Hamon-Mélenchon : je t’aime, moi non plus
Dans cette élection présidentielle, tout est possible. Y compris qu’en fin de course, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon tombent dans les bras l’un de l’autre. Mais disons-le: de tous les revirements, changements de cap et autres retournements qui marqueront peut- être cette campagne, le rapprochement de Benoît Hamon et de Jean-Luc Mélenchon est maintenant le plus improbable. Quelques jours seulement ont suffi pour que le candidat du PS et celui de La France insoumise divorcent avant même d’avoir consommé leur mariage. Apeine désigné par la primaire de la gauche, Benoît Hamon avait affirmé sa priorité: refonder, avec les écolos et le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, une gauche plurielle, diverse certes, mais unie. Mais, las, lapluralité de la gauche sera sans doute réduite à unduo où socialistes et écolo se retrouveront côte à côte. Yannick Jadot, désigné par les Verts comme leur candidat ennovembre dernier, a fait savoir que, moyennant quelques concessions sur Notre-Damedes-Landes et le nucléaire, il pouvait envisager de rejoindre Benoît Hamon – à condition que les sympathisants lui donnent le feu vert. Mais il faut bien dire que son ralliement ne bouleverserait pas l’avenir de la gauche en France. Ce n’est pas avec les % dont il est crédité que le nouveau leader des Verts propulseraHamon au second tour de la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, c’est une autrepairedemanches. D’abord parce qu’il pense avoir, à gauche, une antériorité politique sur Benoît Hamon. Il l’a dit clairement mercredi soir au cours d’unmeeting à Strasbourg: il est d’accord pour une candidature uniquedelagauche, à condition… que ce soit la sienne! Hamon et Mélenchon ont pourtant échangé un coup de téléphone vendredi, pour convenir d’une rencontre. Bonne volonté que Jean-Luc Mélenchon a assortie d’une lettre demandant
« des garanties précises » pour rompre avec le dernier quinquennat et son bilan. Quand on sait que Benoît Hamon n’a cessé depuis de rameuter les frondeurs a l’Assemblée nationale contre la politique de François Hollande, exiger de lui un certificat de rupture était inutile, et inopportun: il a déjà assez demal à faire oublier par une grande partie des socialistes qu’il a été un des principaux responsables de l’échec de François Hollande et de Manuel Valls, il ne va pas au surplus dénoncer publiquement le PS qu’il tente de réunir aujourd’hui. Pour tout arranger, Mélenchon dans une des formules à l’emporte-pièce dont il est coutumier, a annoncé par avance « qu’il ne
s’accrocherait pas à un corbillard » . Un enterrement de première classe pour le PS. Donc, les choses ont tourné court. Benoît Hamon, qui peut- être ne se faisait guère d’illusion, en a tiré la conclusion, depuis le Portugal où il était allé prendre des leçons d’unité de la gauche: il ne courra pas derrièreMélenchon. Mais il fera tout, c’est sûr, pour siphonner ses voix. Il a déjà commencé de le faire, espérant que le « dégagisme », dont parle tellement Mélenchon pour les autres, vaudra d’abordpour lui.
« Il faut bien dire que le ralliement des Verts au PS ne bouleverserait pas l’avenir de la gauche en France. »