L’attentat six mois après : l’insondable traumatisme
Alors qu’un espace d’aide aux victimes a été inauguré hier par Juliette Méadel, secrétaire d’État, les personnes touchées peinent à se reconstruire. Le chemin est semé d’embûches
Juliette Méadel a inauguré hier les nouveaux locaux de l’Espace d’information et d’accompagnement (EIA) des victimes de l’attentat de Nice. Six mois demain, déjà, qu’un terroriste a tué 86 personnes sur la promenade des Anglais et blessé plus de 400. Situés dans le quartier d’affaires de l’Arenas, à l’ouest de la ville, les bureaux offrent 300m2 pour l’aide aux victimes. L’espace, très impersonnel, est géré par Montjoye, agréée par l’État. Il accueille l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT) mais aussi psys, juristes, notaires, etc. Depuis le drame du 14 juillet, Montjoye a procédé à 3815 entretiens.
Absence remarquée
Un couac a terni cette inauguration: l’absence remarquée de la Fédération nationale des victimes de terrorisme (Fenvac) et surtout celle de l’association Promenade des Anges qui regroupe les victimes de l’attentat de Nice. Elles étaient pourtant invitées. StéphaneGicquel, président de la Fenvac, a assumé cette politique de la chaise vide. «Notre message était clair, y compris pour les victimes. Mme Méadel inaugure un lieu, à l’Arenas, sans nous avoir consultés! » D’autant que la Fenvac et son éma- nation Promenade des Anges, sont déjà installés depuis peu au 42, rue Verdi à Nice, en plein centre. «Nous avons choisi ce lieu car les 1000 victimes que nous accompagnons sont, pour beaucoup, encore traumatisées, explique Sté- phane Gicquel, président de la Fenvac. Nombre d’entre elles sont incapables de retourner sur la Prom’. C’est pourtant au 455, promenade des Anglais qu’a été fait le choix d’installer l’Espace d’information… » Réfutant l’argument, la secrétaire d’État a rappelé que toutes les associations qui le souhaitent peuvent être présentes à l’EIA. « Je ne veux pas ajouter de la douleur à la douleur en complexifiant les procédures. Je souhaitais que tout se fasse en un même endroit.» Mais, consciente de la polémique, et alors que la visite n’était pas à son agenda, la secrétaire d’État s’est finalement rendue dans les locaux de la Fenvac et de Promenade des Anges, rue Verdi, vers 12h30. Au pas de charge. Un déplacement intercalé endernière minute entre l’inauguration et un déjeuner avec le maire, Philippe Pradal, et avant un passage à l’hôpital Lenval et en préfecture. Pas le temps de s’asseoir avec les familles de victimes. Elles avaient pourtant beaucoup à dire. À l’image de la mère de Camille Murris, 27 ans, tuée dans l’attentat. Elle n’a guère eu le temps d’interpeller laministre dans le couloir de l’association. Elle devait repartir. Hier soir, la ministre avait repris l’avion pour Paris.