Qui sort grandi du premier débat à gauche?
Le débat inaugural de la primaire de la Belle Alliance populaire aura laissé un goût d’inachevé hier soir. Les échanges, de bonne tenue, n’ont pas encore permis d’établir une réelle hiérarchie
Le 13 octobre dernier, le premier débatde laprimairede la droite avait réuni 5,6millions de spectateurssur TF1. La joute initiale de La Belle Alliance populaire n’en aura sans doute pas attiré autant. Et il est àcraindreque le prochain débat, qui pointe le bout de son nez dès dimanche, en rassemble encore un peu moins. La qualité intrinsèque de chacun des débatteurs n’est pas en cause. Mais, comment le dire sans être catalogué de suppôt de la droite? Ce premier échange ne fut pas loin d’être une purge. Il fut à tout le moins poussif. Il aura traîné en longueur, tout en survolant souvent les dossiers, un comble. Les postulants n’en sont pas seuls responsables. La faute en incombe, d’abord, à un format qui ne permet ni aux candidats d’exposer vraiment leurs convictions, ni au dialogue de s’enflammer. Les candidats de la droite, par la force de personnalités plus marquées, avaient malgré tout réussi à s’en affranchir pour truffer leur rivalité de moments saillants. Ce petit théâtre, si futile soit-il, contribue à rendre la politique attractive. Il en faut aussi, à dose raisonnable.
Nuances de rose
On aura au moins bien compris que le futur champion de cette primaire défendra et amendera, à des degrés divers, un modèle
économique et social que François Fillon, il l’assume, veut lui totalement bousculer et refonder. Entre les sept candidats de la gauche, les graduations, voire les divergences, sont néanmoins plus affirmées qu’entre ceux de la droite. Du réformisme à la rupture, les projets s’étagent sur plusieurs niveaux. Bien malin, en tout cas, qui pourra dire avec aplomb lequel des sept postulantsamarqué hier soir des points. François de Rugy a réussi à faire valoir son bon sens et sa
clarté. Jean-Luc Bennahmias a apporté sa tonitruance. Très carrée, Sylvia Pinel, en dépit de son accent délicieux, a malgré tout fait regretter la plus ébouriffante NKM. Du côté des néo-éléphants, Arnaud Montebourg aura semblé déchiré entre son bagout naturel et la volonté de prouver qu’il peut fairepreuve d’une sobriété de présidentiable. Benoît Hamon, certes précis, n’aura pas vraiment réussi à faire passer l’audace de son projet, ni a fortiori à grignoter son retard supposé sur l’ancien
député de Saône-et-Loire. Vincent Peillon, lui, semble êtreplutôt parvenu à faire infuser son positionnement revendiqué central.
Valls en défense
Manuel Valls, dans la position délicate de l’héritier malgré lui du hollandisme, est fatalement apparu, comme cela avait été le cas pour Alain Juppé, un peu plus sur la défensive que ses adversaires. Histoire de ne pas scribouiller pour rien, surtout quand les impressions sont aussi floues, on se souviendra juste à cet instant de l’euphorie qui régnait dans le clan Juppé au soir du 13 octobre. « On a gagné, on a gagné ! » , clamaient ses partisans… « Mais c’est pas fait, mais c’est pas fait » , les calmait le mairedeBordeaux. Il ne croyait sans doute pas si bien dire. Pour les candidats de La Belle Alliance, l’incertitude est corsée par une adversité qui semble aujourd’hui difficileàbousculer, quand le vainqueur supposé est, pour l’instant, distancé par quatre autres candidats, dont Mélenchon et Macron, dans les sondages présidentiels. C’est aussi cette perception d’un combat pour du beurre qui fausse la perception d’un débat qui peut paraître tourner à vide, malgré un indéniable brassage d’idées.