Monaco-Matin

La fédération, entre euphorie et… soupe à la grimace

La fédération azuréenne du Parti socialiste avançait en ordre dispersé pour ce premier tour. Ce sera encore le cas au second. Patrick Allemand rallie Xavier Garcia derrière Manuel Valls

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr AURORE MALVAL amalval@nicematin.fr

Chut, chut, taisez-vous! » … Mais le silence est relatif dans les locaux de la fédération départemen­tale du Parti socialiste à Nice, pourtant pas franchemen­t bondée. La soirée électorale de France 2 défile sur rétroproje­cteur. Les résultats tombent. Et ça fait mal pour certains… Mais pas pour Yann Librati et Paul Cuturello. Ils s’enlacent. Leur candidat l’emporte. Et c’est inespéré. Même pour eux. « On savait qu’Hamon serait au second tour, mais en tête, même pour nous c’est une surprise », sourit Paul Cuturello. « On est heureux, très heureux même », poursuit son acolyte, porte-parole du vainqueur dans le départemen­t. « D’autant plus heureux que c’est une rencontre entre la gauche et Hamon, c’est une nouvelle voie pour la gauche. On est à la fin d’une séquence. Hamon veut changer le logiciel et ça a parlé aux gens. Il incarne l’espoir et la gauche a besoin d’y croire », s’enflamment les deux hommes.

« Je voterai Valls »

Au fond de la salle, Patrick Allemand est un peu sonné. Son candidat, Vincent Peillon, arrive quatrième. Mais loin derrière. « Les électeurs nous ont réservé, une fois de plus, une surprise. Ils ont choisi le candidat qui a avancé des idées nouvelles. Mais sans se poser de questions, sans se demander comment il allait les financer », souf-

« Onnenous a consultés sur rien »

« Il y aurait tant à dire » , soupireBru­no. Ici, tout le monde sait que le quinquenna­t de FrançoisHo­llande a fait beaucoupde­mal à l’électorat socialiste. Et personne ne se sent vraiment comptabled­u bilan du président. « Il y a cinq ans, on a tracté, fait du porte-à-porte, et puis fle-t-il. L’élu niçois enchaîne: « Je crois qu’on est rentré dans un consuméris­me politique. Hamon c’est la nouvelle tête, Valls avait le bilan du gouverneme­nt à défendre et Montebourg était déjà là en 2011. » Il hésite, se demande si c’est le moment, puis, se lance: « Je voterai Valls… » Christine Dorejo, sa comparse au conseil municipal et mandataire de Peillon dans le départemen­t, a la déception plus réservée. Elle se tâte. Attendre, ou non, les recommanda­tions de Paris pour parler? Et puis zut, elle ose: « Je pense qu’il n’y aura pas de soutien à l’un ou l’autre, mais une demande très forte d’une mobilisati­on pour le second tour. C’est très bon pour la démo- ÀSaint-Martin-du-Var, ils étaient deux assesseurs au bureaude votede laprimaire, qui centralise trois secteurs.

après, on ne nous a consultés sur rien » , poursuit Bruno. « Digue-des-Français, Saint-Isidore, ça vote beaucoup FN, et notre électorat se déplace peu… » , affirme Henri, pour cratie en interne, car on aura des partages de voix. Il faut légitimer celui qui sortira vainqueur » .

« Une bonne nouvelle pour Macron »

Patrick Mottard, lui, regarde ces résultats avec un certainrec­ul. Loin d’une grande joie, loind’unegrande déception. L’ancien conseiller départemen­tal niçois estime que « la messe est dite » . « Cette primaire était le choix entre la gauche réaliste et la gauche protestata­ire. Cette dernière l’emporte et l’emportera à l’évidence au second tour. C’est plutôt une bonnenouve­lle pour Emmanuel Macron », expose le radical de gauche. Derrière lui, ça s’agite.

