Démarchage: les Azuréens en ont ras… le combiné
L’aversion des Français pour le démarchage téléphonique atteint des sommets, selon Que Choisir. Soixantedix entreprises ont été sanctionnées pour cette pratique, a révélé hier le secrétaire d’Etat à la Consommation
Des coups de fil intempestifs et répétés. Ils vous appellent - et vous harcèlent - pour tout et n’importe quoi. Une solution miracle contre les termites, de nouvelles baies vitrées, une complémentaire santé, une porte blindée, ou bien des offres de téléphonie mobile…. Une liste loin d’être exhaustive. Trois, quatre, cinq fois par jour, parfois plus, de8 heures à plus de 20 heures, 6 jours sur 7, les téléprospecteurs et autres télévendeurs ont plus d’un tour dans leur combiné pour vous harponner et vous faire céder. Et, selon une étude menée par le magazine Que Choisir vous en avez plus que ras-le-bol ! Vos lignes saturent: pour 91 % des 11 972 internautes qui ont répondu au questionnaire du magazine de défense des consommateurs, cette pratique est « agaçante » , même « très agaçante ».
Josette, Nicole et autres Marcel ciblés
D’autant plus que, parfois, ce type de pratiques débouche sur de véritables arnaques, comme le précise encore Que Choisir. Avec pour cibles principales, les personnes âgées. Facile à repérer : « On se concentre sur les Josette, les Nicole, les Marcel, etc. Il y a peu de chance pour qu’il s’agisse d’un trentenaire. On nous forme pour cibler le senior à fort pouvoir d’achat, propriétaire de sa villa ou de son appartement sur la Côte. Une proie facile à convaincre, facile à déstabiliser » , commente Virgile, démarcheur par téléphone pour des vérandas. « Je n’ai qu’un objectif, dé- crocher un rendez-vous. Je dois être poli, cela va sans dire, mais plus que cela encore: je raconte n’importe quoi sur les prix. Si la personne est locataire j’écourte rapidement la conversation » . Il admet: « Mais de plus en plus, on se fait recevoir au téléphone, il faut être plus rusé encore. C’est de plus en plus difficile ». De plus en plus difficile aussi à cause de la Loi Hamon. La mise en place en juin dernier du dispositif Bloctel a contrarié les excités du combiné ( lire par ailleurs). Mais pas encore complètement. Selon Que Choisir, à peine 18 % des usagers qui se sont inscrits sur la liste ont trouvé que le nombre d’appels avait diminué. Thomas, étudiant à Nice en fait partie. Il a sauté le pas il y a un mois, excédé des appels quotidiens. Depuis, les coups de fil se sont arrêtés. « C’était parfois 10 fois par jour! On a voulu me vendre de tout, du panneau solaire à l’aspirateur en passant par un canapé ». Mais si, malgré tout, la situation perdure. Comment peut se défendre le consommateur ?
Intenter une action de groupe
Maître Adrien Verrier, avocat au barreau de Nice, explique : « Le harcèlement téléphonique est réprimé par la loi sous le vocable appel téléphonique mal- veillant » . Cependant, ce n’est pas si simple lorsque cela concerne le démarchage, car « cela suppose une intention de nuire mais aussi une réitération des appels ». Maître Verrier estime toutefois que lorsque l’on arrive à plus d’une dizaine de coups de fil dans la semaine, on peut estimer qu’il y a « volonté de troubler la tranquillité de la personne ». S’ils proviennent de la même société, évidemment… Il y a ensuite un filtre à passer selon l’avocat. « L’affaire va-t-elle être prise au sérieux par les autorités? Il est probable que le procureur ne donne pas suite en raison du caractère relativement modéré de l’infraction ». Adrien Verrier poursuit : « Mais il y a une nouvelle loi qui permet les actions de groupes, (les class actions), qui offre la possibilité à une multiplicité de consommateurs de se regrouper afin d’intenter une action unique ». Il jauge : « 50000 consommateurs qui demanderaient chacun 10 euros, cela pourrait faire réfléchir une société sur son type de pratiques ». De même, conclut-il, « l’association de consommateur pourra, de son côté, faire pression sur les autorités de l’État, comme la DGCCRF, afin d’aggraver les sanctions financières susceptibles d’être prise contre une société dont les démarches téléphoniques seraient jugées “agressives ” ». 1. Les détails de l’enquête dans le numéro Que Choisir de février 2017 en vente dans les kiosques. www.quechoisir.org