Juliette Méadel répond à nos questions
Juliette Méadel, secrétaire d’État chargée de l’aide aux victimes, sera aujourd’hui à Nice. Indemnisations, début de polémique, elle répond à nos questions
Marine Brenier, députée des Alpes-Maritimes vous a interpellée mardi à l’Assemblée nationale sur la lenteur d’indemnisation des victimes. Qu’avez-vous à lui répondre? Tout d’abord, je voudrais dire que derrière les attentats, il y a des hommes, des femmes, et des enfants, des vies brisées et que l’argent ne leur rendra pas leurs proches disparus et leur vie d’avant. Ensuite, le nombre de personnes concernées révèle l’ampleur du travail déjà accompli. Au janvier , le fonds avait traité dossiers d’indemnisation. À ce jour c’est une somme de euros qui a déjà été versée à titre de provision et d’indemnisation. Le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI) verse toujours rapidement les premières provisions, ce sont des avances sur indemnisation qui permettent de faire face aux besoins urgents. Ce fut le cas dix jours à peine après l’attentat de Nice pour les premières. Mais les dossiers doivent être examinés avec soin parce que chaque cas est unique et pour éviter les demandes illégitimes et les cas d’escroquerie. Le but est d’indemniser les victimes, toutes les victimes et rien que les victimes.
, millions, on est loin des millions que vous aviez annoncés... Ce chiffre est une anticipation globale du coût sur plusieurs années. Le FGTI indemnise les victimes au fur et à mesure de la consolidation des blessures. Chaque victime, chaque préjudice est unique. Ce ne seront pas millions au bout de cinq mois, mais quand toutes les victimes auront été consolidées et indemnisées. Et cela va prendre du temps.
Combien de victimes sont- elles encore hospitalisées? Quatre-vingt- huit blessés avaient été admis en établissement de santé, en urgence absolue. Il y avait mineurs. Aujourd’hui il n’y a plus de personnes en urgence absolue, mais trois sont encore aujourd’hui à l’hôpital: une au CHU de Nice et deux aux Invalides à Paris. Trois personnes sont en soins de suite et réadaptation, dont une à Larchet et deux plus largement en région Paca.
victimes ont été hospitalisées au total. Certaines sont retournées chez elles.
Qu’est-il fait pour s’assurer qu’elles vont bien? Le service public d’aide aux victimes, et en particulier l’association Montjoye qui est conventionnée avec l’État, dispose d’une liste de personnes contactées périodiquement. Le choix fait par l’État est de ne pas être intrusif. Les victimes ont accès à toutes les informations, elles savent que si elles ont besoin, elles trouvent quelqu’un au bout du fil. Le site internet GUIDE (www.gouvernement.fr /guide-victimes) que j’ai lancé l’été dernier leur permet d’avoir accès à une assistance par internet et d’être contactées directement par les agents du FGTI si elles le souhaitent.
Savez-vous où se trouvent ces victimes? Je suis en train d’installer des comités locaux de suivi des victimes, dont l’attentat de Nice, dans tous les départements de France. Ainsi le préfet de chaque département et les autorités judiciaires connaissent les noms et savent combien ils ont de victimes de l’attentat de Nice dans leur département.
L’association Promenade des Anges avait prédit un tsunami social pour les survivants. Elle
affirme que ce tsunami annoncé est en train de s’abattre sur eux. C’est votre impression?
Plus qu’un tsunami social, c’est une dévastation humaine. L’État travaille pour permettre leur reconstruction physique et psychologique. C’est pour cela que jeme rends jeudi [aujourd’hui, ndlr] à Lenval pour une séance de travail avec les psychanalystes, psychiatres et pedo psychiatres. Une fois que
les soins physiques et psychologiques sont mis en oeuvre, nous travaillons à l’indemnisation. Vient ensuite la question du retour à l’emploi.
C’est un défi?
Le retour à l’emploi est une question à laquelle je suis très attachée. Lors de la Conférence internationale de l’aide aux victimes que j’ai organisée lundi à Paris, j’ai mis en exergue avec le ministre de l’Intérieur espagnol une de leurs pratiques que je trouve excellente. Elle consiste à réserver par la loi un droit prioritaire d’accès au retour à l’emploi pour les victimes d’attentats terroristes et peutêtremême un quota. Retrouver un travail, c’est une des manières les plus sûres de retrouver le chemin d’une vie supportable.
Il y aura un projet de loi?
Non, car nous n’avons plus de place dans le calendrier parlementairemais j’ai déjà commencé à travailler avec le ministère de l’Emploi et la direction générale du travail pour repérer les entreprises avec lesquelles nous pourrons contractualiser. Je pense que cela sera une des propositions sur lesquelles il faudra travailler dans le cadre de la campagne présidentielle.
Vous signez ce jeudi une convention d’installation de l’espace d’accueil des victimes à l’Arenas, ouvert depuis deux jours. À quoi sert-il?
C’est un guichet unique qui a une mission de coordination et d’accompagnement des victimes. Son rôle est d’identifier les besoins exprimés par les victimes, comme le retour à l’emploi et de les aider à mobiliser leurs droits. Ce guichet offre une information complète, et oriente vers des avocats, le FGTI, des notaires, les associations, etc. et accompagner les victimes dans la constitution des dossiers.