Jean-Claude Guibal :
Une page se tournera en pour Jean-Claude Guibal. Élu depuis vingt ans à l’Assemblée nationale, le maire de Menton ne se représentera pas en juin prochain. Du coup, alors qu’il comptait effectuer son cinquième et dernier mandat municipal, le voilà d’attaque pour le scrutin de . Et peu importe s’il rempile, pour la supposée “der des ders”, à ans – ahoui au fait, il fête ses ans très exactement aujourd’hui. C’est donc dans son fauteuil de maire auquel il semble irrémédiablement accroché que Jean- Claude Guibal a reçu Nice- Matin, hier matin, pour parler de politique, d’aménagements, de phénomène migratoire… et d’un tas d’autres sujets. Car il adore les digressions, le maire de Menton, autant qu’il aime le verbe et les grandes idées, les réflexions, les analyses. Pour interviewer JeanClaude Guibal, il faut avoir du temps. Et l’envie de voyager avec lui dans l’Histoire et la géopolitique, de le suivredans sa vision politique et intellectualisée du monde. Je retiendrais surtout une belle idée qui ne s’est pas concrétisée. Celle de l’Union pour la Méditerranée. Parvenir à donner une cohérence, une existence à l’espace méditerranéen dans un monde multipolaire était, pour moi, une nécessité, cela relevait du rôle premier de la politique. La Méditerranée est le lieu où se concentrent le plus grand nombre de conflits depuis deux ou trois décennies. Et ça va continuer. L’Union pour la Méditerranée était plus qu’une utopie, une opportunité de s’occuper de cette question.
Vous lâchez donc votre siège de député sur un regret… Ce n’était peut- être pas une bonne idée puisqu’elle n’a pas trouvé sa légitimité dans sa capacité à se réaliser.
Et votremeilleur souvenir? Le rapport que j’ai réalisé sur le thème “Stabilité et développement en Afrique”. Dans ce continent qui va doubler de population en trente ans – deux milliards d’habitants en –, on constate des flux migratoires importants et des pays sans État, c’est-à- dire sans armée, sans police, sans système éducatif ou sanitaire. Des pays où les populations sont livrées à ellesmêmes. On estime à millions par an le nombre demigrants à Le problème aujourd’hui, c’est qu’il faut distinguer les demandeurs d’asile – qui fuient leur pays pour sauver leur vie – desmigrants économiques. Ce sont ceux-là que l’on retrouve à nos frontières: des Érythréens, des Soudanais, des Afghans. Auxquels s’ajoutent depuis peu des francophones du Sahel et d’Afrique du nord. Mais la grande majorité cherchent à entrer en Europe pour travailler. Interceptés à la frontière, ils sont automatiquement acceptés en réadmission par les Italiens. Qui les rediffusent dans le pays pour que Vintimille ne se transforme pas en Calais.
Quelle(s) solution(s)? J’ai pensé, dès l’origine, qu’il fallait fermer les frontières et ne Candidat aux municipales car « ce que je fais me passionne ».
l’intérieur du continent africain. L’objet du rapport était de réfléchir aux moyens de stabiliser ce continent. On constate aujourd’hui à quel point le sujet est majeur ( lire ci- dessous).
Dans le registre local, Xavier Beck sera le candidat des Républicains dans votre circonscription. Vos relations n’ont pas toujours été tendres… Xavier Beck est le maire de Capd’Ail. Il a été le suppléant du général Aubert. Je me suis présenté contre lui en . Il se trouve que j’ai gagné. Ce qui a pu provoquer quelques tensions. Pas vraiment de ma part… Quand il s’est agi de construire les pas laisser penser à ces pauvres gens que leur avenir était en Europe; ils vont courir des risques qui ne seront pas payés en retour. Il est inhumain de laisser croire à des gens qui ont du mal à vivre chez eux que ce sera possible ici. Aussi faut-il parvenir à trouver un équilibre entre Schengen et le contrôle des frontières. Les problèmes de migration ne peuvent être séparés de la question des menaces djihadistes. L’actualité montre que certains d’entre eux se sont glissés dans les flux migratoires. On ne peut prendre le risque de les faire entrer. Je préfère donc le danger de l’amalgame que celui de la béatitude et la naïveté. La migration reste l’un des trafics les plus juteux de la planète.
Les flux sont amenésàmonter en puissance… Si l’on sait que les phénomènes vont continuer, il faut s’inscrire dans le temps. Notre vraie responsabilité, c’est d’arriver à aider les gens à vivre là où ils sont. Et cela passe par le rétablissement des États, en faisant preuve d’une réelle intelligence culturelle.
Quid du août ? Ce jour-là, migrants ont forcé la frontière. Cela a eu un fort effet symbolique. Mais en deux heures, l’ordre a été rétabli: les migrants sont montés dans les bus dans le calme. Nous sommes face à un phénomène nouveau, nous n’avons pas le mode d’emploi. Le problème se situe entre les droits de l’Homme et l’ordre public. Mais je constate que les policiers font preuve de beaucoup de professionnalisme: ils exécutent les ordres de tenir la frontière, tout en étant très sensibles à l’aspect humain, aux difficultés que vivent ces gens.
entités intercommunales, Xavier Beck a choisi d’aller dans la Métropole. Or, Cap- d’Ail a clairement sa place dans la Carf . Je le dis parce que je le pensemais aussi parce que je l’entends dans la rue. On me dit qu’il va être candidat aux législatives, alors qu’il n’est pas de chez nous. C’est la première fois que je perçois de la part des gens ce sentiment d’appartenance à une structure intercommunale. Je le soutiendrai naturellement. Vous avez soutenuNicolas Je suis fillonniste depuis vingt ans. J’aime bien le représentant d’une conception de l’État qui doit être à la hauteur de ses tâches régaliennes. J’aime bien aussi l’homme politique aux capacités d’homme d’État. Avec lui, on n’est pas dans la politicaillerie, les bagarres partisanes; on considère que les enjeux sont bien au- delà de tout ça. Je trouve d’ailleurs que son programme est audacieux sur le plan électoral.
En , vous annonciez vous présenter pour la dernière fois à la mairie. Depuis, vous semblez fairemachine arrière… Sur le principe, je suis contre le non-cumul des mandats. Je suis à la fois convaincu que quand on élabore la loi, c’est mieux de savoir comment elle est appliquée. Cependant, avec le nombre et la complexité des procédures, la longueur des délais pour réaliser des projets, on ne peut plus tout bien faire enmême temps. Aujourd’hui, j’estime que l’on ne peut pas assumer pleinement les deux mandats. Entre un grand délibératif et un petit exécutif, je choisis le second. Faire les choses, c’est mieux que d’en parler. Clairement. Ce que je fais me passionne.
Communautéd’agglomérationdelaRivierafrançaise.