettes, les travestis, les plumes… et pas le côté “on arrive avant tout le monde et on repart très tard”. » Une réalité loin de la décourager aujourd’hui. « Je ne travaille pas toute l’année, je suis envacances car c’est une passion (rires). J’adore ça! » Unappétit jamais rassasié. Pour preuve la multitude de formations courtesportées à son CV. « J’ai fait Make Up For Ever, Fardel, Kryolan, Pupa, Chanel… Et j’ai eu la chance de découvrir un artiste. J’ai passé des heures dans son atelier pour faire des bodypainting. C’est vraiment lui qui m’a montré ce côté artistique et la base des effets spéciaux. »
De Men in Black à Avatar
Un coup de coeur qui l’a alors conduite à Strasbourg pour côtoyer, en stage, deux maîtres américains des effetsspéciaux. Jordu Schell et Kazuhiro Tsuji. Les pères des faciès de Madame Doubtfire, Men in Black, Le Grinch ou encore Avatar. « C’est fou, exceptionnel. Jordu crée un personnage de Men in Black en 30 minutes alors que d’autres mettent 3 ou 4 jours. Il fait un masque de Morgan Freeman en silicone en une semaine. » Subjuguée par leur dextérité, Christelle agrandit sa propre palette technique. Atout évident dans un milieu où le souci d’économie amène à préférer une maquilleuse polyvalente plutôt qu’une batterie de spécialistes. Navrée d’une tendance au formatage dans les écoles – « Quand je prends des petites assistantes avec moi, elles font souvent du copier-coller de leurs professeurs » – l’artiste belgemultiplie les expériences indépendantes pour se forger. Tournage de films ou clips musicaux, collaboration avec des médias (RTL) ou magazines– dont MonacoMonsieur –, maquilleuse attitréedeChantal Thomass lors de ses séjours en Principauté, ou encorelapréparationdes équipesdu Sass Café, depuis deux ans, pour Halloween. Une fête goûtée de cette amatrice de films d’horreur. Non pas que le gore l’attire mais plutôt pour l’envers du décor. Lecoup de crayon ou la matière utilisés.
Le phénomène Kardashian
Autre de ses compétences, le « black light », ou maquillage fluorescent. Un exercice de style puisqu’à l’aveugle, dans le noir. Au rang de ses demandes les plus extravagantes, Christelle refusera de peindre des gens nus à l’occasion d’une soirée libertine. « Je suis quelqu’un d’assez autoritaire, carré et perfectionniste, donc si ça ne va pas comme je veux… (rires) Dans le boulot, il n’yapas d’écart » , glissecelle qui ne fait pas dans la poudre aux yeux. Les tendances du moment? « Le maquillage pour homme; de plus en plus et ils se cachent pour ça. Onn’est pas encore dans le fond de teint ou l’anticernes mais la petite poudre pour donner un effet bonne mine ça arrive. » «Ilyaaussi lephénomène Kim Kardashian, le contouring. Une véritable catastrophe pour les particuliers qui appliquent toutes les mêmes techniques alors que ça consiste à structurer le visage… » « Sinon en cemoment, l’effet highlighter est très tendance pour donner de la lumière au visage. » Impossible de coller la docteur ès maquillage quiadéjàentête « ungrand projet dans la région » : « plus que devenir une simple formatrice ». On n’en saura pas plus... « J’ai donné la prioritéàmon travail. Je dorsmake-up, mange make-up, fais toutmake-up. Au lieu de regarder un bon film, je vais regarder des vidéos autour du maquillage… » , ajoute celle qui bichonne ses client(e)s. « Jevais chaque semaine en boutique et je commande aux Etats-unis, j’ai mon réseau… Une marque spécifique avec laquelle j’aime travailler les best-seller des autres marques. » Des instruments ensuite décryptés dans ses fameux tutoriels sur Internet. Une maquilleuse face caméra, certainement le plus exquis des paradoxes pour ce métier confiné aux coulisses. « Quand tu travailles, surtout pour la télé, il faut être très discrète, toujours habillée en noir et pas forcément bienmaquillée. Il y a aussi un côté psychologue. On entend tout et on ne dit rien, il faut être assez discret et mettre en valeur les autres. » L’essence. www.christellelays.com