Monaco-Matin

Un rôleàOscar pour Denzel

- PHILIPPE DUPUY

Dans sa jeunesse, Troy Maxson (Denzel Washington) aspirait à devenir sportif profession­nel. Mais dans une Amérique des années cinquante encore ségrégatio­nniste, iladû renoncer et se résigner àdevenir employé municipal pour faire vivre sa femme et son fils. Son rêve déchu continue à le ronger de l’intérieur sous ses dehors avenants. L’équilibre fragile de sa famille va êtremis en péril lorsque son fils (Jovan Adepo) est recruté pour faire partie d’une équipe de football profession­nel… Il sera difficile cette annéede reprocher aux Oscars d’être « so white » (trop blancs). Avec quatrenomi­nations, dont deux pour les acteurs principaux, Denzel Washington et Viola Davis, Fences fait partie des films « de couleur » ( Loving, Moonlight, I’m not your Negro…) en lice pour la récompense suprême du cinéma américain. Denzel Washington, qui n’avait plus réalisé depuis une dizaine d’années, adapte une pièce de théâtre d’August Wilson qu’il a jouée à Broadway et qui lui a déjà valu, ainsi qu’à sa partenaire­Viola Davis, un Tony Award, l’équivalent US de nos Molière. Du coup, il part favori pour l’Oscar d’interpréta­tion masculine avec un rôle idéal pour cela. Le texte de la pièce, très dense, lui fournit une partition parfaite et ses partenaire­s font bien mieux que lui passer les plats. Certes, la forme reste essentiell­ement théâtrale (tout se passe dans l’arrière-cour d’une maison) et les tirades s’étirent parfois au-delà du raisonnabl­e (la première scène fait très peur). Mais la peinture de la société américaine des années cinquantes­oixante est très réaliste et l’émotion passe formidable­ment. De la belle ouvrage.

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