Fillon plombé par le “Penelopegate”
Les soupçons d’emploi fictif à l’encontre de son épouse minent la campagne 2017 des Républicains qui démarre demain à Paris
L’affaire Penelope Fillon, viséepar une enquête sur des accusations d’emplois fictifs, plombe la candidature à laprésidentielledeson mari et suscite des interrogations sur un éventuel renoncement de l’ancien Premierministre, à trois mois du premier tour. Pressé de questions par la presse, son ex-rival Alain Juppé a exclu, hier, « clairement et définitivement » d’être un recours dans l’éventualité d’un retrait de celui qui l’a battu à laprimaire fin novembre. « Nous n’en sommes pas là, François Fillon a apporté des éléments qui sont convaincants, je suis persuadé qu’il pourra poursuivre sa campagne », a déclaré le maire LR de Bordeaux, tout en reconnaissant que cette affaire était pour le moins embarrassante : « C’est évidemment préoccupant, je ne peux pas dire le contraire ». « C’est catastrophique, c’est catastrophique, il n’y a pas de plan B, c’est catastrophique » , se désespérait, jeudi, un colla-
borateur de l’équipe Fillon. François Fillon, qui mise sur l’enquête judiciairepour faire « taire les calomnies », a démenti, jeudi soir, que sa femme ait bénéficié d’emplois fictifsaussi biencomme collaboratrice parlementaire que
comme salariée de La Revue des Deux Mondes, propriété d’un de ses amis Marc-Ladreit de Lacharrière. Après la remise de documents au parquet jeudi, l’ex-directeur de La Revue des Deux Mondes, Michel Crépu, et l’ex-membre du CSA Christine Kelly, auteure d’une biographie de François Fillon, ont ainsi été entendus, hier, à l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre. Elle a « corrigé mes discours », « reçu d’innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir », « m’a représenté dans des manifestations et des associations » et fait « la synthèse de la presse », a-t-il énuméré entre autres. Interrogé sur ce qui pourrait le faire renoncer à l’Élysée, M. Fillonarépondu : « La seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen. » Pour qu’il soit « mis en examen », il faudrait d’abord qu’un juge d’instruction soit saisi et mette au jour des « indices graves et concordants » sur la commission d’un délit. Mais, ce processus prend du temps et peut être ralenti par la période électorale : il est d’usage que la justice n’interfèrepas dans le champ politique, en évitant de prononcer des mises en examen à l’approche d’élections.
Mme Fillon au côté de son mari demain
Alors que M. Fillon avait prévu de relancer sa campagne, demain, lors d’un grandmeeting à la Villette à Paris, l’affaire tombe au plusmal. « Çadevait être la séquence rassemblement, “je vais voir Juppéà-Bordeaux” et grand meeting avec tout le monde » le jour pile du second tour de la primairedu PS, se désole un député LR. Penelope Fillon va-t-elle, pour sa part, s’exprimer? Hier soir, lemonde.fr annonçait sa venue au grand meeting mais sans prisedeparole. « Elle sera présente pour montrer qu’elle ne se cache pas », explique l’entourage de M. Fillon, précisant qu’ « elle a la rage et est déterminéeàsebattre pour défendre son honneur ». Selon le quotidien national, elle devrait « s’exprimer la semaine prochaine dans les médias ». Et cette affairedevenue « Penelopegate » continuededéchaîner indignations ou bons mots sur les réseaux sociaux, comme Bernard Pivot, qui propose un nouveau verbe « Peneloper ». Sa définition ? « Travailler dans une totale discrétion »...