La montée du populisme menace les démocraties
L’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes aux Etats-UnisetenEuropeet la montée de « l’intolérance» menacent les démocraties occidentales et les droits de l’homme, amis en garde l’organisationaméricaineHuman Rights Watch dans son rapport annuel publié hier. Ce document s’intéresse en général davantage aux abus dans des pays moins développés, mais cette fois-ci il pointe clairement du doigt le nouveau président américain. La campagne présidentielle de Donald Trump, élu le8novembre, est une « illustration frappante des politiques d’intolérance » , a ainsi estimé l’association dans un rapport de 704 pages qui fait le bilandes droits de l’homme dans 90 pays. La victoire de M. Trump reflète un dangereux « engouement pour les hommes forts » qui s’est exprimé aussi en Russie, en Chine, au Venezuela et aux Philippines, ces leadersétant « encouragés sur le chemin de la répression par la montée du populisme en Occident, et par la réponse inaudible des pays occidentaux». Dans un contexte d’inégalités économiques croissantes, d’attaques terroristesrégulières et d’une diversité raciale grandissante en Occident, leshommespolitiques comme Donald Trump ont exploité « une source de mécontentement » qui a fait des réfugiés, des immigrés et des minorités des boucs émissaires, dont la « victime la plus fréquente » est la vérité. M. Trump a « rompu avec les principes de base de dignité et d’égalité » dans ses attaques sans apporter de propositions « pratiques », estime HRW. Le directeur exécutif, Kenneth Roth, adéclaré lors de la présentation de ce rapport que l’élection de M. Trump avait été vue par certains des dirigeants, tels Hun Sen au Cambodge, comme « un feu vert pour poursuivre leur répression ». Et un dirigeant hongrois a justifié de son côté un coup de force en disant : « Nous sommes maintenant dans l’ère de Trump. » M. Roth a été particulièrement critique sur le choix de M. Trump de prendre Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil, commesecrétaire d’Etat : « C’est un gars qui a passé sa carrière à passer des accords avec des dictateurs », et qui lors de son audition mercredi au Sénat a cherché « excuse après excuse » pour ne pas prendre position contredes violations flagrantes des droits de l’homme. « Ce n’est pas un problème partisan, c’est à propos des droits », aencoresouligné M. Roth, ajoutant « notre meilleure manière de protéger les droits de l’homme est d’en parler franchement ».