Sezionale : « Je suis assez serein »
Gilles Sezionale est bien décidé à prendre du galon. Le pharmacien niçois de ans est en campagne depuis des mois pour prendre la tête de la Fédération française de natation (-). A la lutte avec le président sortant, Francis Luyce, en poste depuis ans et six mandats, le président de la Ligue PACA entend incarner le renouveau. L’ère du changement pourrait s’ouvrir dimanche, jour de l’élection à Paris. L’actuel viceprésident délégué de la Fédération livre sa vision pour relancer la natation tricolore, en perte de vitesse ces dernières années.
Gilles, dans quel état d’esprit êtes-vous à deux jours de l’élection ? Je suis assez serein. J’ai développé un projet avec le soutien des régions Grand Est, Occitanie et Ile-deFrance. On a présenté notre programme et il a été bien accueilli. J’ai le soutien de la Bretagne, du Val de Loire, de la Nouvelle Aquitaine et de la Corse. Sur le papier, en théorie, je ne suis donc pas très inquiet. Ils sont coupés de la gouvernance et ils doivent être à nouveau convaincus d’appartenir à une Fédération qui oeuvre pour eux. Des promesses n’ont pas été tenues. Le lien avec les clubs est dissous. Ce ne sont plus de grands électeurs ( issus des comités) qui doivent élire le président mais les clubs.
Vous souhaitez limiter la présidence à deux mandats et créer un conseil de surveillance… Il faut de l’alternance. Un dernier audit du ministère des Sports pointait d’ailleurs ce dysfonctionnement. A la FFN, il y a aujourd’hui une prime au sortant. Si ce sont clubs qui votent, il sera plus difficile de les contrôler que si ce sont quelques personnes. Ensuite, je pense qu’un conseil de surveillance d’une vingtaine de personnes sera intéressant. Alain Bernard le dirigera avec Hélène Ricardo (ex-champion olympique et nageuse de l’équipe de France). On a besoin que d’anciens athlètes apportent leur expérience et disent si nos actions sont bonnes ou pas.
« Luyce a quasiment fait un copier-coller de mon programme »
Vous militez pour des centres d’entraînement fédéraux dans chaque Ligue, là où Luyce entend inscrire le haut niveau à l’INSEP et au Centre national d’entraînement en altitude de Font-Romeu… Avec moi, l’INSEP et FontRomeu continueront de fonctionner et d’être soutenus, tout comme les sept pôles France. Parallèlement, ce que l’on souhaite, c’est construire des centres de formation de proximité, complémentaires de ces grands pôles. A Nice, c’est ce qu’on a réalisé au côté de la Ville avec le bassin de la plaine du Var. On doit permettre à des Ligues ou à des clubs d’avoir des moyens pour développer la formation des entraîneurs ou la détection de jeunes nageurs dans le but d’enrichir ensuite l’équipe de France. Une équipe de France qui va s’entraîner à l’INSEP, à Font-Romeu ou dans d’autres pôles. Avec la création de ces centres, Ligues et clubs pourront gérer leur propre établissement. Ce sera différent de ce que vivent certains clubs aujourd’hui, tributaires des lignes d’eau données dans des piscines gérées par des délégations de service public. Ces DSP veulent rentabiliser leur gestion et mettent les clubs dehors. Construire un centre, c’est deux millions d’euros et ça peut être fait rapidement. En trois ans de mandat, j’espère réaliser une piscine par an.
L’enjeu d’avenir c’est aussi de dessiner un nouveau modèle économique… Pour un club, il devient très compliqué de vivre uniquement grâce aux subventions des collectivités. Il faut transformer notre modèle. Comme c’est déjà le cas pour Mulhouse ou Marseille, les clubs doivent devenir propriétaires de leur bassin. La Fédération a un budget de millions d’euros et il en faudrait pour bien vivre. Il faut aller chercher de l’argent. On a aujourd’hui un manque de ressources. Notre budget marketing est trop faible. On n’a pas de grands partenaires à part EDF.
D’où vient la rupture avec Luyce, dont vous êtes l’un des vice-présidents ? Je respecte Francis mais je pense qu’il n’est plus la bonne personne au bon endroit. Il n’a jamais imaginé un programme et a fait quasiment un copier-coller du mien. Les quatre dernières années, il n’a pas respecté ses engagements. Le principal clash entre nous vient de la démission de Lionel Horter de son poste de directeur technique national (en , ndlr), Francis a nommé Jacques Favre. Il n’a pas organisé un vote pour nommer le successeur de Horter et a coupé les ponts avec ses trois vice-présidents.