Un Tannhäuser en français et en couleurs
Splendide représentation de l’opéra de Wagner, hier Salle Garnier
Des fleurs, des fleurs, une scène couverte de fleurs. Et, dans la fosse, le fleuve voluptueux de la musique de Wagner qui commence à couler. Ainsi débute Tannhäuser, l’opéra qui est donné depuis hier en la Salle Garnier, dans l’histoireduquel le héros se vautreaudébut dans la luxurede l’antredeVénus et ira, à la fin, chercher la rédemptionàRome. Le spectacle qu’a mis en scène Jean-Louis Grinda, directeur de l’opéra de Monte-Carlo, est de toute beauté. Il n’y a pas de décor mais un écran hémisphérique qui englobe toute la scène et sur lequel sont projetées des images. Ce mélange de vidéo et de Wagner est saisissant. Les couleurs foisonnent. Les visions magnifiques abondent – jusqu’à ce tableau d’hiver, de neige, d’étoiles et de givre sur lequel s’achève le dernier acte. La réussite est totale.
Distribution de luxe
Le spectacle, qui a été donné hier devant une salle comble et en présence du prince Albert II, resteraàplusieurs titres dans les annales de l’Opéra. Ce qui nous est proposé est la version française historique de cet ouvrage, créée à l’Opéra de Paris en 1861, qui suscita un scandale à l’époque mais pour laquelle Baudelaire cria au génie. Entendre Tannhäuser en français, cela étonne au début. On a l’impression d’assister à un spectacle qui parle en Massenet et qui chante en Wagner. Mais on s’habitue. La musique de Wagner reprend le dessus et enveloppe le tout de sa magie. Autre particularité du spectacle: la direction d’orchestre est confiéeàune femme venue du baroque, Nathalie Stutzmann. Là, aussi, la réussite est totale. Nathalie Stutzmann obtient de son orchestre tout le lyrisme, toute l’ampleur qui conviennent, mais en insistant ici ou là sur tel accent, sur tel ralenti, sur telle ponctuation qui apportent sa signature, comme elle le ferait avec un ensemble baroque. Les chanteurs. On a affaire à une distribution de luxe. En tête José Cura, à la voix héroïque. Àses côtés l’Elisabeth d’Annemarie Kremer, la Venus d’Aude Extremo, et le magnifique duo d’hommes de Jean-François Lapointe et William Joyner. Tous méritent autant de fleurs qu’il y a sur scène au début. Enfin les choeurs. Magnifiques! Wagnériens! France-Télévision diffusera intégralement ce Tannhäuser. La France entière mérite de voir ce spectacle tout en Cura et en couleurs! Les 22, 25 et 28 février à 20 h, Salle Garnier. COMPLET.