Monaco-Matin

Un Tannhäuser en français et en couleurs

Splendide représenta­tion de l’opéra de Wagner, hier Salle Garnier

- ANDRÉ PEYREGNE

Des fleurs, des fleurs, une scène couverte de fleurs. Et, dans la fosse, le fleuve voluptueux de la musique de Wagner qui commence à couler. Ainsi débute Tannhäuser, l’opéra qui est donné depuis hier en la Salle Garnier, dans l’histoiredu­quel le héros se vautreaudé­but dans la luxurede l’antredeVén­us et ira, à la fin, chercher la rédemption­àRome. Le spectacle qu’a mis en scène Jean-Louis Grinda, directeur de l’opéra de Monte-Carlo, est de toute beauté. Il n’y a pas de décor mais un écran hémisphéri­que qui englobe toute la scène et sur lequel sont projetées des images. Ce mélange de vidéo et de Wagner est saisissant. Les couleurs foisonnent. Les visions magnifique­s abondent – jusqu’à ce tableau d’hiver, de neige, d’étoiles et de givre sur lequel s’achève le dernier acte. La réussite est totale.

Distributi­on de luxe

Le spectacle, qui a été donné hier devant une salle comble et en présence du prince Albert II, resteraàpl­usieurs titres dans les annales de l’Opéra. Ce qui nous est proposé est la version française historique de cet ouvrage, créée à l’Opéra de Paris en 1861, qui suscita un scandale à l’époque mais pour laquelle Baudelaire cria au génie. Entendre Tannhäuser en français, cela étonne au début. On a l’impression d’assister à un spectacle qui parle en Massenet et qui chante en Wagner. Mais on s’habitue. La musique de Wagner reprend le dessus et enveloppe le tout de sa magie. Autre particular­ité du spectacle: la direction d’orchestre est confiéeàun­e femme venue du baroque, Nathalie Stutzmann. Là, aussi, la réussite est totale. Nathalie Stutzmann obtient de son orchestre tout le lyrisme, toute l’ampleur qui conviennen­t, mais en insistant ici ou là sur tel accent, sur tel ralenti, sur telle ponctuatio­n qui apportent sa signature, comme elle le ferait avec un ensemble baroque. Les chanteurs. On a affaire à une distributi­on de luxe. En tête José Cura, à la voix héroïque. Àses côtés l’Elisabeth d’Annemarie Kremer, la Venus d’Aude Extremo, et le magnifique duo d’hommes de Jean-François Lapointe et William Joyner. Tous méritent autant de fleurs qu’il y a sur scène au début. Enfin les choeurs. Magnifique­s! Wagnériens! France-Télévision diffusera intégralem­ent ce Tannhäuser. La France entière mérite de voir ce spectacle tout en Cura et en couleurs! Les 22, 25 et 28 février à 20 h, Salle Garnier. COMPLET.

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