Monaco-Matin

Le Carnegie Hall devient Paris avec Anne Carrere

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Le minois de Piaf se dessine sur le décor crème et or de la mythique salle new-yorkaise. En noir et blanc, l’icône duplice et ses yeux tourmentés envahissen­t l’espace. Le Carnegie Hall retient son souffle. En fond, Montmartre. Celui des années trente. Celui du tout-Paris qui danse, qui chante et qui hume la vie en rose aux terrasses des cafés. Celui de la tour Eiffel, de la foule, et des manèges qui tournoient, emportant les mômes dans des éclats de rires. Un Américain à Paris ? Non… Des milliers d’Américains à Paris ! Car ce soir-là, le Carnegie Hall, àdeux pas de Time Squareet de Central Park, est devenu Paname. Juste le temps de vider une bouteille de vin rouge, posée près du piano de Philippe Villa. De se laisser bercer par le son grave de l’agile contrebass­e de Daniel Fabricant. D’apprécier la légèreté folle de la batterie de Laurent Sarrien. Et de sourire de l’entrain virtuose de Guy Giuliano à l’accordéon… Ce soir-là, c’était un bond en arrière de 60 ans, c’était le temps pris au piège d’une voix et d’un tempéramen­t. Celui d’une môme qui chante la môme, qui entre sur scène et emporte tous les sens sur son passage. C’était le temps suspendu au talent d’Anne Carrere qui, comme Piaf, 60 ans avant elle, aembarqué en un instant les quelque 3000 spectateur­s venus assister à Piaf, The Show. Pour ne plus les lâcher, jusqu’à la dernièreno­te d’un spectacle qui va crescendo.

Paris en noir et blanc

Avec une premièrepa­rtie qui se déroule en sépiaet ennoir et blanc. En ombres chinoises qui vacillent, alors que la chanteuse varoise s’approprie l’espace. Du Moulin Rouge au Métropolit­ain, des gosses en culottes courtes aux belles des ruelles: Anne entame le show avec lepiaf intime, confidenti­el. La Goualante du pauvre Jean, Je m’en fous pas mal, Mon Vieux Lucien... Une premièrepa­rtie difficile pour un public anglophone. Et pourtant, ça fonctionne. Ilasuffi, ensuite, d’une note de Mon Légionnair­e pour que les spectateur­s soient en joie, avant que toutes les mains ne se lèventpour­ovationner Les Flons flons du bal. Le Carnegie Hall est déjà tout Piaf, est déjà tout… Anne.

Dédié à « Guiguy »

Place à ladeuxième partie. Mon Manège à moi, et c’est le triomphe. Jezebel, et laprouesse vocale scotchel’assistance. Padam, padam, padam… Et oui, ça chante du Piaf, un Américain ! Les Feuilles mortes, en anglais et en français reprise par le public envoûté. Les Mots d’amour ensuite, avec tous les hommes que Piaf a aimés. Message universel. Mais la foule du Carnegie Hall attend La Foule. C’est l’ovation. Anne Carrere chante, vibreet joue avec le public. Les rires après les frissons. Des bravos s’élèvent. Le triomphe. Et Milord pour finir le show. Comme un seul homme, ils sont tous debout. C’est déjà terminé. Des sourires bouffent les visages des musiciens. Des larmes coulent sur les joues d’Anne. C’est leur vie en rose. Et, sur un balcon, quelque part surplomban­t la scène, la fierté de Gil Marsalla. Sa vie en rose à lui. Pour « son » Piaf. Pour ses artistes. Pour ceux qui partagent cette enivrante épopée. Mais aussi pour son ami, notre ami, notre confrère, Guillaume Bertolino, qui suivait l’aventure dece Piaf azuréen depuis le début, et à qui Gil Marsalla a dédié cette sublime représenta­tion.

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 ans séparent ces deux clichés...

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