Titanesque!
Présentée comme l’écoquartier du XXIe siècle, l’extension en mer s’étendra du Grimaldi Forum à l’hôtel Fairmont à l’horizon 2025. Un projet qui arrive à la croisée des chemins, entre fin de la phase préparatoire du chantier et début des travaux d’infrastr
Le projet d’extension en mer à Monaco entre dans sa phase active. Deux milliards d’euros de travaux vont offrir à la Principauté hectares supplémentaires.
Cette fois, Monaco se jette à l’eau. Ou plutôt, s’étend sur la mer. Jugé trop dangereux pour la réserve marine du Larvotto, un premier projet d’extension de 15 hectares avait capoté en 2008. Cinq ans plus tard, le prince Albert II remettait sur le tapis une nouvelle mouture de six hectares. Bouygues raflait le marché en janvier 2014. Ces jours-ci, l’ambitieux projet entre dans le vif du sujet. Début avril, après de longs mois à peaufiner les moindres détails d’un chantier écoresponsable, la phase préparatoire laissera place aux premiers travaux d’infrastructure en mer. Puis, en 2020, un nouveau quartier sortira d’une terre artificielle, au prix d’un chantier titanesque. Livraison prévue en 2025. Au programme : 120 luxueux logements, 3000 m2 de commerces ou un port d’animation d’une trentaine d’anneaux… Un quartier livré en une seule fois et directement raccordé à un Grimaldi Forum voué à s’agrandir lui aussi. S’oxygéner grâce à de nouvelles passerelles. Au total, deux milliards d’euros d’investissement privé – dont la moitié pour l’infrastructure maritime – intégralement à la charge de la Société anonyme monégasque (SAM) Anse du Portier. Un groupement réunissant le constructeur Bouygues Travaux Publics, des entreprises locales comme JB Pastor&Fils et Engeco, et « un certain nombre d’investisseurs qui ne souhaitent pas apparaître », selon le directeur de la SAM Anse du Portier, Régis Adeline. « Des investisseurs qui connaissent bien Monaco », rassure le directeur de la mission gouvernementale Urbanisation en mer (Urbamer), Jean-Luc Nguyen. Ce dernier vante les courbes de cette extension, pensées pour épouser celle d’un courant monégasque atypique par sa faible vitesse. « Le projet avorté était plus grand et donc partait plus loin dans la mer. Avec deux types d’incidences : il fallait descendre à une profondeur de 70 mètres (contre 50 aujourd’hui) et l’extension pouvait représenter un phénomène d’obstruction au courant marin. Avec ce projet, le courant côtier n’est quasiment pas impacté. »
« Une vitrine du dynamisme »
Associé à de grands noms, tels que les architectes Denis Valode et Renzo Piano ou le paysagiste Michel Desvigne, le projet est qualifié d’« écoquartier du XXIe siècle ». « Une vitrine du dynamisme de Monaco en totale cohérence avec l’existant. » Au point de faire référence dans le monde ? « C’est plus facile avec la puissance financière qu’on a mais ça pourrait inspirer d’autres chantiers futurs », concède JeanLuc Nguyen. Bien que le cahier des charges offre une large priorité au transport maritime, l’opération ne sera pas neutre en nuisances. Le chantier sera aussi contraint à l’arrêt durant le Grand Prix de Formule 1 et le Yacht Show. À la demande des commerçants du Larvotto, une réunion d’information s’est tenue au ministère d’État le 2 mars. Assistés de représentants de l’association monégasque des professionnels des locataires domaniaux, ceux-ci ont exprimé quelques craintes sur « l’impact que pourrait avoir un tel chantier sur l’attractivité de la seule station balnéaire de Monaco ». Tous sont ressortis rassurés par les normes drastiques de contrôle de la qualité des eaux, ou par les dispositifs innovants pour réduire les nuisances. Les commerçants saluent aussi la main tendue de Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie, pour qui « il était difficile de juger de manière précise l’impact commercial de ce chantier. Il pourrait y avoir une baisse de l’activité ou de la fréquentation. Le gouvernement, par le biais de l’Administration des domaines, est prêt à en parler ultérieurement et de “manière individuelle” ». À terme, la Principauté doit ajouter six hectares aux 202 actuels. Soit 3 % de superficie gagnés. De quoi mettre tout le monde d’accord.