Monaco-Matin

Obbadi, legoût des autres

Le Marocain de 33 ans est le coéquipier modèle qui fait les sacrifices pour les copains. Altruiste, bavard et chambreur dans un groupe, il préfère céder sa place quand il faut parler de lui

- WILLIAM HUMBERSET

Parler devant la presse est une facette du métier de footballeu­r quen’affectionn­e pas tous les joueurs. Demandez à Mario ce qu’il en pense ! Mounir Obbadi n’est pas très à l’aise dans l’exerciceno­n plus. Réputé bavard et chambreur dans un groupe - « et

ce n’est pas une légende » , confirme Eric Bauthéac - le Marocain devient taiseux et hésitant devant un micro. Avec uneconstan­tedans le discours : « Etre le plus performant possible sur le terrain. »

Le polyvalent milieu de 33 ans a raison, ses 316 matchs disputés entre la France (L1, L2 et coupes nationales) et Vérone parlent pour lui. Une carrièream­orcéeà Angers en 2003 et ponctuée de hauts et de bas. « Il n’a jamais lâché alors qu’il n’a pas été épargné par les blessures. Il a loupé une belle carrière à cause de ça, confie Bauthéac, un ancien Aiglon quiapasséu­ne saison et demieàson côté. Mounira énormément de ballon et une bonne vision du jeu, je me régalais avec lui. Quand il a signé à Nice, j’ai tout de suite pensé qu’il allait se sentir comme un poisson dans l’eau làbas. Pour ce que demande le coach, le jeu pratiqué par l’équipe... »

Un fan de Redondo impression­né par Ronnie

La circulatio­n de balle, les redoubleme­nts de passe, Obbadi affectionn­ait déjà tout ça très jeune en regardant le Real de Raul et Redondo. « Des joueurs qui m’ontmarqué. Redondo, c’était la classe mondiale. » C’était juste avant les années 2000, une époqueoù Mounir faisait ses classes au Camp des

Loges. « Je suis resté de 7 à 20 ans au PSG. J’habitais à Chanteloup­les-Vignes, à dix minutes du centre d’entraîneme­nt. J’ai joué quelques matchs amicaux avec les pros, mais sous Vahid Halilhodzi­c, c’était difficile pour les jeunes et j’ai préféré partir. » Une issue amère qui lui a tout de mêmepermis de côtoyer des stars comme Anelka et Okocha à l’en--

traînement. Et l’immense Ronaldinho surtout. « Le coéquipier qui

m’a le plus impression­né » dit aujourd’hui lenatif des Yvelines. Angers, Troyes, le National, la Ligue 2, puis enfin sa première saison dans l’élite française (2012-13) rythment la suite de sa vie de footeux.

Comparé à Beckham ou Matuidi

Sous les ordres de Jean-Marc Furlan, Obbadi tape dans l’oeil de Claudio Ranieri, le coach monégasque éliminé de la Coupe de la Ligue par Mounir et l’ESTA Cunsoir d’octobre. « Deux coachs pour qui j’ai beaucoup de respect, que je remercie encore et que je n’oublierai jamais, » nousaconfi­é hier le nouvel Aiglon. Des éloges réciproque­s. « C’était de loinnotre meilleur joueur,

disait Furlan en 2013. Il est comme Matuidi, il n’a pas le morphotype du joueur actuel. Il fait jouer les autres, les valorise. » Le Mister italien allait encoreplus loinàpropo­s de sa recrue hivernale. « A Monaco, il y a eu un avant et un après Obbadi. C’est le Beckham de l’équipe. » Celui qui éclaircit le jeu. Qui multiplie les efforts et les récupérati­ons de balle pour alimenter les copains Dirar et Germain ou soulager son pote Suba. Brillant champion de Ligue 2 après 16 matchs sur 17 possibles disputés sur le Rocher, Mounir récolte un autre trophée : celui du sportif azuréen de l’année. « Une belle récompense individuel­le » pour un mec qui pense toujours collectif et que les lecteurs de Nice-Matin ont plébiscité (37% des suffrages). « Cela m’a fait plaisir, d’autant que je ne connaissai­s pas ce trophée puisque je n’étais pas du coin. » Après une saison en Serie A et un an et demi dans le Nord, Mounir retrouve la Côte. Dans « un groupe

qui vit bien » , « une équipe qui joue un très beau football » et « un club en constante progressio­n » . Une bouffée d’oxygène pour un père de famille bouleversé par un home-jacking en septembre der- nier. Une femme traumatisé­e, deux enfantsenb­as âge et des blessures à répétition ont témoigné du drame. Mais pas question d’arrêter de jouer pour ce passionné qui rate très peu de matchs à la télé. « J’aime trop le football. Je tape dans un ballon depuis l’âge de 4 ans. Je sais quelles émotions çaprocure. Je prends autant de plaisir dans le foot qu’il y a dix ans. Parce que j’ai la chance de faire un beau métier et d’avoir la santé. On a ce qu’on mérite dans la vie. Je ne suis pas du genre à me plaindre. » Une leçon de vie qui lui a permis de garder le sourire. Retrouver le soleil, la mer, la Prom’, le VieuxNice et un club qui compte dans « une Ligue 1 de plus en plus compétitiv­e » sont autant de marques d’un bonheur retrouvé pour celui qui a connu les quarts de finale avec le Maroc lors de la dernière CAN. « C’est de bon augure pour la suite » . A Nice, c’est aussi le bilan de ses premières sorties.

 ?? (Photo C. Dodergny) ??
(Photo C. Dodergny)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco