La semaine de Roselyne Bachelot
Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité
Lundi
Ce début de semaine est l’occasion de découvrir deux livres au vitriol, terribles réquisitoires contre François Hollandepar des hommes qui se revendiquent socialistes. Son ancien conseiller Aquilino Morelle dans L’Abdication (Grasset) dresse un portrait du président de la République en social-traître qui n’est pas sans talent, mais sent le règlement de compte et le plaidoyer prodomo du collaborateur qui s’estime injustement évincé. Plus intéressanteest la démarche du journalisteClaude Askolovitch. Son livreComment se dire adieu? (J.-C. Lattès) restitue les errements de l’actuel président de laRépublique dans la longue lignée des reniements qui secouent lePS depuis la Libération. Le ton est brûlant de l’amour déçu d’un homme de gauche qui ne supporte plus les boursouflures langagières qui tentent de masquer les impuissances et les trahisons. Je partageengrande partie son analyse. Dans cette longue liste des fossoyeurs de la gauche et pour ne considérer que la Ve République, François Mitterrand jeta la première pelletée de terreenérigeant la concussion en système dans le fonctionnement du parti de la ruede Solférino puis le ruina en briguant un second mandat crépusculaire. Lionel Jospin, qui fut lui aussi premier secrétaireduparti pendant les années deplomb des scandales, puis, Premierministre, l’emmena au désastredu avril . Les caciques, après avoir tout fait pour fairebattre Ségolène Royal à laprésidentielle de , lui volèrent sa victoire à la tête du PS par un truandagedestiné à couronner uneMartine Aubry qui leur paraissait moins dérangeante qu’une agitatrice imprévisible. Les mêmes pensèrent que Dominique Strauss-Kahn serait l’hommeidéal pour protéger les prés carrés des grands féodaux alors que tous connaissaient et donc couvraient ses comportements impudiques. En cettefin demandat, les poignards que François Hollande avait su si bien manier, y compris contre la mère de ses enfants, se sont retournés contre lui. La tragédie arrive à son terme : la fin du PS est proche, et ses adversaires n’y auront étépour rien. Jeudi La visitedeMarine Le PenàlaTrump Toweravait quelque chose de lunaire et pas seulement parce qu’elle avait emmenédans ses bagagesunancien responsable de la secte Moon. Je ne sais qui est l’hurluberlu qui avait organisé ce déplacement, mais la candidate ferait bien de s’en débarrasser promptement. Ladate du déplacement fixée le lendemain de l’incroyable guignolade que fut la conférencedepresse du président élu des États-Unis semblait la placer dans le sillage d’un histrion malodorant. Les injures à lapresse, le refusdelaisser poser des questions à certains journalistes, laprésence de figurants stipendiés, l’étalage de dossiers destinés à accréditer la passation de ses affaires à ses fils, dossiers qui se révéleraient constitués de… feuilles blanches, les rodomontades grotesques alors que, au cours des auditions devant le Sénat, ses futurs collaborateurs tentaient de se dépêtrer de ses inconséquences, tout celaadressé un tableau désolant. L’imagede la présidenteduFront national sirotant un café dans un gobelet en carton à la table d’un bar de la Trump Tower dans l’attente d’un rendez-vous improbable qui n’est jamais venu n’était pas moins affligeante. Personne en effet ne peut croireune minuteque cette affairen’ait pas étémontée pour peaufiner la stature internationale de celle qui se voit déjà à l’Élysée. Pour cela, il aurait mieux valu obtenir un carton d’invitation pour le McCormick PlacedeChicago, là où Barack Obama prononçait mardi son discours d’adieu. Nous ne servons pas pour marquer des points, mais pour rendre la vie des gens meilleure, a-t-il assuré. Phraseàméditer pour ceux et celles qui pensent que la politique est faitede coups de com’, contestables quand ils sont réussis, calamiteux quand ils sont ratés
Vendredi
Finalement, ce débat de la primairedegauche organisé par la mal-nommée Belle Alliance populairene fut pas indigne, non, simplement très ennuyeux, tel d’ailleurs le premier de celle de la droite et du centre. Dans ce casting somme toutepâlot puisque les vedettes, Macron et Mélenchon, sont « ailleurs », on décernera le prix de la présidentialitébougonne àManuel Valls, duvolontarisme brouillonàArnaud Montebourg, de l’intellectualisme condescendant à Vincent Peillon, du romantisme inconséquent àBenoîtHamon. Commeaux Césars, la catégorie « espoirs » remarqua Jean-Luc Bennahmias dans un rôle de comique troupier et Sylvia Pinel dans celui – ingrat – de la cousine de province. Quant à François de Rugy, il jouait les utilités dont on est bien en peine de se rappeler une seule des répliques, une fois le rideau tombé. Il faut direque les pauvres avaient étébien cassés dans la matinée par une déclaration tonitruantedeAnne Hidalgo, qualifiant dans Le Monde
« La tragédie arrive à son terme : la fin du PS est proche, et ses adversaires n’y auront été pour rien. »
le quinquennat deHollande
« d’énorme gâchis » , alors qu’àpart Bennahmias, tous les protagonistes en sont les parties prenantes. La maire de Paris, en soutenant Vincent Peillonqui n’aobjectivement aucune chancede remporter cetteprimaire, s’est donc clairement positionnée comme recours pour . Affaire à suivre.
Samedi
Décidément, en cette semaine, la vie politique m’a semblé bien démoralisante. Les ténors de Les Républicains semblent désespérés d’avoir perdu leur titre de droite laplus bêtedumonde et font tout pour le récupérer à coupdequerelles picrocholines, Benoît Hamon affirme dans Libération qu’il n’est « pas un coup d’un soir » , déclaration de haute volée sans doute destinée à l’inscriredans ladurée. Emmanuel Macron, lui, engrange le soutiendeCorinne Lepage qui a trahiàpeu près tout le monde en courant depuis vingt ans après unposte ou une investitureet Jean-Luc Mélenchon se prend pour Cloclo et annonce une grande premièreen animant un meeting avec son hologramme. Heureusement que Thomas Pesquet nous a emportés hier dans les étoiles et réconciliés avec ce qu’il y a demieux dans l’humanité. Par sa simplicité, son intelligence, son sang-froid, sa capacité d’émerveillement, ce garçon nous a réjouis et sa sortie extravéhiculaire réconciliait la poésieet la technologie. Pesquet, président! Allez, je rigole…