Elle traite un capitaine de police de «mécréant»
Un petit air de provocation flottait dans le prétoire. À la barre, une femme âgée de 37 ans, sans profession, voilée du hidjab. Cette résidente de Beausoleil comparaissait devant le tribunal correctionnel pour avoir outragé un capitaine de police en l’accusant d’être « un menteur, un mécréant ! Vous allez payer très cher ce que vous me faites ! ». D’emblée, son avocat demande la nullité. « C’est un procédé illégal. Il s’agit d’un enregistrement partiel effectué dans le cadre d’un appel téléphonique. Seul le juge d’instruction peut l’autoriser. Cette personne sort d’une longue période d’hospitalisation et je demande une expertise psychiatrique. » Toutefois, pour la formation collégiale rien ne porte atteinte à la procédure.
« Monaco appartient à Allah »
Retour au 18 octobre dernier. À la suite d’un incident survenu à La Poste le 30 septembre, où elle avait insulté une conseillère (voir Monaco-Matin du mercredi 15 mars), la dame est convoquée par téléphone à la Sûreté publique. « Pourquoi avez-vous menacé l’officier de la force publique ? » demande le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. «Je ne me souviens pas d’avoir menacé le Le ministère public a requis quinze jours de prison avec sursis. Décision du tribunal mardi prochain.
fonctionnaire par téléphone, assure la prévenue. Certes, j’étais énervée, mais j’ai seulement dit que c’était moi la victime… D’ailleurs, ces propos ont été exprimés face à
face, pas derrière un combiné!» Le magistrat poursuit : « Et vous avez rajouté : “Monaco appartient à Allah ! Vous allez le payer cher ! C’est l’Islam qui va s’occuper de ça”. » Réponse : «Oui, je l’ai dit. Au vu de mes convictions, ce ne sont pas des menaces ! C’est un fait. J’ai eu des problèmes depuis 2001 à la suite d’un choc psychologique. J’ai encore trop de séquelles. Je suis épuisée… » Pas de quoi sonner l’hallali ni excuser les propos outrageants proférés. Le procureur Cyrielle Colle évoque le possible « état de démence. En novembre 2015, cette femme, mise en cause dans une affaire identique, a été internée à l’hôpital Sainte-Marie. Mais rien ne justifie les termes employés. Même si, quelques jours plus tard, cette dame rappelle l’OPJ pour s’excuser, une peine d’emprisonnement de quinze jours assortis du sursis est adaptée. »
« On cherche la petite bête sous ce voile »
En défense, Me Arnaud Cheynut reparle de l’enregistrement. « On ignore le contenu précédent. On pousse à bout ma cliente qui est fragilisée par un traitement. Certes, il y a des mots malheureux ! Pourquoi l’interroger sur des attentats qui viennent d’endeuiller la France ? On cherche la petite bête sous ce voile pour en arriver à une conclusion qui ne fait aucun doute sur sa non-radicalisation. C’est une machination, et ses mots ont dépassé sa pensée. » L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au mardi 28 mars. Tout comme celle des insultes à la conseillère de La Poste de Monaco…