Vent de fleurs, houle de confettis sur Masséna
Les bonnes énergies semblent être enfin réunies au royaume des réjouissances. Hier, aussi bien l’après-midi que le soir, la foule et l’ambiance étaient au rendez-vous de la fête à la niçoise
Ça sentait la rose, le lys, le mimosa... hier, mais pas que. Ça sentait aussi le retour de la fête comme on l’a connue, jadis, avant tout ce barnum sécuritaire à coups de snipers sur les toits de Masséna et d’avion Big Brother tournoyant au-dessus de Nice. Car le monde est revenu à la bataille de fleurs, l’aprèsmidi et au corso carnavalesque le soir. Plus de 13000 spectateursà chaque défilé. Du coup, attente interminable aux portiques d’entrée et début du cirque largement retardé. Mais c’était le prix à payer pour voir, enfin, des tribunes complètes et des promenoirs denses. Foule. Houle de confettis multicolores, soulevés dans les airs par un petit vent, messager d’Éole, interprétant une chorégraphie aérienne. Filmés en direct par un cortège de journalistes venus de Chine, Taïwan, Japon, Danemark, Suède, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, Italie. C’est tout bon pour l’image de Nice outdoor, cette frénésie filmant, photographiant, interviewant. Du monde, donc. Et de l’ambiance. On la doit à la Brigade d’Agitateurs de Tribunes. Toujours en train de galoper, danser, gesticuler, jouer avec le public, faire sauter des canons à cotillons, distribuer les fleurs des 16 chars avec la complicité des placeurs. On la doit aux couleurs vives et positives des fleurs, des costumes bouffants, des tissus lamés plissés, des décors nomades enplumes. On la doitàune nouvellemise en scène des chars fleuris, qui, désormais, zigzaguent d’une tribune à l’autre.
Le plus des parades
On la doit beaucoup aux arts de rueapportant une valeur ajoutée aux défilés. Seize troupes, dont les dinosaures ténébreux d’un étrange spectacle signé Cie Close Act, les ravissantes majorettes aux tambours russes en costume bleu ourlé de duvet de cygne blanc, les lanceurs de drapeaux di Cori à la dextérité vertigineuse... Et puis, deux troupes, qui viennent et reviennent chaque année. Les Vernisseurs projetant des envolées de rubans et pastilles créponnés roses poétisant l’espace. Les danseurs de Pavullese. Des Italiens sautillant au rythme de polkas. Leurs costumes bariolés, piqués de fleurs brodées et leurs chapeaux pointus en forme de cornets filiformes interminables, en font un groupe véhiculant fraîcheur pure et joie de vivre. On ne s’en lasse pas. Comme on ne se lasse pas des chars du corso, exprimant, la nuit, dans leur énormité rigolote, une résilience collective et universelle. Bain de jouvence, potion magique servant la soupe à l’énergie de l’univers. Carnaval est toujours énorme.