Cluzet et les barbouzes
Deux ans après un « burn-out », Duval (François Cluzet) est toujours au chômage. Contacté par un homme d’affaire énigmatique (Denis Podalydès), il se voit proposer un travail simple et bien rémunéré: retranscrire des écoutes téléphoniques. Aux abois financièrement et avide de retrouver un travail, Duval accepte, sans s’interroger sur la finalité de l’organisation qui l’emploie. Précipité malgré lui au coeur d’un complot politique, il va devoir affronter la mécanique brutale du monde des services secrets… Voici un nom à retenir: Thomas Kruithof. Pour sonpremier long-métrage, ce jeune autodidacte parisien signe, avec La Mécanique de l’ombre, un film d’espion- nage d’une raremaîtrise dans la mise en scène, comme dans l’écriture. C’est d’ailleurs sur la seule foi de son scénario qu’il a réussi à financer le film et à réunir devant sa caméra la crème des acteurs français. François Cluzet, qui choisit désormais avec le plus grand soin ses projets, ne s’est pas trompé en accordant sa confiance à ce débutant. La caméra de Thomas Kruithof ne le lâche pas et traque la moindrede ses expressions, dans ce personnage de taiseux sur lequel le scénario se referme peuàpeu comme un étau. Sa prestation, épurée à l’extrême, pourra être étudiée dans les cours de comédie au chapitre « comment exprimer beaucoup avec le moins d’effets possible ». Depuis Intouchables, Cluzet est devenu un maître en lamatière. Ici, il touche carrément au génie. Face à lui, Denis Podalydès et Sami Bouajila sont au diapason. C’est un pur régal de les voir se donner la réplique. Le seul défaut du film est d’être presque trop maîtrisé: il donne l’impression d’une certaine facilité, alors que tout y est calculé, pensé, millimétré. En interview, Thomas Kruithof cite Conversation secrète de Francis Ford Coppola comme référence absolue. Il aurait pu trouver plus mauvais maître... Quelques années avant la Guerre civile américaine, Nat Turner (Nate Parker) est un esclave cultivé. Son propriétaire, Samuel Turner (Armie Hammer), financièrement sous pression, accepte une offre visant à utiliser ses dons de prédication dans le but d’assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté… Placé parmi les grands favoris pour les Oscars, surtout après la polémique légitime et l’absence de nomination d’acteurs de couleurs l’an dernier, The Birth of a Nation peut déjà s’enorgueillir d’avoir récolté le grand prix à Sundance ainsi que les suffrages du public. Pour le moins étrange vu que l’on cherche encore le côté indépen-