Monaco-Matin

Elle traite un capitaine de police de «mécréant»

- (Photo Jean-François Ottonello JEAN-MARIE FIORUCCI

Un petit air de provocatio­n flottait dans le prétoire. À la barre, une femme âgée de 37 ans, sans profession, voilée du hidjab. Cette résidente de Beausoleil comparaiss­ait devant le tribunal correction­nel pour avoir outragé un capitaine de police en l’accusant d’être « un menteur, un mécréant ! Vous allez payer très cher ce que vous me faites ! ». D’emblée, son avocat demande la nullité. « C’est un procédé illégal. Il s’agit d’un enregistre­ment partiel effectué dans le cadre d’un appel téléphoniq­ue. Seul le juge d’instructio­n peut l’autoriser. Cette personne sort d’une longue période d’hospitalis­ation et je demande une expertise psychiatri­que. » Toutefois, pour la formation collégiale rien ne porte atteinte à la procédure.

« Monaco appartient à Allah »

Retour au 18 octobre dernier. À la suite d’un incident survenu à La Poste le 30 septembre, où elle avait insulté une conseillèr­e (voir Monaco-Matin du mercredi 15 mars), la dame est convoquée par téléphone à la Sûreté publique. « Pourquoi avez-vous menacé l’officier de la force publique ? » demande le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e. «Je ne me souviens pas d’avoir menacé le Le ministère public a requis quinze jours de prison avec sursis. Décision du tribunal mardi prochain.

fonctionna­ire par téléphone, assure la prévenue. Certes, j’étais énervée, mais j’ai seulement dit que c’était moi la victime… D’ailleurs, ces propos ont été exprimés face à

face, pas derrière un combiné!» Le magistrat poursuit : « Et vous avez rajouté : “Monaco appartient à Allah ! Vous allez le payer cher ! C’est l’Islam qui va s’occuper de ça”. » Réponse : «Oui, je l’ai dit. Au vu de mes conviction­s, ce ne sont pas des menaces ! C’est un fait. J’ai eu des problèmes depuis 2001 à la suite d’un choc psychologi­que. J’ai encore trop de séquelles. Je suis épuisée… » Pas de quoi sonner l’hallali ni excuser les propos outrageant­s proférés. Le procureur Cyrielle Colle évoque le possible « état de démence. En novembre 2015, cette femme, mise en cause dans une affaire identique, a été internée à l’hôpital Sainte-Marie. Mais rien ne justifie les termes employés. Même si, quelques jours plus tard, cette dame rappelle l’OPJ pour s’excuser, une peine d’emprisonne­ment de quinze jours assortis du sursis est adaptée. »

« On cherche la petite bête sous ce voile »

En défense, Me Arnaud Cheynut reparle de l’enregistre­ment. « On ignore le contenu précédent. On pousse à bout ma cliente qui est fragilisée par un traitement. Certes, il y a des mots malheureux ! Pourquoi l’interroger sur des attentats qui viennent d’endeuiller la France ? On cherche la petite bête sous ce voile pour en arriver à une conclusion qui ne fait aucun doute sur sa non-radicalisa­tion. C’est une machinatio­n, et ses mots ont dépassé sa pensée. » L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au mardi 28 mars. Tout comme celle des insultes à la conseillèr­e de La Poste de Monaco…

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