Monaco-Matin

Estrosi-Macron : une rencontre qui fait des vagues

Sifflé lors du meeting de Fillon la veille à Toulon, le président de Région a reçu le candidat hier matin à Marseille. Une simple «visite républicai­ne» que certains militants et élus LR digèrent mal

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Après sa rencontre hier matin avec Emmanuel Macron à Marseille, Christian Estrosi est-il toujours derrière Fillon… à 100 % ? Certains militants et élus républicai­ns s’interrogen­t. Et le mot est faible. Si la question paraît simple, la réponse, elle, semble moins évidente. Le président de Région se lance quand même, avec, encore en travers de la gorge, les sifflets en sa direction lors du meeting du candidat LR à Toulon, vendredi soir. «J’ai accordé mon parrainage à François Fillon. Je ne lui retire pas mon soutien ». Ça, c’est dit.

« Fillon aurait dû être plus rassembleu­r »

Mais… parce qu’il y a un « mais », «Je lui dis très fermement, qu’à Toulon, les militants qui dans une immense majorité m’accordaien­t leurs applaudiss­ements, n’ont pas compris l’attitude excessive de certains autres. Fillon aurait eu beaucoup de dignité de dire quelque chose. Il aurait dû apparaître un peu plus rassembleu­r. Avoir des mots qui unissent, plutôt que de laisser le sentiment, qu’au fond, les salles qui viennent le soutenir sont des salles qui divisent. » Se pourrait-il, aussi, que ces sifflement­s aient été téléguidés ? Celui qui avait demandé, il y a quelque temps, à Fillon de renoncer à sa candidatur­e, en est persuadé : «Le mot n’est pas trop fort. Je pense que tout cela était parfaiteme­nt orchestré par certains qui n’ont pas pour conviction l’intérêt général.

Mais qui, plutôt que de jouer la victoire de Fillon, cherchent à générer des divisions en pensant à leurs petites ambitions futures ».

« Estime réciproque »

Quant à la rencontre avec le leader d’« En marche ! » Il n’y a pas d’ambiguïté, jure Christian Estrosi. « C’était à sa demande et c’était une rencontre républicai­ne ». Un tête-à-tête qui s’est tenu, hier matin, à l’hôtel de Région quelques heures seulement avant le meeting d’Emmanuel Macron à Marseille. « C’est un homme avec lequel j’entretiens des relations d’estime réciproque. C’est, sans doute, le membre

du gouverneme­nt avec lequel j’ai entretenu des relations les plus constructi­ves, qui touchaient tant à la ville de Nice qu’à la Région ». Et Estrosi de citer, par exemple, le soutien de Macron dans le dossier de l’aéroport Nice-Côte d’Azur. « Nous avons travaillé ensemble pour l’intérêt général », martèle l’ancien maire de Nice.

Pan sur Cazeneuve !

Pas comme avec d’autres, persifle-t-il. Notamment au sujet de l’attentat du 14 juillet. « Comme Cazeneuve, par exemple, qui s’est conduit d’une manière honteuse puisque l’on sait maintenant qu’il a menti et triché sur le dispositif. »

Macron-Estrosi : une (simple) rencontre entre deux hommes qui s’apprécient. Une rencontre « républicai­ne ». Voilà pour l’explicatio­n officielle. Mais une rencontre qui a jeté, tout de même, le trouble dans le camp des filloniste­s. D’autant qu’au même moment, à Nice, Eric Ciotti tenait une réunion de soutien à son candidat. Quelques dents ont grincé. Pour autant, Christian Estrosi persiste : « Personne n’aurait compris parmi tous les démocrates et les Républicai­ns que je le lui refuse, de manière sectaire. Conforméme­nt à mon état d’esprit lorsqu’il s’agit d’intérêt général, je souhaite toujours dépasser les clivages politiques. Donc, j’ai accordé ce geste républicai­n. » Et à ceux qui pourraient couiner quand même, il rétorque : « Il y a des militants qui, par leur attitude, dénaturent l’esprit de notre formation politique. Je pense à Sens commun. Ceux sont eux qui dénaturent l’esprit de ce que nous sommes, nous les Républicai­ns. » Il conclut : « Je pense qu’il y aurait plus de troubles à ce que je refuse de recevoir Macron plutôt que de démontrer que nous sommes, lui et moi, des hommes de dialogue. »

« M. Estrosi devrait faire attention à ce qu’il dit »

Dans les rangs macroniste­s, le député PS des Alpes-de-Haute-Provence Christophe Castaner s’est, lui, inscrit en faux. « Il n’est pas question de rapprochem­ent », a-t-il assuré, interrogé par BFM TV à l’issue du meeting de Macron. Le député, qui conduisait la liste socialiste aux régionales de 2015, est revenu sur les conditions de l’élection de Christian Estrosi à la Région. « J’ai retiré ma liste entre les deux tours pour que la Région ne soit pas présidée par le FN. J’ai su être plus républicai­n que certains Républicai­ns. En recevant Macron ce matin, Estrosi a été républicai­n. Cette rencontre ne vaut pas accord politique. Cela ne gomme pas les divergence­s politiques qui existent entre eux. » Fillon, de son côté, a préféré en rire. En visite en Corse, il a, laconiquem­ent, glissé : « M. Estrosi devrait faire attention à ce qu’il dit. »

 ?? (Photo PQR/La Provence/Thierry Garro) ?? La rencontre Estrosi-Macron : une manoeuvre pour le candidat d’« En marche ! » pour séduire à droite ?
(Photo PQR/La Provence/Thierry Garro) La rencontre Estrosi-Macron : une manoeuvre pour le candidat d’« En marche ! » pour séduire à droite ?

Newspapers in French

Newspapers from Monaco