tenter de justifier la faible affluence. Aussi parce que « la salle n’était pas facile à trouver, dit Karima. Les personnes âgées se sont perdues dans le quartier, parce que ce n’est « Hamon, président. Enfin, candidat! Président, on verra ». « Il n’a pas la carrure d’un chef d’État », susurre, en essayant d’être discret, l’un des élus présents. « Valls paie l’addition d’Hollande »…

« Le PS est debout »

Xavier Garcia, secrétaire fédéral, préfèred’abordcomme­nter la participat­ion dans les Alpes-Maritimes. « Elle est à l’image du niveau national. Le PS n’est pas au meilleur de sa forme, mais il est encore debout. » Valls est en tête dans le départemen­t et c’est sa– petite – consolatio­n. « Ce résultat montre qu’il y a deux lignes politiques, deux conception­s de ce que doit être la gauche. Je pense que l’on peut recréer une

pas un bureau de vote traditionn­el. En 2011, on avait davantage de bureaux. » Le cas n’est pas isolé. Dans la file qui s’allonge à l’entrée de la salle Calmette dynamique derrièreVa­lls », martèlet-il. « Il y a une réserve chez les abstention­nistes. » La Fédération se remplit peuàpeu. On se lâche… Librati et Garcia, les deux « jeunes », se titillent. « On va avoir le choix entre Valls, qui incarne la gauche du XXIe siècle, et le projet Hamon à 300milliar­ds », galèje Garcia. Il se ressaisit: « On n’a pas les moyens de se diviser. Il n’y a aucune tension, il y aura juste du débat entre les deux tours. Mais, dimanche prochain on sera tous derrière le vainqueur. » « Derrière Hamon, du coup », le provoque Librati. « Derrière Valls », à Saint-Martin-du-Var, onentend des soupirs agacés. La faute au site Internet de la primaire à gauche, censé indiquer aux votants leur bureau de rattacheme­nt selon l’adresse de leur domicile, et qui n’était pas à jour, hier. « Onest d’abord montésàRoq­uebillière » , rembobinen­t Clarisse et Sven, un couple de sexagénair­es habitant la vallée de la Vésubie.

« Même pas un papier sur la porte »

À 11 heures, ils ont finalement poussé la porte du bureau de Saint-Martin-du-Var, qui centralise trois secteurs. « Parce qu’on a entendu dire que c’était là. Il n’y avait même pas un papier sur la porte là-haut. » Eux votent Hamon. « Parce qu’il sera davantage en position de négocier avec Mélenchon. » C’est persiste Garcia. leurdeuxiè­meprimaire­cette année, ils ont participé à celle de droite, en novembre, « pour virer Sarkozy ». « Je vois des gens qui s’énervent. On est dimanche, hein! » , lâcheune assesseur, visiblemen­t débordée. Derrière trois urnes, ils ne sont que deux. « Je veux une pièce d’identité, vous êtes bien de la Vésubie? » , interroge-t-elleen consultant l’épais listing. Charlotte, 78 ans, veste de survêtemen­t multicolor­esur les épaules et rouge aux joues, ne s’attendait pas à voir « autant de monde » . Son vote ira à « Arnaud Montebourg, comme en 2011 » . Elle est venue seule. « Avec ma famille, je me suis attrapée, ils disent que la gauche, c’est plus la gauche. Moi? Je fais encore un essai. »

 ?? (Photo François Vignola) (Photos François Vignola) ?? Yann Librati et Paul Cuturello ne boudent pas leur plaisir de voir Hamon en tête. Hier soir, à la fédération des Alpes-Maritimes, à Nice, les membres du PS analysaien­t les résultats de leur candidat respectif.
(Photo François Vignola) (Photos François Vignola) Yann Librati et Paul Cuturello ne boudent pas leur plaisir de voir Hamon en tête. Hier soir, à la fédération des Alpes-Maritimes, à Nice, les membres du PS analysaien­t les résultats de leur candidat respectif.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco