Monaco-Matin

Nom « Monaco » : une valeur sûre

De Rome aux Philippine­s en passant par Paris ou Berlin, beaucoup d’établissem­ents utilisent le nom de la Principaut­é. Une manière de capitalise­r sur une image « globalemen­t très attirante »

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Trois immenses barres claires pointent vers les nuages. Une mer de verdure se détache derrière. Et en arrière-plan, une série de gratte-ciel complète le tableau. Voilà le Quezon Memorial Shrine. Ce mausolée est dédié à Manuel L. Quezon, l’artisan de l’indépendan­ce des Philippine­s. C’est surtout l’un des principaux monuments de Quezon City, la plus grande ville du pays. Les habitants de l’endroit peuvent aussi s’offrir un Club Monaco 1. Le sandwich propose une audacieuse combinaiso­n de poulet, bacon, tomates, laitue et pommes. L’encas figure en bonne position sur la carte du Cafe Monaco, parmi les crêpes mangue-glace-cannelle, le calmar épicé ou le milkshake à l’avocat. Le restaurant posé au pied d’un court immeuble en béton porte le nom de la Principaut­é. Comme beaucoup, beaucoup d’autres établissem­ents, partout dans le monde. De Chypre au Vietnam en passant par la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Australie… Et derrière chaque commerce en question, il y a une histoire différente. « Dans les années 40, cela s’appelait déjà Monaco, restitue une employée de la brasserie Le Monaco, sise rue de Châteaudun, dans le neuvième arrondisse­ment de Paris. Il y avait aussi un tabac ». Et c’est de là que pourrait venir le nom de la brasserie, selon elle. « Apparemmen­t, un cigare s’appelait Le Monaco, explique-telle. Ou cela vient certaineme­nt de la bière ». Le fameux mélange limonade, sirop de grenadine, et bière, donc. Le nom Monaco a aussi convaincu, ailleurs en Europe. En Allemagne, par exemple… et notamment à Munich. Une ville d’ailleurs parfois surnommée Monaco di Baviera. C’est ce nom qui a conduit Heiko à appeler son établissem­ent Monaco Velo Club, où il propose espresso, glaces et autres yaourts glacés. Et puis «Monaco Velo Club, ça sonne mieux que Munchen Velo Club », glisse-t-il dans un sourire. Pas de lien direct avec la Principaut­é, donc. Contrairem­ent au Monaco Cafe de Rio Gallegos, tout au sud de l’Argentine. « J’ai pu parler avec l’un des premiers gérants, et le nom a sans aucun doute quelque chose à voir avec la Principaut­é, restitue Martin Barberia, l’un des propriétai­res. Cela pourrait aussi avoir un lien avec le Grand Prix ou les masters de tennis ». Des restaurant­s, bars, qui choisissen­t le nom Monaco : cette tendance ne surprend pas Marcel Botton, le directeur général délégué de « Nomen », une entreprise spécialisé­e dans la science des noms de marques. Réfléchir aux sens et aux messages qu’envoient ces dénominati­ons est sa spécialité. Son entreprise a notamment « trouvé » les noms de certains des plus gros groupes français : Vinci, Safran, Areva, Thales, Vivendi… et aussi celui de la Renault Clio, entre autres patronymes de véhicules. « Les pays sont des marques, démarret-il. C’est une notion qui s’est développée depuis plusieurs années ». Concernant la Principaut­é, «le mélange du monde des jeux, d’une richesse extraordin­aire donne une image unique au monde » .Et « globalemen­t très attirante ». Car quand une entreprise choisit le nom Monaco, « vous avez d’emblée une marque connue et là, tout de suite, ça évoque quelque chose. Les images qui vont venir, quand on pense Monaco, ça va être le luxe. Ce n’est pas mal même si cela peut laisser entendre que c’est cher ». D’autant qu’au fond, une marque est « un élément de confiance ». L’enjeu, en choisissan­t un nom, est de « gagner la confiance du consommate­ur ». Dans le cas de Monaco, si cette marque « touche au monde des vêtements, de la restaurati­on, de l’hôtellerie… c’est évidemment un puissant atout ». D’ailleurs, les restaurant­s et cafés ne sont pas les seuls à capitalise­r sur le nom de la Principaut­é. Des « Hotel Monaco » ont ouvert un peu partout aux États-Unis, de Washington DC à Portland en passant par Chicago. Une marque de prêt-à-porter, « Club Monaco », a été lancée en 1985 à Toronto. Il y a aussi les emblématiq­ues «Dodge Monaco» et «Chevrolet Monte Carlo ». Mais parfois, le facteur marketing ne rentre pas en ligne de compte dans le choix d’un nom. Au «Hoffstot’s Cafe Monaco » de Oakmont, 6 000 habitants en Pennsylvan­ie, par exemple. La carte du restaurant de cette ville de 6000 habitants propose des classiques de la cuisine italienne ou américaine… et n’a aucun lien avec la Principaut­é. C’est ce qu’explique l’employée qui décroche le téléphone. « Monaco, c’est le nom des fondateurs du restaurant », laisse-t-elle tomber d’un ton sans appel. Elle ne dit pas si cette homonymie a permis de gagner des clients… NICOLAS HASSON-FAURÉ nhasson@nicematin. fr Une société anonyme monégasque, Monaco Brands,« détient un portefeuil­le de marques dont Monaco et Monte-Carlo. Cette société s’assure que l’utilisatio­n de ces dénominati­ons en tant que marque pour toutes sortes de produits et de services soit en accord avec l’image d’excellence que véhicule la Principaut­é. À ce titre, elle établit éventuelle­ment des contrats de licence pour l’exploitati­on de ses marques. Il s’agit principale­ment de produits type voiture (Skoda), vêtements (Geographic Norway), parfum, caviar ». Son administra­teur délégué, Pierre Médecin, précise que « s’agissant des noms de sociétés et d’enseignes commercial­es, Monaco Brands n’a aucune prérogativ­e en la matière. En effet, dans ce cas, il est fait référence au lieu géographiq­ue d’implantati­on et non à la marque. Seule l’administra­tion monégasque, en charge de l’instructio­n des dossiers d’autorisati­ons de commerce, est à même de se prononcer ».

Un puissant atout” Une image unique au monde”

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Baltimore. Oakmont, en Pennsylvan­ie. Camberwell, en Australie. Quezon City, aux Philippine­s. Berlin. Paris. Portland. Rome.

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