Monaco-Matin

Libèrent les États-Unis

- ANDRÉ PEYREGNE

La flotte française, en échec, doit attendre du renfort. Celui-ci viendra sous forme de quatre navires, suivis d’une vingtaine d’autres plus tard, sous le commandeme­nt d’un génie maritime natif du village de Bar- sur- Loup dans les ( actuelles) Alpes- Maritimes, François- Joseph De Grasse. Cet amiral de 46 ans, comte de la ville de Grasse, descendant des princes d’Antibes, né au Bar-sur-Loup dans le château familial des Vallettes, a rencontré la gloire en 1744 lors de la bataille dite « de Toulon », au large du Cap Sicié, déjà contre les Anglais. L’amiral de Grasse se présente à la proue de son navire le Robuste, beau bâtiment doté de soixante-quatorze canons, qui vogue aux côtés du Magnifique - navire militaire de même envergure fabriqué dans les chantiers navals toulonnais. Accueilli par l’amiral d’Estaing, il va unir ses forces aux siennes et, le 6 juillet 1779, mille deux cents hommes débarquero­nt sur l’île de Grenade. Cette fois-ci, la victoire est assurée. Les Anglais fuient en abandonnan­t sept cents prisonnier­s. Les Français déplorent cent soixante-seize morts et sept cent soixante blessés. C’est alors qu’en septembre 1779, le général Benjamin Lincoln, adjoint de Washington, rappelle le comte d’Estaing sur les côtes américaine­s afin de lancer une offensive contre la ville de Savannah, en Géorgie. Les choses commencent bien avec le comte toulonnais Albert de Rioms, sur le Pluton, qui parvient à capturer le vaisseau anglais HMS Experiment. Mais, par la suite, les combats tournent à la déroute. Le 9 octobre, d’Estaing est blessé aux jambes. Les Français perdent près de six cents soldats. Trois navires, le Zélé, le Marseillai­s et le Sagittaire doivent rentrer à Toulon. D’Estaing absent, c’est l’amiral de Grasse qui va prendre le relais. Le 5 juillet 1781, il reçoit un appel de George Wasington pour venir l’aider dans la baie de Chesapeake en Virginie. Il arrive le 30 août.

Des Français blessés, mais victoire à la clé

Le 5 septembre, De Grasse oppose ses vingt-quatre vaisseaux aux dixneuf de l’amiral anglais Thomas Graves. Grasse contre Graves! La belle affiche! La lutte est impitoyabl­e. Le marquis toulonnais de Chabert est sérieuseme­nt blessé. On comptera deux cent trente morts côté français et une centaine côté anglais. Mais, au bout du compte, ce sont les Français qui l’emportent. George Washington invite l’amiral de Grasse à poursuivre l’effort à Yorktown. Le 17 septembre, les deux hommes se rencontren­t sur le navire amiral Ville de Paris pour mettre au point la stratégie de la bataille ( Voir enca- dré). De Grasse et le Toulonnais Barras attaqueron­t côté mer, Washington et La Fayette côté terre. La bataille se déroule du 28 septembre au 19 octobre 1781. L’armée anglaise commandée par le général Cornwallis, ploie sous une pluie de boulets. Sa défaite est cuisante. Huit mille prisonnier­s anglais défilent en habits rouges entre deux rangées de soldats français et américains. Washington reconnaîtr­a publiqueme­nt l’importance de De Grasse dans l’issue de la Guerre d’indépendan­ce des États-Unis. Il lui adressera ce monumental compliment : « Vous avez été l’arbitre de la guerre ! » L’historien américain Morrisson confirme: « Sans la victoire du comte de Grasse, ce n’est pas la reddition du général anglais Cornwallis mais celle de George Washington que l’Histoire aurait enregistré­e. » Dès lors, l’indépendan­ce des ÉtatsUnis est en marche. Les premiers pourparler­s de paix débutent en 1782. La paix est signée en 1783. La Constituti­on des États-Unis sera effective en 1787. Sans des centaines de marins de chez nous, on n’en serait pas arrivé là…

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(Photo DR) (Photo DR) L’amiral de Grasse. Le navire Ville de Paris à bord duquel De Grasse mit au point avec Washington le plan d’attaque de Yorktown.
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(Photo DR) François d’Albert de Rioms.

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