Monaco-Matin

Make-up forever

Installée à Roquebrune, la maquilleus­e belge Christelle Lays entend bien faire connaître son coup de crayon dans la région

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Elle est pétillante, coquette, indépendan­te et déterminée. Bref, passionnée. Àtout juste 30 ans, Christelle Lays est une femmedeson temps. Une maquilleus­e profession­nelle à la page des réseaux sociaux et autres tutos chéris de la nouvelle génération. Experte dans la mise en beauté, voire du morphing, elle réunit jusqu’à 100000 personnes par vidéo sur sa chaîne Youtube où elle compile les conseils make-up. Des courts métrages pédagogiqu­es que l’artiste réalise elle-même. Portrait d’une perfection­niste jusqu’au bout des ongles, aujourd’hui installée à Roquebrune-Cap-Martin… « J’ai travaillép­our Chanel en Belgique et je suis venue un week-end ici. Je suis revenue pour le plaisir et suis tombée amoureuse de l’endroit. Je me suis dit “la Belgique c’est bien beau mais le soleil d’ici”...( sourire) » Jusqu’à éliredemeu­re sur la Côte d’Azur. « J’ai toujours mon pied-à-terreenBel­gique, avec mon studio, mais l’annéederni­ère j’ai vécu huitmois àRoquebrun­e. Je remonte plus pour ma famille, pour me ressourcer. » Aînéed’une fratrie de cinq soeurs, Christelle est aussi le fruit d’une famille sans aucune prédisposi­tion artistique d’où émerge pourtant – et précocemen­t – une fibre créative. « Petite, ma maman m’emmenait à la fête foraine et, à la pêche au canard, je prenais souvent le coffret de maquillage en cadeau… » Les drapsdelac­hambre s’en souviennen­t… Mais rapidement, les gronderies maternelle­s deviennent encouragem­ents. «À 14 ans, j’ai voulu rentrer dans une école de maquillage mais je ne pouvais pas avant 18 ans. Ma mèreapris la décision de me mettre en esthétique parce qu’on y allie aussi le monde de la beauté. Sauf qu’en fait, la beauté et l’esthétique, c’est complèteme­nt différent parce que tu parles de main, de pied, de soins du visage etc. Mais j’avais quandmêmeu­ne fois par semaine du maquillage donc j’étais contente. »

Paillettes, plumes et travestis

La majorité obtenue, elle intègre l’école tant espérée près de Namur. Le déclic aura le visage d’un futur pair. « J’ai reçu une formation du maquilleur attitré de chez Lancôme et j’ai senti que c’était vraiment ça que je voulais faire. » S’ensuit l’obtention d’un diplôme avec une option gestion pour, pourquoi pas, ouvrir uncommerce. Mais hors de question de se sédentaris­er, Christelle veut voir du pays. Briser lesapriori. « Avant d’arriver à l’école, pour moi le maquillage c’était les strass, les paillettes, les travestis, les plumes… et pas le côté “on arrive avant tout le monde et on repart très tard”. » Une réalité loin de la décourager aujourd’hui. « Je ne travaille pas toute l’année, je suis envacances car c’est une passion (rires). J’adore ça! » Unappétit jamais rassasié. Pour preuve la multitude de formations courtespor­tées à son CV. « J’ai fait Make Up For Ever, Fardel, Kryolan, Pupa, Chanel… Et j’ai eu la chance de découvrir un artiste. J’ai passé des heures dans son atelier pour faire des bodypainti­ng. C’est vraiment lui qui m’a montré ce côté artistique et la base des effets spéciaux. »

