Prison ferme pour les gérants danois de la SARL JP Construction
Trois ans après la fermeture de la « SARL JP Construction», les deux dirigeants danois, John Olsen et Peer Pedersen, viennent d’être condamnés respectivement par le tribunal correctionnel à des peines d’un an et six mois de prison ferme pour banqueroute frauduleuse. La décision judiciaire est tombée un peu plus d’un mois après l’audience consacrée au dossier. Et malgré la demande de nullité de la procédure pour incompréhension linguistique au niveau de documents réclamée par Me Yann Lajoux pour son client J. Olsen. Dès 2001, la société s’installe au 20, boulevard PrincesseCharlotte, à Monte-Carlo, et emploie de nombreux salariés. Quelques années plus tard, la SARL commence à péricliter. En 2013, plusieurs clients déposent plaintes. Les contrats sont signés. Les acomptes versés. Mais les travaux ne sont jamais effectués. Le 6 février 2014, la cessation de paiement est constatée et une enquête est ouverte. Évidemment, les gérants sentaient les ennuis arriver. Ils avaient fui précipitamment de la Principauté…
, M€ détournés
« Au fil des investigations, note le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, les policiers découvrent l’importance des montants financiers détournés. Des sommes totalisant 800000 euros pour Olsen et 250000 euros pour Pedersen sont virées du compte de la SARL sur leurs avoirs personnels. Un syndic de faillite est désigné. Il s’aperçoit, entre autres, qu’une dizaine de véhicules utilitaires ont été immatriculés à Monaco. Où sont-ils passés ? À ce sujet, un des fourgons est retrouvé dans le département du Var avec des ouvriers polonais à bord ! Cela tendrait à supposer que les deux prévenus auraient poursuivi leurs activités en France… » Pour les parties civiles, Me Jean-Pierre Licari dénonce que « la plupart des virements ont été effectués avant la liquidation. Avec ce véritable phénomène de pompe aspirante vers un patrimoine privé des deux dirigeants, la société, sans actif, ne peut plus combler le passif. Il culmine à 923 000 euros. Condamnez les prévenus à rembourser… ». Me PierreAnne Noghès-Dumonceau, pour sa part, dénonce « la mise en place d’un schéma de Ponzi où les fonds versés par les clients se retrouvent sur une autre société… Les plaignants doivent être indemnisés ! » À l’audience, le premier substitut Olivier Zamphiroff regrette l’absence des fautifs. Puis, il rejette ce système « où tout est calculé pour s’emparer des biens d’une société». Il entend « moraliser et sanctionner la vie des affaires ». Il fustige «ces gérants danois qui disparaissent et dont un ne se présente pas à la barre parce qu’il craint une agression. Soyons sérieux! On fait de la cavalerie avec de l’argent qui n’appartient pas aux prévenus pour s’enrichir. Ces personnes encourent de cinq à dix ans de prison. » Étonnement, il sera requis quatre ans pour Olsen et deux ans pour Petersen… avec sursis ! Ce qui n’empêchera pas une réaction vigoureuse de Me Yan Lajoux. « La plupart des opérations ne peuvent être considérées comme faisant partie de l’infraction, insiste l’avocat-défenseur. Les dix véhicules retrouvés à Nice n’ont jamais été immatriculés. Les ouvriers polonais les auraient utilisés pour d’autres chantiers. Rejeter l’intégralité des demandes de la partie civile et prononcez la relaxe ! » Le tribunal se montrera toutefois plus sévère que le Parquet avec des peines de prison ferme !