L’équation de Fillon

C’est la mode médiatique du moment: François Fillon patine! Avec pour corollaire cette question: comment peut-il relancer sa campagne? Son déplacement de deux joursà Nice marque, de fait, une volonté de sortir des débats qu’ont provoqués ses projets de réforme de la Sécurité sociale ou ses propositions sur la réduction du nombre de fonctionnaires. Le voici sur le terrain dit régalien pour aborder, notamment, les questions de sécurité, de terrorisme et d’immigration. Nice, lieu symbolique pour traiter de ces sujets six mois après l’horrible attentat de la promenade des Anglais. Terrain, au demeurant, sur lequel le candidat de la droite est crédible. Non seulement parce qu’il a gouverné mais aussi parce qu’il a publié au mois de septembre dernier, pendant la primaire de la droite, Vaincre le totalitarisme islamique, un livre qui démontre sa connaissance du dossier et sa fermeté. En vérité, cette étape niçoise ne fait que souligner l’équation que doit résoudre François Fillon. Après sa victoire par K.-O. dans la primaire, il lui faut trouver un second souffle pour aborder la campagne présidentielle elle-même. Il y a cinq ans, François Hollande avait connu le même fléchissement dans les semaines suivant son succès dans la primaire de la gauche. Il n’était sorti de ce faux plat que le  janvier avec son discours du Bourget. Il y avait abattu avec force et talent ses cartes, surfant ensuite sur la vague qu’il avait alors soulevée. Le  janvier , Nicolas Sarkozy, porte de Versailles, avait lui aussi déclenché dans un discours puissant et brillant le mouvement qui allait le faire triompher. Bref, l’un et l’autre ont trouvé le chemin de la victoire dans un grand meeting fondateur, tutoyant alors l’Histoire. Nul doute que François Fillon, en plus des indispensables déplacements sur le terrain, ne doive lui aussi dans les prochaines semaines lancer sa campagne avec une intervention de référence, dessinant le futur de la France, traçant sa feuille de route pour le concrétiser. Certes, laprimaire luiapermis de déposer bon nombre de cailloux blancs sur la route de l’Élysée. Ilamarqué cette première étape en innovant: jamais il n’a cédé à la tentation de promesses démagogiques. Il a forgé son image autour de la notion d’effort individuel et collectif. Il doit encore dire où il veut emmener le pays à travers la politique qu’il propose, endéfinir la place dans le monde et dans une Europe dont il doit aussi décrire l’avenir. Bref, il a encore dugrain en moudre. On l’attend au-delà des mesures proposées sur un horizon et une vision. Comme disait le général de Gaulle dont il se réclame, il lui faut dévoiler cette « certaine idée » qu’il se fait de la France de demain.

« François Fillon doit, lui aussi, lancer sa campagne avec une intervention de référence, dessinant le futur de la France. »