De Men in Black à Avatar

Un coup de coeur qui l’a alors conduite à Strasbourg pour côtoyer, en stage, deux maîtres américains des effetsspéc­iaux. Jordu Schell et Kazuhiro Tsuji. Les pères des faciès de Madame Doubtfire, Men in Black, Le Grinch ou encore Avatar. « C’est fou, exceptionn­el. Jordu crée un personnage de Men in Black en 30 minutes alors que d’autres mettent 3 ou 4 jours. Il fait un masque de Morgan Freeman en silicone en une semaine. » Subjuguée par leur dextérité, Christelle agrandit sa propre palette technique. Atout évident dans un milieu où le souci d’économie amène à préférer une maquilleus­e polyvalent­e plutôt qu’une batterie de spécialist­es. Navrée d’une tendance au formatage dans les écoles – « Quand je prends des petites assistante­s avec moi, elles font souvent du copier-coller de leurs professeur­s » – l’artiste belgemulti­plie les expérience­s indépendan­tes pour se forger. Tournage de films ou clips musicaux, collaborat­ion avec des médias (RTL) ou magazines– dont MonacoMons­ieur –, maquilleus­e attitréede­Chantal Thomass lors de ses séjours en Principaut­é, ou encorelapr­éparationd­es équipesdu Sass Café, depuis deux ans, pour Halloween. Une fête goûtée de cette amatrice de films d’horreur. Non pas que le gore l’attire mais plutôt pour l’envers du décor. Lecoup de crayon ou la matière utilisés.

Le phénomène Kardashian

Autre de ses compétence­s, le « black light », ou maquillage fluorescen­t. Un exercice de style puisqu’à l’aveugle, dans le noir. Au rang de ses demandes les plus extravagan­tes, Christelle refusera de peindre des gens nus à l’occasion d’une soirée libertine. « Je suis quelqu’un d’assez autoritair­e, carré et perfection­niste, donc si ça ne va pas comme je veux… (rires) Dans le boulot, il n’yapas d’écart » , glissecell­e qui ne fait pas dans la poudre aux yeux. Les tendances du moment? « Le maquillage pour homme; de plus en plus et ils se cachent pour ça. Onn’est pas encore dans le fond de teint ou l’anticernes mais la petite poudre pour donner un effet bonne mine ça arrive. » «Ilyaaussi lephénomèn­e Kim Kardashian, le contouring. Une véritable catastroph­e pour les particulie­rs qui appliquent toutes les mêmes techniques alors que ça consiste à structurer le visage… » « Sinon en cemoment, l’effet highlighte­r est très tendance pour donner de la lumière au visage. » Impossible de coller la docteur ès maquillage quiadéjàen­tête « ungrand projet dans la région » : « plus que devenir une simple formatrice ». On n’en saura pas plus... « J’ai donné la prioritéàm­on travail. Je dorsmake-up, mange make-up, fais toutmake-up. Au lieu de regarder un bon film, je vais regarder des vidéos autour du maquillage… » , ajoute celle qui bichonne ses client(e)s. « Jevais chaque semaine en boutique et je commande aux Etats-unis, j’ai mon réseau… Une marque spécifique avec laquelle j’aime travailler les best-seller des autres marques. » Des instrument­s ensuite décryptés dans ses fameux tutoriels sur Internet. Une maquilleus­e face caméra, certaineme­nt le plus exquis des paradoxes pour ce métier confiné aux coulisses. « Quand tu travailles, surtout pour la télé, il faut être très discrète, toujours habillée en noir et pas forcément bienmaquil­lée. Il y a aussi un côté psychologu­e. On entend tout et on ne dit rien, il faut être assez discret et mettre en valeur les autres. » L’essence. www.christelle­lays.com

 ?? (Photos Jean-François Ottonello et Christelle Lays) ?? En bas à gauche: mise en beauté pour un shooting photo. Au centre: un exemple de maquillage « black light ». Ci- dessous: le dernier projet de Christelle : trois mois de labeur pour cette coiffe en strass.
(Photos Jean-François Ottonello et Christelle Lays) En bas à gauche: mise en beauté pour un shooting photo. Au centre: un exemple de maquillage « black light ». Ci- dessous: le dernier projet de Christelle : trois mois de labeur pour cette coiffe en strass.
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