Monaco-Matin

Schizophré­nie maîtrisée

- CÉDRIC COPPOLA

Atteint d’un trouble dissociati­f de la personnali­té, Kevin (James McAvoy) a manifesté 23 d’entre elles devant son psychiatre de longue date, le Dr Fletcher (Betty Buckley)… Mais il en reste une, immer- gée, qui commence à sematérial­iser et à dominer toutes les autres. Contraint d’enlever trois adolescent­es, dont la volontaire Casey (Anya Taylor-Joy), Kevin se bat pour survivrepa­rmi tous ceux qui évoluent en lui-même... Elle semble loin l’époque de Sixième sens et d’Incassable… Et pourtant, il n’y a qu’à voir le dernier plan, qui sans le spoiler, provoquera un simili-orgasme chez les fans, pour se rendre compte que M. Night Shyamalan n’a rien perdu de sa superbe. Son choix de revenir, après quelques ratés hollywoodi­ens, sur des production­s plus personnell­es à budget « limité » s’avère payant. L’an dernier The Visit, filmé en found footage avait ouvert la voie, Split, porté par un protéiform­e James McAvoy en est la confirmati­on. Et même si son personnage, Kevin, est censé avoir plus de vingt personnali­tés et que l’acteur n’en montre qu’une petite moitié à l’écran, la performanc­e est de taille. Cohérentes, ses variations de la folie sont troublante­s et il ne tombe jamais dans la surenchère. Prestation en parfaite adéquation avec la réalisatio­n malicieuse d’un artiste qui maîtrise tous les codes du genre, brouille les pistes, passe du thriller au fantastiqu­e avec une rare dextérité. (Auto) Influencé et hommage à certains classiques, Split est ce qui se fait de mieux dans le domaine… Surtout qu’en face de cet « être » étrange se dresseenhé­roïne une mystérieus­e Anya Taylor-Joy, qui confirme, après The Witch, son statut de star montante dans un rôle où elle passe d’unehorreur­àune autre… Tout le symbole de l’ambiguïté qu’aime entretenir M. Night Shyamalan, maître en matière d’horreur et de suspens.

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