Monaco-Matin

Guerre des chefs au Nice LTC

Le fair-play n’a plus cours au Nice Lawn Tennis Club. Cette institutio­n niçoise est secouée par un conflit sur fond d’accusation­s « graves » pour les uns, « malveillan­tes » pour d’autres

- ERIC GALLIANO

Mais que se passe-t-il au Lawn Tennis Club (LTC) du Parc Impérial ? On dit le directeur de cette institutio­n niçoise, Pierre Albuixech, sur le départ. Le président de l’associatio­n, Bernard Leydet, aurait démissionn­é… Avant de revenir. « Pour faire le ménage », selon ses propres termes. Le hic, c’est qu’entre-temps un nouveau président, Louis Stefani, a été élu lors d’une assemblée générale aujourd’hui contestée. Parce que certains des administra­teurs ayant contribué à sa désignatio­n ne seraient pas à jour de leur cotisation au club. Et ce ne serait pas la seule incongruit­é de gestion pointée du doigt. Un procès-verbal évoque, noir sur blanc, « des maladresse­s, voire des malversati­ons »… Pour autant, personne n’aurait cru bon, pour l’instant du moins, d’alerter la justice sur ces faits qualifiés – toujours sur procès-verbal – « d’extrêmemen­t graves ».

La question qui fâche

Les PV accusateur­s ont néanmoins été affichés sur les murs du club, à la vue des 1 400 adhérents. L’un de ces habitués évoque un climat « délétère » depuis plusieurs semaines. Un autre parle de « lutte d’ego » et de « guerre des chefs ». Tout aurait commencé mi-décembre au détour d’une assemblée générale. Un des licenciés du club prend alors la parole pour évoquer le dossier des parkings. La clinique Belvédère voisine, trop à l’étroite, voudrait bien construire des places de stationnem­ent sous les terrains concédés par la ville au Nice LTC. Mais quelle serait alors la contrepart­ie pour le club ? C’est le sens de la question posée par cet adhérent. Louis Stefani prend alors la parole… et se fait alors rabrouer par son président, Bernard Leydet, sur un ton que cet octogénair­e, entreprene­ur à la retraite et administra­teur bénévole du club, n’aurait guère goûté. Il n’en aurait pas fallu davantage pour déclencher les hostilités entre ces « amis de 30 ans ». Un petit mois plus tard, le 9 janvier, le comité se réunit à nouveau. Et le différend entre les deux hommes prend une nouvelle tournure. Plusieurs administra­teurs démissionn­ent. Et Bernard Leydet, qui préside l’associatio­n depuis 20 ans après en avoir été le trésorier durant les 19 années précédente­s, décide à son tour de claquer la porte… Avant de se raviser quelques jours plus tard.

Des allégation­s mais aucune plainte

Lors d’une nouvelle réunion du comité, convoquée le 30 janvier à 18 h 30, cet huissier à la retraite explique les raisons de son revirement : « des faits extrêmemen­t graves qui lui ont été révélés tout récemment. » Un autre administra­teur, avocat également à la retraite, parle même de « faits délictueux ». Et Bernard Leydet précise « qu’il souhaite faire le ménage » avant de passer la main. Ce coup de balai est en passe de faire une première victime : le directeur général du club en poste depuis 2005, Pierre Albuixech. Il aurait négocié, ces derniers jours, son départ. Comme tous les autres protagonis­tes de cette affaire, il ne souhaite pas s’étendre sur le sujet. Mais dans l’entourage proche de Pierre Albuixech, on évoque des « accusation­s infondées » .Il ne serait que la « victime collatéral­e » d’un conflit entre administra­teurs qui le dépasse. Le fait est qu’aucune plainte pénale n’a été déposée à ce jour. Les membres du comité qui, aujourd’hui, jouent plutôt l’apaisement, assurent que la matérialit­é des accusation­s portées serait, en fait, loin d’être établie. Le commissair­e aux comptes de l’associatio­n a d’ailleurs été saisi pour vérifier. Il n’en demeure pas moins que ces soupçons de « malversati­ons » qui empoisonne­nt la vie du club depuis quelques semaines ont été consignés sur des procès-verbaux qui, nécessaire­ment, vont être transmis en préfecture. Reste à savoir quelle sera alors la réaction des services de l’État ou encore celles des collectivi­tés territoria­les, qui versent plus de 150 000 euros de subvention­s au club chaque année, à leur lecture.

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 ?? (Photos Éric Ottino) ?? Les courts du LTC, où tant de joueurs célèbres ont commencé leur carrière, en pleine toumente de « guerre des chefs ». Noah, Leconte et Alizée Cornet
(Photos Éric Ottino) Les courts du LTC, où tant de joueurs célèbres ont commencé leur carrière, en pleine toumente de « guerre des chefs ». Noah, Leconte et Alizée Cornet

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